110. J'l'aime plus que tout..

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ELLA LOMBARD

20 Septembre 2016

-Maman va où ? Me demande Taïm à l'arrière de la voiture qui observe les immeubles défiler sous ses yeux.

Et moi je sais pas comment je dois réagir. Je ressens trop d'émotions, y'en a vraiment trop d'un seul coup. Entre le fait qu'il m'appelle maintenant "Maman" tout comme il appelle Hakim "Papa" depuis qu'il sait plus ou moins bien parler. Dans quelques mois il aura déjà trois ans, mais ce n'est même pas ça mon problème premier. Parce qu'il a beau grandir très vite, mais une chose est sûre Taïm n'est absolument pas bête. Et sa question il sait très bien pourquoi il la pose, car une fois que j'aurais ouvert ma bouche pour lui répondre. Il va fondre en larmes en hurlant, il sait que je suis faible et que je déteste quand il pleure, et il en joue. Il en profite car son père n'est pas là, car aucun son ne serait sorti de sa bouche autrement.

-Taïm, tu sais très bien où on va mon chat. Lui dis-je en plantant mon regard dans le sien dans le rétroviseur intérieur.

Et ça ne rate pas. Il suffit simplement que je stoppe la voiture à quelques mètres de l'école maternelle pour qu'il se mette à pleurer. C'est le même schéma, du moins quand je suis seule, car quand Hakim est là, il ne dit rien et il se tient à carreaux. Mais moi, je ne suis pas Hakim et Haïtem l'a bien compris puisqu'il pleure dès qu'il n'est pas là. Les première fois, j'ai rapidement baissé les bras. Je pensais qu'il se passait quelque chose à l'école et que c'était pour ça qu'il refusait d'y aller, qu'il hurlait quand je stoppais la voiture. C'est arrivé trois fois. Étrangement à partir du moment où j'ai demandé à Hakim de nous accompagner, il n'a pas pleuré, il n'a pas hurlé.

Il nous a simplement fait un câlin interminable, jusqu'à ce que la maîtresse soit obligée de venir le chercher devant le portail. Et le pire, c'est qu'il l'a suivie, sans rien dire. Et en plus, je sais que tout se passe bien à l'école, j'en ai parlé à la maîtresse qui m'a confirmé que c'était quelque chose d'habituel chez les plus jeunes. Elle m'a rassurée à chaque fois que je venais le récupérer le midi, et du coup Hakim nous accompagnait tous les matins, et jusqu'à présent tout se passait bien. Mais Hakim est parti très tôt ce matin au studio, il devait régler certaines choses avec Ken et le reste des gars. Il a donc passé la nuit chez lui avec Idriss et ils sont partis ensemble ce matin, me laissant gérer Taïm pour la première fois depuis une dizaine de jours. Et j'avoue que je commence doucement à redouter les prochaines minutes. En ce moment je suis assez fatiguée et plutôt faible, et ça aussi Haïtem l'a bien compris.

-Haïtem. Dis-je durement pour ne pas craquer. Ça n'sert à rien, tu vas y aller dans tous les cas.

J'ouvrais la portière avant de sortir de la voiture, j'ouvrais ensuite la portière de Taïm qui commençait à vraiment hurler fort. Je le détachais et rapidement il faisait savoir son mécontentement en donnant des coups de pieds dans le siège devant lui.

-Non mais là c'est n'importe quoi. Soufflais-je à moi-même. Haïtem arrête ça tout de suite, sinon j'appelle Papa.

Ça n'a pas l'effet que j'espérais, mais il arrête dans un premier temps de donner des coups de pieds dans tous les sens. Avec difficultés j'arrive à le prendre dans mes bras et à refermer sa portière.

-Haïtem, regarde-moi s'il te plaît. Lui demandais-je en le posant au sol face à moi.

Je reste de longues secondes accroupie devant lui avant qu'il ne relève la tête vers moi.

-Pourquoi tu pleures ? L'interrogeais-je. C'est quoi le soucis ? Tu pleures jamais quand Papa est là. Ajoutais-je. C'est parce qu'il n'est pas là ?

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant