107. J't'aime autant que je te déteste..

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HAKIM AKROUR

18 Août 2016

Si on avait dû déterminer la cause de ma mort, on aurait dit que j'étais tombé. Parce qu'il est clair que quand je l'ai aperçue débarquer dans le salon, l'air innocent sur le visage. J'suis tombé, comme une merde, mais effectivement j'ai fait une chute de dix mille étages. Mais surtout, j'suis tombé encore plus amoureux qu'avant. Et quand son regard a croisé le mien, j'serais pas expliquer ce qu'il c'est passé, mais il c'est passé un putain de truc. Mais le premier truc qui m'est v'nu à l'esprit en la voyant c'est : b o r d e l d e m e r d e.

En temps normal j'aurais directement réagi. Sauf que c'qu'il se passe en c'moment c'est tout sauf "normal". J'ai l'impression de redécouvrir la femme que j'aime, et pas dans le mauvais sens du terme. Mais en la voyant, j'ai pas eu envie de grogner comme j'aurais très bien pu le faire. J'lui ai pas fait de compliments non plus —mais pour ça, faut pas qu'elle s'inquiète— elle en aura. Mais pas ici, pas d'vant zer2 et Andrew. Y a des que-tru qu'ils ont pas b'soin de savoir et d'entendre, et c'que j'compte dire à Ella ça en fait parti. Ça n'les regardent pas.

-Tu comptes ouvrir la bouche ? Se moque-t-elle une fois que nous sommes en bas de l'immeuble.

Et cette fois-ci je ne retiens pas le grognement qui sort de ma bouche.

-T'es trop belle. Lâchais-je du tac au tac. Vraiment trop belle. Répétais-je.

Je n'entends plus le bruit de ses talons claquer contre le bitume me faisant relever la tête. Un peu plus loin derrière moi elle se tient, un grand sourire aux lèvres. Quand elle me voit me retourner les sourcils froncés, elle trottine avant de venir entourer son bras du mien.

-Pour une fois j'suis grave d'accord. Me dit-elle toujours en souriant. Andrew a trop gérée. Ajoute-t-elle.

Toujours les sourcils froncés, je tire sur mon bras pour que l'on se sépare. À son tour ses sourcils se froncent, et on s'regarde pendant quelques secondes sans rien dire.

-T'as toujours rien pigé. Grognais-je en passant ma main dans mon bouc. T'es pas belle juste "pour une fois". L'imitais-je. Va falloir que tu rentres dans ton gros crâne que t'es grave belle tous les jours.

J'espère sincèrement que ses oreilles sont grandes ouvertes et qu'elle écoute attentivement c'que j'suis en train d'lui dire. Car même si c'est des trucs qu'on est censé dire grave souvent, faut pas qu'elle s'attende à c'que j'le dise tous les jours. Une fois de temps en temps, c'est bien aussi. En piqûre de rappel, comme ce soir.

-Toi aussi t'es beau gattino, trop beau même. Me lance-t-elle avant de monter du côté passager de sa voiture.

Et sans qu'elle le sache j'viens encore une fois de tomber. Mais va falloir qu'elle arrête de lâcher ce genre de dinguerie sans prévenir. Parce qu'en plus de tomber encore amoureux, j'ai surtout envie d'lui faire des boussah à chaque fois. Et y a un truc dans ma cage thoracique qui va pas tarder à exploser si ça continue, car j'vais pas tenir longtemps autrement. C'est avec un sourire en coin que je m'installe derrière le volant, c'est pas tout, mais nous sommes attendu.

-On va où ? Me demande-t-elle.

J'ai même pas encore eu le temps de démarrer le moteur. Qu'elle s'attache bien car elle n'a pas fini d'attendre.

-Manger. Lui dis-je simplement.

-Bah ça tombe bien parce que j'ai faim ! Mais par contre tu me dis toujours pas où.. Boude-t-elle.

-Boude, boude fort même. Lui dis-je avec un sourire en coin. J'te dirais ap, tu verras, c'est une surprise.

Sur le siège passager à ma droite, je la vois du coin de l'œil croiser ses bras sur sa poitrine. Sa lèvre inférieure retroussée de la même façon que Taïm. Quand elle remarque que je l'observe, elle tourne directement sa tête vers la fenêtre m'empêchant de voir son visage. Elle sait que j'aime pas ça, elle le sait et elle en joue. Mais dommage pour elle, car je n'compte toujours pas lui dire où nous allons. Si elle n'avait pas boudé, peut-être que j'aurais pu lui dire que nous allions vraiment pas loin. Puisqu'au bout d'une vingtaine de minutes je me gare dans un parking souterrain de Paris centre.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant