24. Trente secondes..

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ELLA LOMBARD

Février 2011

Plus le temps passait, plus je commençais à croire qu'on cherchait à m'éviter. Même si ce n'était sans doutes pas le cas c'est comme ça que je le ressentais, ça faisait un mois, peut-être même un peu plus. Un mois que je vivais en me demandant comment ils allaient, comment allait Sofia, je m'imaginais ce qu'ils pouvaient bien faire, et si comme moi, leurs pensées étaient -même légèrement- tournée vers moi. Un mois ce n'est certainement rien pour certains, mais un mois ça reste malgré tout long. Je fais comme si tout allait bien, parce que je n'ai pas le choix que de garder la tête haute, pour ma famille, pour le garage, et pour tout ce que ça comprends dans le lot. J'en viens même à me demander si je n'ai pas fais quelque chose de travers, quelque chose qui aurait pu faire qu'ils ne veuillent plus m'adresser la parole. J'ai revue plusieurs fois Ken et Mickaël, j'ai aussi revue Théo et j'ai pu faire la rencontre de son amie, Andréa. Je ne les connaissais pas plus que ça au départ, car j'avais l'habitude de passer le plus clair de mon temps avec Hakim et Idriss. Et c'est justement en passant du temps avec d'autres personnes qu'eux, que je me suis rendue compte que j'étais quasiment devenue dépendante d'eux. Je passais mes journées avec eux, je mangeais avec eux, je rentrais chez moi avec eux, je faisais des soirées qu'avec eux. Tout ce que je m'étais promise de ne pas faire dans mon passé était en train de se réaliser dans mon présent. Car il n'y avait pas d'autres mots, j'étais clairement dépendante d'eux, même mon humeur et mon comportement dépendaient d'eux.

Quant ils n'étaient pas là j'étais seule, je restais seule et j'ignorais le reste du monde qui m'entourais. Je m'étais fermée du monde extérieur pour vivre clairement pour eux, je m'étais attachée -et clairement trop- à eux. Chaque choses que je disais, que je faisais, tournaient autour d'eux. J'étais devenue dépendante comme une putain d'addict à de la drogue. Et ça m'énervais d'être ainsi, parce que pendant que je me faisais un sang d'encre pour eux, que je me bouffais les sangs à savoir ce qu'ils pouvaient bien vivre et ressentir. Eux n'en avaient rien à foutre, ils me ghostaient clairement depuis ce triste soir de Décembre. C'était dur au début, mais ils avaient besoin de temps et je le comprenais totalement. Mais nous étions en Février, et ça allait d'ailleurs bientôt être l'anniversaire d'Idriss, malheureusement je ne voyais pas bien l'intérêt de faire quelque chose puisqu'il ne donnait aucuns signes de vie. Je ne demandais rien, juste des nouvelles, mais apparemment même ça, c'était devenu quelque chose de compliqué, et même si ce n'était sûrement pas légitime, une part de moi leur en voulais intérieurement. Je n'aimais pas du tout me vanter de quelque chose, mais j'estime sincèrement ne pas mériter ça, surtout que j'ai toujours été là, pour l'un autant que pour l'autre, et ça me blessais de savoir qu'au final je ne comptais peut-être pas autant que je l'imaginais.

-Ella cariña, tu es sûre que ça va ?

Je secouais frénétiquement ma tête pour chasser tout ce que j'avais dans cette dernière. Je me reconnectais à la Terre ferme, Andréa était en train de fermer la porte du magasin, d'un signe de tête je la remerciais. Depuis que Théo l'avait ramené à une soirée avec les garçons, on passait le plus clair de notre temps ensemble. C'était une jeune femme super sympa, elle travaillait dans un magasin de cosmétique et ça lui correspondait totalement. Son teint était légèrement hâlé, comme moi ses cheveux étaient très frisés sa seule différence était la couleur, elle les avait bruns très foncé. Elle était toujours très bien apprêtée, une légère couche de gloss recouvrait ses lèvres pulpeuses, tout mon inverse. Mes mains étaient la plupart du temps sales, je ne prenais pas plus que ça soin de moi, et surtout je travaillais dans la mécanique. Mais malgré ça, nos différences nous avaient tout de suite rapprochées, elle était toujours très souriante et même si elle avait un côté timide elle savait être franche avec les gens, tout en restant polie. Elle avait connue Théo il y a deux ans en arrière, ils avaient été de simples amis au début puis meilleurs amis, pour finalement se mettre ensemble l'année dernière. Je ne connaissais pas bien son copain, mais d'après ce que j'avais pu voir les rares fois où il venait en sa compagnie, ils se complétaient l'un et l'autre, autrement dit ils c'étaient bien trouvés. C'étaient deux personnes posées qui ne se prenaient que rarement la tête, et je pense que c'est également pour ça que ça fonctionnait entre eux. Je tournais finalement la tête vers la brune tentant d'afficher un fin sourire sur mes lèvres.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant