26. Chez nous on est pas très sentimental..

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ELLA LOMBARD

Février 2011

-T'es sûre de pas vouloir rester ? Demandais-je à Andréa qui baillait à s'en décrocher la mâchoire.

-C'est gentil cariña, mais Théo m'attend, mais promis je repasse demain après le travail ok ?

Je hoche la tête, on se sourit mutuellement avant qu'elle ne redémarre le moteur de sa voiture pour rentrer chez elle. Je remonte jusqu'à l'appartement où je retrouve Hakim et Idriss assis dans le canapé. Je les détaille discrètement, Hakim est installé confortablement les bras croisés sur son torse, quant à Idriss il est assis simplement les coudes sur les genoux et la tête dans les mains.

-J'vais vous préparer la chambre d'amis, j'arrive.

Tandis que grincheux hoche la tête, son frère la relève avant de se lever et de me suivre. Je ne cherche même pas à l'en empêcher, de toute façon je sais que l'on va devoir avoir une conversation à un moment donné et l'éviter ne nous ferait pas avancer. J'ouvre délicatement la porte de la chambre avant d'appuyer sur l'interrupteur, la faible lumière jaune éclaire la pièce. Silencieusement je tire le tiroir vers moi pour prendre des draps propres, la couette et des oreillers.

-Tu m'aides ? Lui demandais-je en le regardant du coin de l'œil.

Il hoche simplement la tête avant de poser le drap sur le matelas, je secouais la housse de couette avant de l'étaler sur le lit, je saisissais le haut droit de la couette avant de la faire pénétrer dans la housse. Idriss fit de même du côté gauche, on reposait ensuite le tout sur le lit avant de fermer les boutons au bas de la housse pour ne pas que la couette s'enlève. On prit chacun un oreiller et une taie puis on les insérait à l'intérieur, je posais finalement l'oreiller sur le côté droit du lit avant de m'allonger en frac sur le matelas. Ce dernier s'affaissait à mes côtés et je lançais un rapide coup d'œil avant de voir mon ami s'allonger près de moi.

-On devrait parler tu penses pas ? Me demande-t-il après plusieurs secondes de blanc.

-Je t'écoute. Lui dis-je simplement.

Je tournais ma tête vers lui, collant mes jambes contre mon buste, j'entourais mes genoux de mes bras attendant qu'il lance la conversation. Son regard se plantait dans le mien, pour une fois il ne portait pas de casquette alors ça me permettait de le voir entièrement. Il soufflait discrètement avant de passer ses bras derrière sa tête et de croiser ses jambes entre elles.

-Je suis désolé. Me dit-il finalement.

Mes pieds commençaient à s'agiter doucement puis de plus en plus rapidement. Je mordillais l'intérieur de mes joues sachant pertinemment que je ne pourrais pas éviter cette conversation, que je devrais l'écouter jusqu'au bout et lui dire tout ce que je pense. Et en y réfléchissant bien, je ne sais pas si j'avais réellement craché toute ma haine à Hakim tout à l'heure. Car quand j'étais triste et blessée, j'avais tendance à dire tout ce qu'il me passait par la tête, sans réfléchir si la personne en face pouvait être blessée ou non.

-T'es désolé pour quoi exactement Idriss ? Lui demandais-je. Parce que c'est bien beau d'être désolé, mais si tu sais pas pour quoi c'est pas la peine de t'excuser, j'veux des excuses sincères. J'veux pas d'un pardon parce que tu sais qu't'as merdé, ça s'rait même pas crédible..

Quand je relevais les yeux vers lui, son regard était fixé sur le plafond. J'aurais espéré intérieurement qu'il me dise pourquoi il était désolé, mais comme on dit l'espoir fait vivre, j'aurais pu y croire quelques secondes de plus c'était déjà ça.

FAUT PAS QUE T'OUBLIES | MEKRAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant