partie 102

129 12 4
                                    

Suite****

Ngoné Thiam

Au cœur de la vie, entre haine et solitude, moi, Ngoné Thiam, j'ai triomphé. J'ai réussi à faire l'impossible : séparer Alioune Badara Ndao de ma sœur. J'ai combattu pour mon amour avec détermination et ruse. Après tous ces efforts, je pensais que j'allais enfin obtenir la vie que je méritais. Que mon amour reconnaîtrait ma valeur et me donnerait une place dans son cœur. Mais c'est tout le contraire qui s'est produit. Alioune Badara Ndao n'a jamais prêté attention à moi, même après lui avoir donné une fille. J'ai vécu dans l'ombre de Sokhna Assiatou Thiam, ma sœur. Pour elle, il n'a pas hésité à tourner le dos à toute sa famille. Pendant des années, je l'ai attendu, espérant que mon dévouement et ma patience seraient récompensés. Mais rien n'a changé.

Quand j'ai appris qu'il allait rentrer à la maison, je croyais que mon attente et mes efforts allaient enfin porter leurs fruits. J'étais persuadée que mes souffrances prendraient fin. Mais j'avais tort. Après avoir passé une nuit à l'attendre sans le moindre signe, j'ai décidé de me rendre chez sa mère pour comprendre ce qui se passait. Ce que j'y ai découvert m'a bouleversée. La réalité m'a frappée de plein fouet : malgré tous mes efforts, Assiatou continuerait à voler ce qui m'appartient. Même en tant qu'épouse, je n'étais que la dernière roue du carrosse.

En le voyant avec elle, en le voyant l'attraper par le bras, une vague de colère m'a envahie. Ma haine pour Assiatou s'est intensifiée. Que feriez-vous si vous étiez à ma place ? J'ai confronté Assiatou avec toute la rancœur que j'avais accumulée. Quand elle est partie, c'était au tour d'Alioune Badara Ndao.

— Attends, Assye ! cria-t-il en essayant de la retenir.

Il avait le toupet de la poursuivre en ma présence.

— Ça suffit, Alioune ! criai-je, espérant attirer son attention.

— Ngoné, il faut que je lui parle, réplique a-t-il, visiblement déterminé.

— La seule personne avec qui tu dois parler, c'est moi, ta femme ! Tu viens avec moi, Alioune.

Je l'attrapais par le bras, le forçant à me suivre jusqu'à l'intérieur de la maison. Une fois à l'intérieur, je déployais toutes mes forces pour le pousser à terre.

— Espèce de salaud, comment as-tu pu me faire ça ? Comment oses-tu te moquer de moi ainsi, Alioune ?

Je ne cessais pas de le frapper, déversant sur lui toute ma rage. Mes cris alertèrent ma belle-mère et sa sœur, qui se précipitèrent vers nous.

— Que se passe-t-il dans cette maison ? demanda sa mère, presque en courant pour se mettre entre nous. « Ngoné, arrête de frapper mon fils ! »

— Cette femme est devenue folle, rétorqua tante Khadija.

— Oui, je suis devenue folle, et c'est à cause de vous tous, à cause de votre imbécile de fils que je suis devenue folle ! Vous êtes tous coupables !

En hurlant ces mots, je me déchaînais à nouveau sur Alioune comme une bête enragée. Cette fois, il me saisit fermement par le bras et me propulse au sol.

— Ça suffit maintenant, Ngoné. Arrête ce mélodrame immédiatement.

— Non, je ne vais pas m'arrêter ! Je ne te laisserai pas t'en sortir comme ça. Qu'est-ce que je n'ai pas fait pour toi ? Qu'est-ce que je n'ai pas enduré pour toi et pour ta famille ? D'abord, tu m'as laissée ici, moi et ta fille. Tu es parti pendant quatre ans. Pendant ce temps, moi, je souffrais désespérément de ton absence et de ton indifférence. Tu ne pensais jamais à moi. Tu étais censé revenir hier soir. Je t'ai attendu toute la nuit, mais tu n'es jamais venu. C'est comme si tu n'avais pas de famille. Et voilà maintenant, je te découvre en compagnie de cette femme, celle qui n'a jamais cessé de se mettre entre nous. Qu'est-ce que tu faisais avec elle ce matin si tôt ?

Assiatou (A Quand Le  Bonheur?)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant