partie 107

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Elle fut la première personne que j'aperçus, assise à l'accueil de l'hôpital, le regard vide, les épaules affaissées, comme si tout le poids du monde reposait sur elles. Quand je me présentai à la réception pour avoir des nouvelles, elle se leva aussitôt, les yeux pleins d'une inquiétude que je connaissais trop bien.

— Assiatou, tu es là ! lâcha Nacyra dans un souffle étouffé.

Son visage était marqué par des heures de larmes, ses joues rosies et ses lèvres tremblantes trahissaient une détresse silencieuse.

— Où est maman Nancy ? dis-je, le cœur battant à tout rompre. Je viens d’apprendre ce qui s’est passé. J’ai essayé de vous joindre sans succès, et ce n’est qu’il y a quelques heures que papa Alassane a enfin répondu.

— Assiatou, je suis désolée… J’ai laissé mon téléphone à la maison, et la batterie a sûrement rendu l’âme. Je... je ne savais pas quoi faire. Maman... Elle était dans un état critique, et j’ai paniqué. Quand je l’ai trouvée... oh mon Dieu, quand je l’ai trouvée...

Elle ne put terminer sa phrase. Sa voix se brisa comme une vague contre une falaise, et elle éclata en sanglots, se jetant dans mes bras. Ses pleurs étaient violents, incontrôlables, comme si tout ce qu’elle avait contenu jusqu’à présent s’échappait d’un coup. Je la serrai contre moi, mes propres émotions me submergeant à mon tour.

— Maman était en train de se noyer, sanglota-t-elle, des spasmes secouant son corps. Elle... elle se noyait… Snifff...

Je tentai de la calmer, mais ma propre voix tremblait. J’étais là, à la réconforter, mais au fond de moi, la peur me dévorait. Mes mains étaient moites, mon corps secoué par l’angoisse.

— Calme-toi, ça va aller, murmurai-je, tout en frottant doucement son dos d’une main et essuyant discrètement mes larmes de l’autre. Maintenant, dis-moi, où est-elle ? Comment elle va ?

— Elle semble aller mieux maintenant, même si la nuit dernière, c’était critique. Les médecins craignaient qu’elle tombe dans le coma. Elle a mis des heures à réagir... Mais elle est un peu stable pour le moment. Sa tension n’est toujours pas tout à fait normale, alors ils la gardent sous surveillance.

— Nacyra, je dois la voir, s’il te plaît. Dis-moi où est sa chambre.

— Le docteur ne veut pas qu’on soit trop nombreux avec elle. Pour l’instant, papa et ton fils sont là. Viens, je vais t’accompagner, papa pourra te laisser sa place.

— Merci…

Nous nous dirigeâmes en silence vers la chambre de maman Moussoucro, chaque pas alourdissant un peu plus mon cœur. Nacyra ouvrit la porte, et la scène qui s’offrit à moi me coupa le souffle. Maman Moussoucro était là, allongée, immobile, si vulnérable. Mon fils, assis sur les genoux de papa Alassane, descendit précipitamment et se précipita vers moi.

— Maman ! cria-t-il en se jetant dans mes bras, sa petite voix pleine d'innocence.

— Mon chéri, répondis-je, forçant un sourire tout en embrassant sa joue. Comment vas-tu ?

— Maman, grand-mère dort depuis longtemps. Elle se réveille, mais elle se rendort aussitôt, dit-il d’un ton perplexe.

— Mon amour, grand-mère est très fatiguée. Elle a besoin de beaucoup de repos, mais ne t’inquiète pas, elle va bientôt se réveiller et revenir à la maison.

— Maman, s’il te plaît, dis-lui de se réveiller. Je veux qu’on rentre pour jouer ensemble. Elle va s’asseoir dans son fauteuil, et on ira faire une promenade dans le jardin. Grand-père et tata Nacyra sont tristes. Si grand-mère se lève, ils ne seront plus tristes.

Assiatou (A Quand Le  Bonheur?)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant