****suite****
Cheikh Aïdara était assis dans son bureau, le regard figé sur un point invisible à travers la fenêtre. La tasse de café brûlant dans ses mains tremblait légèrement, oubliée, comme si le liquide amer pouvait calmer le tumulte qui régnait en lui. Son esprit, pourtant brillant et analytique, était plongé dans un brouillard épais. Les dernières semaines ne cessaient de tourbillonner dans sa tête : la disparition inattendue d'Assiatou, sa tristesse trop pesante, ses silences angoissants.
Un claquement sec résonna, et il cligna des yeux. Brizil, son ami de longue date, se tenait là, un sourcil arqué, la main levée après avoir claqué des doigts juste devant son visage.
— Hé ! Où es-tu, mon frère ? On dirait que tu as voyagé loin... dit Brizil avec un sourire amusé, mais teinté d’inquiétude.
Cheikh, surpris, laissa échapper un « Oh, merde ! » en renversant un peu de café sur sa chemise immaculée. Il lâcha un soupir exaspéré, tentant de sécher maladroitement le tissu avec sa main.
— Franchement, t’es complètement ailleurs, constata Brizil en secouant la tête. Regarde-toi, mon ami. Tu te fais du mal pour rien. Qu’est-ce qui se passe ?
Cheikh resta silencieux un moment, les yeux fixés sur la tache de café brun qui s'étendait lentement sur sa chemise. Le poids de ses pensées l'écrasait. Finalement, sans un mot, il se leva et se dirigea vers la salle de bain, laissant son ami dans l’attente. L’eau froide sur sa chemise ne parvint pas à effacer le malaise qui lui nouait l’estomac. Quand il revint, Brizil le fixait avec la même intensité, patient mais visiblement inquiet.
— Tu n’arrêtes pas de penser à elle, n’est-ce pas ? demanda doucement Brizil.
Cheikh hocha lentement la tête avant de se laisser tomber dans son fauteuil, le visage crispé.
— Oui... Assiatou. Je n’arrive pas à me sortir de la tête ce qui s’est passé... cette disparition.
Brizil fronça les sourcils, mais tentait de garder un ton rassurant.
— Elle est revenue, Cheikh. Elle est là. Elle va bien. Alors pourquoi te torturer ?
Cheikh leva les yeux, mais ses prunelles trahissaient une inquiétude bien plus profonde que des mots. Il se redressa légèrement et murmura :
— Elle dit qu’elle va bien... mais je ne la crois pas.
Le silence qui suivit sembla peser plus lourd encore que ses paroles. Brizil, jusque-là détendu, perdit son sourire. Son regard se durcit.
— Pourquoi ça ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
Cheikh se redressa d’un coup, animé par une énergie qu’il tentait de maîtriser. Ses doigts serraient l’accoudoir du fauteuil comme s’il s’y accrochait pour ne pas perdre pied.
— C’est dans sa manière de parler, de m'éviter. Il y a quelque chose, quelque chose qu’elle ne me dit pas. Depuis qu’elle est revenue, elle est... distante. Comme si elle avait peur. Et chaque fois que je tente d’en parler, elle change de sujet, ou elle trouve une excuse pour s’éclipser.
— T’as pensé que c’était juste le stress ? Après tout, elle a traversé des trucs durs, mec.
Cheikh secoua la tête, impuissant.
— Non... C’est plus que ça. Elle m’a dit qu’elle était avec une amie à l’hôpital... mais je ne connais pas cette amie. Elle ne m’a jamais parlé d’elle. Et ça me rend dingue.
Brizil posa sa main sur l’épaule de Cheikh, tentant de lui transmettre un peu de calme.
— Frangin, tu t’emportes pour rien. Si ça te bouffe autant, parle-lui sérieusement. Mais ne me dis pas que tu penses qu’elle te trompe !
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Assiatou (A Quand Le Bonheur?)
Ficción GeneralMon âme porte le poids d'une grande faiblesse, Chaque battement de mon cœur est empreint d'une tristesse persistante. Le bonheur, tel un étranger, semble m'oublier, Je me débats dans une existence dépourvue de couleur, où les jours se succèdent, ter...