New-York. Avril. Elizabeth.
Accoudée au bar, Elizabeth consultait distraitement le catalogue du tatoueur sur son téléphone. Autour d'elle les clients du vendredi soir habituels dans ce bar branché, consommaient en discutant plutôt calmement. La soirée ne faisait que commencer.
— Tu n'es pas encore partie ? demanda Charlotte en déposant devant elle cocktail sans alcool qui pétillait d'une drôle de manière.
— Non. J'attendais que la pluie cesse, répondit Elizabeth sans relever les yeux.
— Je croyais que tu ne te faisais tatouer qu'aux moments charnières de ta vie ? continua Charlotte après avoir servi un autre client.
— Vrai. La rupture de Jane est un moment charnière. J'hésite...
— Tu hésites ?! Tu sais qu'il est inutile de me demander mon avis... Je ne comprends même pas pourquoi tu t'infliges ce genre de torture. Alors excuse-moi de ne pas trancher entre un crane avec une rose ou un cœur brisé par la flamme d'un dragon...
— Ce que tu peux être plan-plan...
— Moi ? Plan-plan ? Lizzie, tu as toujours le mot pour rire... ma vie est tout sauf plan-plan ! Je dézingue du zombie et du monstre à tour de bras, découvre des trésors extraordinaires cachés dans des mondes fabuleux, je chevauche des créatures fantastiques armée d'une épée plus grande que moi, et, cerise sur le gâteau, j'ai couché avec ton collègue sur un coup de tête pas plus tard que la semaine dernière, je te signale.
— Coucher avec Tom n'a rien d'un exploit. Dès qu'il voit une fille un peu mignonne, il saute dessus direct. Alors pour peu qu'elle soit aussi en manque...
— Vas-y, dis que je suis une pauvre fille en manque de sexe sur mon lieu de travail ! Ça va m'aider tiens ! chuchota Charlotte en lui donnant un coup de torchon sur le bras.
— C'est toi qui as mis le sujet sur la table, je te signale... Je crois que je vais prendre le katana dans une mare de sang.
— Et le symbole est ?
— Ça parait évident. L'arme terrasse l'ennemi et verse le sang. Kaput Phil !
— Évidemment. Bon, sur ces charmantes pensées, tu devrais y aller si tu ne veux pas arriver trop tard. Il a cessé de pleuvoir.
— Est-ce que tu me fiches dehors ? Tu as un rencart ou quoi ?
— Je n'ai rien du tout... C'est juste que je m'inquiète quand tu dois aller dans le Vermont en moto.
— Tu ne vas pas t'y mettre ! Sûr que si j'étais un mec, personne ne se poserait de question...
— Si tu étais un mec, je t'aurais mis le grappin dessus et j'aurais crevé tes pneus depuis longtemps, dit alors Charlotte en s'accoudant un instant au comptoir pour la fixer en souriant.
— Charlotte ! s'exclama Elizabeth en sautant de son tabouret.
— Un point pour elle ! dit gentiment un homme aux cheveux grisonnant assis à côté.
— Je vois que je suis en minorité, je vais donc partir, dit Elizabeth faussement contrariée.
Elle attrapa son casque posé près d'elle et but son cocktail d'un trait.
— Allez bichette, je décampe et te laisse à ta vie aventureuse.
— Dis à Jane que je pense à elle ! lança Charlotte alors que son amie atteignait la porte.
— C'est pas comme si tu l'appelais tous les jours pour avoir des nouvelles !
— Nous sommes amies, Lizzie ! Amies ! Tu sais ce lien très fort qui unie deux êtres et les empêche de se faire des crasses...
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Les sœurs Bennet
ChickLitCette histoire s'inspire très librement des personnages d'"Orgueil et préjugés" de la grande Jane Austen. Pas de comparaison possible, mais un roman autour des sœurs Bennet de nos jours. Cinq sœurs, cinq cœurs en quête d'amour, cinq destins romanti...