Chapitre 57 Urgences en cascade

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New-York. Juillet. Elizabeth.

Shana avait été prise en charge dès son arrivée aux urgences, mais n'étant pas de la famille proche, Paul, Kelly et Elizabeth n'avaient eu droit qu'à la salle d'attente, tandis que l'époux, prévenu en urgence et manifestement prêt à intervenir – il était arrivé quelques minutes après eux avec la valise de son épouse contenant tout ce qui serait nécessaire à son séjour à l'hôpital -, avait disparu aussitôt arrivé, dans les méandres de l'établissement de soin.

Un café dans chaque main, Paul fixait le vide, le genou tressautant. Kelly consultait son téléphone avec sérénité. Elle n'avait jamais eu d'enfant elle-même, mais elle était l'heureuse tante de plusieurs nièces et neveux. Elle avait déjà eu droit à tous les récits d'accouchement familiaux et ne voyait là qu'une étape de plus dans l'existence.

Elizabeth, elle, appréhendait un peu. Elle ne s'imaginait rien, mais savait que l'enfantement apportait souffrance et fatigue, et que dans certains cas, il pouvait aussi être fatal. Elle était donc inquiète à juste titre, sans être catatonique comme Paul, qui n'avait pas supporté la perte des eaux, et le masque de douleur sur le visage, si calme d'ordinaire, de Shana.

Elizabeth faisait donc les cent pas dans la salle d'attente des urgences lorsqu'il arriva.

***

Se tenant le bras, l'arcade sourcilière en sang, le nez et le menton contusionné, et claudiquant de la jambe gauche, Fitwilliam Darcy arriva debout aux urgences avec deux autres collègues, tandis que deux civières les suivaient avec ceux qui ne pouvaient pas marcher.

Comment aurait-il pu imaginer pire fin de soirée ? Non. C'était impossible. Il était un homme civilisé et poli qui ne se risquait pas au jeu de poing en dehors du ring. Sa maîtrise de lui-même lui permettait d'éviter ce genre de déconvenue. Lui, utilisait la loi et son intelligence pour se battre.

Comment aurait-il pu anticiper ce qui était arrivé ? Pas moyen. Pas moyen d'imaginer que la chaleur, l'alcool, et la drogue pour certains, allaient engendrer un état de folie passagère accentué par une rancœur préexistante. Pas moyen d'éviter le premier coup de celui qu'il n'avait même pas remarqué dans la foule compacte qui se pressait dans ce salon. Pas moyen de se laisser tabasser sans réagir. Surtout pas par cet abruti de Chapman.

Il était furieux bien sûr. Furieux d'avoir mal et furieux que l'incident ait pu arriver si facilement. Furieux aussi des conséquences que cela pourrait avoir. Chapman était sur l'une des civières. Il avait intérêt à s'en sortir, parce que Fitz ne voulait pas être accusé d'homicide involontaire, alors qu'il n'avait rien déclenché.

L'inimitié de Chapman à son encontre était connue depuis très longtemps. Toutefois, depuis quelques mois, elle débordait du cadre du prétoire. Elle s'insinuait dans ses relations amicales, et même dans ses relations plus intimes. Elizabeth Bennet était au centre du maelstrom.

Depuis l'échange plutôt sensuel lors du réveil de Jane à l'hôpital, Fitz n'avait pas revue Elizabeth, mais il avait appris qu'elle avait rompu avec Chapman. Ce dernier n'avait pas l'habitude. Et surtout, il pensait l'avoir ferrée suffisamment pour en faire une victime éplorée lorsqu'il se serait lassé d'elle. Elle l'avait coiffé au poteau, et il l'avait mal pris.

Et ce d'autant plus que, par un étrange fait du hasard sans doute, Chapman avait appris que les sœurs Bennet frayaient dans le cercle intime de Darcy. La relation de Charles et Jane était maintenant connue de tous.

Il n'en fallait pas plus pour que l'inimitié devint intime au point où Harry Chapman, passablement saoul, avait décidé de régler ses comptes en public et de manière musclée.

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant