New-York. Automne. Elizabeth, Jane & Charlotte.
L'appartement d'Elizabeth se situait au troisième étage d'un immeuble chic sur Claremont avenue, avec vue sur un immeuble du même type. L'endroit possédait une petite chambre avec salle de bain, une cuisine ouverte sur un immense séjour et une cave dont le propriétaire avait conservé l'usage. Par commodité, Elizabeth avait transformé une partie du séjour en espace de travail pour ses créations.
Une machine à coudre trônait sur une longue planche de bois posée sur des tréteaux dans le coin le plus éloigné de la chambre. Sur le mur à côté, une série d'étagère supportait toutes sortes de boites avec des fournitures, et des rouleaux de tissus en tout genre. Quand elle recevait du monde, elle déployait un grand paravent devant pour tout dissimuler.
Et en cet instant, elle recevait du monde. Jane, accoudée au comptoir de la cuisine, venait d'annoncer la nouvelle concernant Charlotte. Cette dernière, assise sur le canapé, fixait ses baskets avec appréhension. Elizabeth, debout entre les deux, resta sans voix pendant une fraction de seconde. Puis, elle explosa.
— Tu n'as pas fait ça ! Charlotte !
Elizabeth était évidemment bien moins tolérante que Jane. Charlotte, les yeux au bord des larmes se tordait les mains. Elle redoutait tant de décevoir ses amies, et se sentait si honteuse de les avoir trahies en couchant avec Collins.
— Lizzie ! Arrête un peu ! Tu n'es pas irréprochable non plus ! Ça t'est déjà arrivé de faire des conneries ! lança Jane en lançant un regard noir à sa sœur.
L'utilisation de vulgarité de la part de Jane remit Elizabeth sur les bons rails. Elle fixa sa sœur une seconde avant de venir s'asseoir près de Charlotte pour la prendre dans ses bras.
— Putain ! Tu as pris le pire géniteur possible, mais bon, on va rectifier le tir ! La famille Bennet est sur le coup ! Ça devrait aller.
— Qu'est-ce que tu racontes, Lizzie ? s'exclama Jane avec un demi sourire.
— Tu es consciente qu'il va falloir contrecarrer chaque influence de Finn.
— Peut-être qu'il aura une bonne influence. Avant de devenir dingue de moi, il était sympa. Tu t'entendais même super bien avec lui, si je me souviens bien, ajouta Jane.
Et c'était vrai. Jusqu'à ce que Finn tombe amoureux fou de Jane à 14 ans, Elizabeth et lui avaient fait les quatre cent coups. C'était même une des raisons qui l'avait poussée à se battre avec lui. Elle voulait protéger sa sœur, certes, mais aussi lui faire payer à lui, la fin de leur amitié si forte et importante pour elle. Il avait été ce frère qui leur manquait à toutes. Il avait été ce frère avec qui elle pouvait sans crainte, relever les défis les plus audacieux. Elle lui avait donné sa confiance. Sa trahison n'en avait été que plus cruelle
— C'était avant...
— Je crois qu'il a vécu des choses pas très drôles après son départ de Wilmington.
— Ne lui trouve pas d'excuses, Charlotte ! C'est le début de la fin !
— Elizabeth. Il ne m'a pas violée, tu sais ! J'étais plus que consentante, même si j'en ai un peu honte maintenant... Il est le père de ma fille. Je ne peux pas...
— Une fille ? C'est une fille ?
— Oui, mais...
— C'est une fille, Jane ! Tu entends ! Une fille ! Ce sera tellement super ! On va lui apprendre tellement de trucs de filles ! J'ai hâte... ça va être génial ! Je vais lui faire les plus belles barboteuses de la terre et aussi...
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Les sœurs Bennet
ChickLitCette histoire s'inspire très librement des personnages d'"Orgueil et préjugés" de la grande Jane Austen. Pas de comparaison possible, mais un roman autour des sœurs Bennet de nos jours. Cinq sœurs, cinq cœurs en quête d'amour, cinq destins romanti...