Chapitre 30 De la jalousie et de ses conséquences

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Wilmington. Mai. Jane.

Jane Bennet souriait. Et quand Jane Bennet souriait, Charles avait juste l'impression que les nuages disparaissaient pour la baigner d'une lumière divine. C'était un tel plaisir de la regarder. Il ne s'en lassait pas. D'autant plus qu'elle avait disparu de sa vie pendant deux semaines. Deux longues semaines durant lesquelles il s'était traité d'idiot chaque jour, car il n'avait ni son numéro de téléphone, ni son adresse à New-York.

Il aurait pu demander à Fitz. Mais il se l'était interdit. Son ami avait refusé de lâcher l'affaire concernant les demandes de l'ex. S'il avait obéi, ça aurait été, selon lui, un manque de professionnalisme impardonnable. Fitz avait donc continué à aider ce Philip Newell à tenter de récupérer quelque chose du désastre qu'il avait provoqué.

Pendant ces deux dernières semaines, les deux amis s'étaient vus et avaient passé plusieurs soirées ensemble sans jamais évoquer l'affaire ou les sœurs Bennet. Et ce, bien que Charles ait remarqué qu'Elizabeth ne laissait pas Fitzwilliam indifférent. Loin de là. Pour le moment, elle provoquait chez lui une irritation indéniable. Irritation réciproque, il fallait le préciser. Mais qui pouvait savoir sur quoi pouvait déboucher autant d'énergie négative ? Lui n'en avait aucune idée.

Quoiqu'il en soit, Charles avait subi un sevrage forcé de Jane. Il aurait pu s'y conformer, l'oublier, passer à autre chose. Mais à voir son regard posé sur elle, et le sourire extra large qu'il affichait, il avait rechuté sans vergogne. Il ne voyait qu'elle. Il ne voulait qu'elle. Il rêvait de l'embrasser de nouveau. Et il se demandait si, par une extraordinaire conjonction des étoiles et du destin, il ne pourrait pas éjecter le type qui dansait actuellement avec elle pour s'emparer de ses bras, et, par la suite, de ses lèvres.

***

Jane tourna au rythme de la danse en souriant à son cavalier, Joachim Knight, jeune et heureux époux d'Emma, et futur papa poule en puissance. C'était un homme charmant et poli, qui ne passait pas son temps à vous assommer avec les détails abscons de son travail d'ingénieur. À cela, il préférait les anecdotes promptes à faire sourire, les situations cocasses et les malentendus amusants. Jane l'avait immédiatement apprécié. Elle était heureuse qu'Emma soit tombée sur un tel homme. Sans compter qu'en plus d'être plaisant, il avait beaucoup d'humour. Et en cet instant, justement, il trouvait que la situation était très amusante.

— Vous croyez qu'il va finir par bouger ? demanda-t-il en souriant à sa cavalière.

— Tu... Tu crois qu'il va finir par bouger. Nous sommes amis maintenant. Je t'ai accordé une danse et tu as mis mon amie Emma en cloque. Pas moyen que tu me vouvoies...

— Pardon... Alors, il va venir ?

— Je ne sais pas. Peut-être après une petite volte en passant devant lui ?

— Tu es diabolique ?! Quand je pense que tu ne lui as pas donné de nouvelles pendant deux semaines...

— Je n'avais pas son numéro...

— C'est ça... Je crois que si Emma m'avait fait subir une telle attente silencieuse, j'aurais été très... malheureux.

— Emma est incapable d'être aussi fourbe... n'est-ce pas ? Mais reconnais qu'il n'a pas l'air malheureux.

— C'est exact. Je dirais qu'il a un air... totalement idiot. Ce type est dingue de toi ?! Tu en es bien consciente ! Aucun mâle qui se respecte ne sourirait comme ça devant autant de monde !

— Allons bon... Tu crois qu'il est idiot ?

— Non. À point. Il est à point. Juste comme il faut pour te manger dans la main.

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant