Wilmington. Mai. Elizabeth.
Il était donc bien là.
Elizabeth avait quitté le bal deux minutes pour aider Kitty à finir de ranger les restes du stand de pâtisserie – Il ne fallait pas compter sur Lydia pour ça – et lorsqu'elle était revenue, elle l'avait immédiatement vu. Droit comme un « i », Fitzwilliam Darcy sirotait un verre en observant les danseurs avec un certain dédain.
Elizabeth lui aurait bien mis un coup de pied au cul, juste pour le voir jurer comme un charretier après avoir taché son joli costume avec le contenu de son verre. Parce qu'elle était sûre qu'il jurait comme un charretier. Sous ses airs de type bien sous tous rapports, elle le soupçonnait d'être la pire engeance que la terre ait portée. Il fallait être ça pour continuer à s'en prendre à Jane alors que rien n'allait dans ce sens !
Elizabeth sourit intérieurement. Pas un coup de pied au cul. Juste un bon coup de coude dans les côtes devrait suffire. Fière de son plan et convaincue de sa légitimité, elle s'élançait vers sa future victime en se faufilant dans la foule, quand un éclat de voix détourna son attention. Lydia, rayonnant de toute sa blondeur, mais trop maquillée pour ne pas paraître vulgaire selon Elizabeth, qui n'avait jamais vu l'intérêt d'une telle stratégie quand on était déjà pourvu de plusieurs atouts indéniables pour séduire, Lydia donc, riait trop fort entre deux garçons de son âge qui se regardaient en chien de faïence.
« Merde ! » pensa aussitôt Elizabeth. « Elle a encore fait le coup du double « date » ?! Merde ! Merde ! Merde !».
Le « double date » était une spécialité de Lydia. Elle prétendait qu'elle n'arrivait jamais à choisir. En réalité, elle adorait faire le buzz sur les réseaux sociaux en provoquant, à dessein, des bagarres entre ses prétendants. Elizabeth chercha des yeux la « best friend ever » de Lydia, Amy Foster, et ne tarda pas à la trouver, postée derrière un type qui assistait à la scène en souriant. Complice donc.
Sans hésiter, Elizabeth modifia sa trajectoire pour intercepter Amy et sa vidéo. Ensuite, elle s'occuperait du cas de Lydia. Les deux coqs qui lui tournaient autour, feraient ce qu'ils voulaient quand elle ne serait plus dans le cadre. Mais pas question que Lydia soit « encore » mêlée à un incident de ce genre.
Le dernier remontait à un an, et avait coûté une coquette somme à la famille Bennet en dédommagement de dépenses de santé. L'un des deux garçons s'était retrouvé à l'hôpital avec un bras cassé suite à la bagarre que la lycéenne avait provoquée avec ses minauderies et sa parfaite inconséquence. Sans compter qu'on ne pouvait pas la dédouaner en prétextant qu'elle n'était en rien responsable du comportement primitif des garçons autour d'elle, car en réalité, elle provoquait sciemment ce genre de réaction. Et quand le garçon n'était pas assez réactif à son goût, parce qu'il avait l'intelligence de ne pas entrer dans son jeu, elle s'en trouvait un autre. On ne manquait pas de mecs bas du front à Wilmington comme ailleurs, surtout à cet âge-là. Les hormones étaient sans doute les meilleures alliées de Lydia. À n'en pas douter.
Au moment où Elizabeth arriva sur Amy, cette dernière sut qu'elle n'avait pas intérêt à moisir dans le coin. Elle tapa sur le bras musclé de celui qui la dissimulait pour l'avertir qu'il fallait déguerpir fissa. Ce qu'ils firent, avant que la seconde sœur Bennet ne leur tombe dessus. Amy Foster craignait les gifles qu'Elizabeth n'hésitait pas à distribuer quand ses cadettes faisaient des « conneries », et sincèrement, Amy savait que ce qu'elle faisait en cet instant en était une.
Elizabeth, privée de sa première cible, bifurqua sur Lydia qui, elle, ne la vit pas venir. Elle attrapa son bras et d'un geste sec la fit tourner vers elle. Le visage de la lycéenne se décomposa aussitôt. N'importe quelle autre sœur n'aurait provoqué qu'un sourire méprisant de sa part, mais pas Elizabeth. Certainement pas Elizabeth. Constatant qu'Amy avait disparu, Lydia choisit de ne pas opposer de résistance à sa sœur et la suivit à l'extérieur et loin de ses proies quelque peu décontenancées de la tournure des évènements. La vidéo ne tournait plus, inutile d'en faire un drame. Elle expliquerait la fin à sa manière à ses followers. Ce serait encore plus drôle.
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Les sœurs Bennet
Chick-LitCette histoire s'inspire très librement des personnages d'"Orgueil et préjugés" de la grande Jane Austen. Pas de comparaison possible, mais un roman autour des sœurs Bennet de nos jours. Cinq sœurs, cinq cœurs en quête d'amour, cinq destins romanti...