Chapitre 39 Un amour longue distance

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New-York. Mai. Jane.

« Le soleil magnifique se reflète dans l'océan. Mais il est moins beau que tes yeux. Tu me manques. »

« Menteur... Il fait encore nuit chez toi ! »

« Groumpf ! Voilà ce que c'est que d'éduquer les filles. Après, plus moyen de leur faire avaler nos bobards »

« Tu me manques aussi. »

« Le problème Mary Bennet a-t-il trouvé une solution ? »

« Pas vraiment. Nous savons tous qu'elle n'a aucun ami. À part Finn Collins. Je crois qu'elle est allée raconter ses malheurs au Père Murdock qui lui a trouvé une chambre quelque part, en attendant qu'elle se trouve un logement. Je me sens affreusement coupable. »

« Et pour quelle raison ? C'est elle qui devrait culpabiliser... »

« Elizabeth et moi ne nous sommes pas assez occupées d'elle. Et Kitty a toujours adoré Lydia. La position de Mary n'a jamais été facile. »

« Être consciente de tout cela est tout à ton honneur, mais ça n'excuse pas cette volonté de te nuire qu'a eu ta sœur. Tu ne peux pas tout excuser, ni justifier par cet argument. »

« On dirait Elizabeth ! »

« Ah ! Je suis content... ça veut dire que j'ai des chances de m'entendre avec elle. Parce que j'ai bien compris que sans ça, je suis cuit ! »

« Idiot ! Elle a supporté Phil pendant cinq ans ! Du moment que tu ne te mets pas à collectionner les cartes de baseball... »

« Et les canettes de bière ? J'ai le droit de les collectionner ? Parce que sinon, il va falloir que je revois la déco de mon appart à New-York. »

« Et à Los Angeles ? Tu collectionnes quoi ? »

« Les croûtes de pizza quatre fromages. »

Assise dans le bus qui la ramenait à New-York, Jane éclata de rire. Depuis son départ, Charles n'avait pas cessé d'échanger des messages avec elle. Il ne la lâchait plus. Il avait peur qu'en partant si loin d'elle, elle ne lui échappe. Il avait peur de la perdre. Elle aimait cet excès d'attention. Elle aimait son humour. Elle se força à tenter de lui trouver des points négatifs.

Pour le moment, elle n'en trouvait pas. Elle ne le connaissait pas assez. Il était d'accord. Il voulait mieux la connaître aussi. Après tout, elle pouvait, elle aussi, avoir des défauts rédhibitoires, comme se limer les ongles sur le canapé ou collectionner les boites de fromages.

C'était pour cette raison qu'il lui avait proposé de la retrouver à Los Angeles la semaine prochaine. Il y serait encore, mais il pourrait se libérer quelques heures par jour. Sans compter les soirées. Il lui avait vanté le confort de son canapé qu'il rêvait d'étrenner. Il ne voulait pas la brusquer.

« Tu as réfléchi pour L.A. ?

Et ils étaient bien souvent sur la même longueur d'onde.

« J'y réfléchissais justement. »

« Les grands esprits se rencontrent. »

« Je pourrais prendre une chambre dans un hôtel pas trop loin de ton boulot... Pour commencer. »

« Et comment je vais faire pour connaître tes horribles défauts ? Je sais que tu ne m'as montré que ton plus beau visage pour me séduire... »

« Évidemment ! Je ne voudrais pas laisser passer une telle chance de te mettre le grappin dessus... Tu es conscient que c'est exactement ce que pensent tes sœurs ? »

« Fitz m'a répété que tu les avais appelées Javotte et Anastasie ! »

« On peut toujours compter sur M. Darcy pour mettre de l'eau dans le gaz ! »

« Il était mort de rire. Et moi aussi. »

« Vraiment ? J'ai un doute sur le fait que M. Darcy sache rire... voire même sourire, sans effrayer les enfants ! »

« C'est que tu ne le connais pas. Bref, mes sœurs ne sont pas si horribles. Elles sont juste un peu... comment le dire. Elles sont le produit de leur éducation. »

« Tu n'as pas eu la même, alors ? »

« Pas exactement. Du fait de l'appendice que j'ai entre les jambes. Si tu vois ce que je veux dire. »

« Je vois, parfaitement. »

« Bon. Pour L.A., pas question que tu ailles dans une chambre d'hôtel. Je te veux avec moi tous les soirs, et que tu dormes dans la chambre pendant que je tenterai de trouver le sommeil sur le canapé. Jusqu'à ce que, rongée par la culpabilité, tu m'ouvres la porte et tes draps. »

« Je vois que tu as une idée derrière la tête. »

« Absolument pas derrière. Totalement devant. Pas toi ? »

Jane ne répondit pas immédiatement, le laissant mariner dans le doute une minute.

« Hé ! Si tu ne réponds pas immédiatement, je prends l'avion pour New-York... »

« Donc, Je vais à L.A. pour me faire manger toute crue. »

« Tout à fait. »

« OK »

« Ok ? »

« OK »

« Yepee ! Yepee ! Kai ! »

« Attends un peu avant de te réjouir. »

« Pourquoi ? »

« Ça pourrait être la mauvaise période... »

« Ah, non ! C'est interdit ! Tu n'as pas le droit de me faire ça ! »

Jane sourit de nouveau. Ils étaient comme deux ados en train de programmer leur dépucelage secret. Elle le rassura avant d'annoncer qu'elle arrivait à destination. C'était le signal pour arrêter les échanges.

Une fois dans la rue, Jane prit une grande bouffée d'air pollué dans ses poumons et sourit. Elle avait un premier entretien dans moins d'une heure, mais elle n'appréhendait pas. La journée était radieuse après la pluie de la veille. Rien ne pouvait mal se passer aujourd'hui. Elle était heureuse et savait parfaitement pourquoi.

Charles Bingley lui rendait une joie de vivre qu'elle pensait disparue avec la trahison de Philip Newell. Charles Bingley l'aimait plus qu'aucun homme ne l'avait jamais aimée. En cet instant, et avec cette certitude, Jane s'engagea dans la bouche de métro avec détermination et gaîté. Rien ne gâcherait ce jour. Rien.


Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant