Chapitre 101 Un avenir prometteur

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Wilmington. Hiver.

Catherine parcourait l'étagère du doigt, en suivant les étiquettes de cotes. Elle essayait de rester concentrée, mais c'était difficile. Elle sentait la caresse de son regard dans son dos. Elle finit néanmoins par trouver le livre recherché. Elle le sortit de son emplacement pour le tendre à Andrew Preston qui attendait derrière elle.

Il le prit sans jeter le moindre coup d'œil au livre. Il n'arrivait pas à détacher ses yeux de Catherine. Ce matin-là, elle était particulièrement jolie. Elle avait attaché ses cheveux en simple queue de cheval, mais quelques mèches souples s'en étaient échappées

Sans prendre conscience immédiatement de ce que son geste allait engendrer, il tendit la main pour remettre l'une de ces mèches derrière l'oreille de la jeune femme. Ses doigts effleurèrent sa peau et cherchèrent plus en caressant sa joue au passage

Catherine avait rosi joliment, et n'avait pas faibli en baissant les yeux. Elle était captée par son regard à lui et n'arrivait pas à s'en détacher. Lorsque la main cessa sa caresse, elle osa la prendre dans la sienne pour la remettre contre sa joue. La caresse reprit. Puis la main glissa vers sa nuque et l'attira un peu plus près d'Andrew.

Le baiser fut d'abord timide, comme un essai, puis se transforma bientôt en un échange bien plus passionné. L'attente, le désir refoulé, l'espoir aussi. Ils y avaient tout mis sans retenu, jusqu'à ce que leurs bouches se détachent l'une de l'autre.

— Il ne faut pas, Catherine.

— Il ne faut pas ? répéta-t-elle en l'embrassant de nouveau, étonnée de sa propre audace.

Si cette étreinte devait être unique, elle comptait qu'elle devienne inoubliable, afin qu'elle lui donne la chaleur nécessaire pour s'en réchauffer quand elle serait seule. Elle avait la conviction que son cœur ne pourrait jamais appartenir à quelqu'un d'autre.

Andrew serra Catherine contre lui, plongeant son visage dans son cou. Il l'aimait si intensément. Il la désirait tout autant. Il avait réussi à l'embrasser. Il la tenait dans ses bras. Mais il ne ferait pas plus. Il en était incapable, car sa peur était presque aussi intense que cette passion qu'il avait pour elle. Elle le tétanisait.

Catherine comprenait que quelque chose en lui l'empêchait de s'ouvrir à cet amour qu'ils avaient l'un pour l'autre. Elle comprenait qu'elle devait faire quelque chose pour lui, sinon elle demeurerait une ombre dans son sillage, et bien qu'elle soit prête à vivre près de lui sans jamais lui appartenir réellement, quelque chose en elle refusait de ne pas tenter sa chance. Elle prit le visage d'Andrew entre ses mains et l'embrassa encore. Avec douceur. Avec conviction. Elle devait lui transmettre la force de son propre amour pour libérer le sien, à lui.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? murmura Andrew en se détachant de Catherine sans la brusquer toutefois. Il la tenait à bout de bras, le regard perdu.

— Rien de grave. Rien que je n'ai envie que vous fassiez, chuchota à son tour Catherine en réussissant à lui toucher le bras pour se rapprocher de nouveau. De quoi avez-vous peur, Andrew ? demanda-t-elle sans oser le tutoyer.

— J'ai peur de vous faire du mal.

Catherine sourit largement en lui prenant les mains. Et ce sourire eut un effet inattendu sur Andrew. Il sentit son cœur s'apaiser et son désir grandir.

— Me faire du mal ? À part me briser le cœur en choisissant d'en aimer une autre, je ne suis pas bien sûre que vous soyez en mesure de me faire quoi que ce soit de ce genre.

— En choisir une autre ?! répéta-t-il avec incrédulité dans un murmure. En choisir une autre ? c'est impossible, finit-il en lui pressant la main contre son cœur.

— Alors de quoi avez-vous peur ?

— Ma femme... s'est suicidée. J'ai ma part de responsabilité dans son naufrage. Je ne suis pas...

— Je ne vous quitterai pas, Andrew. À moins que vous ne le souhaitiez. Je ne vous quitterai pas, murmura Catherine en l'enlaçant.

— Vous êtes si jeune. Trop. Je...

— Ça n'a pas d'importance, vous le savez, n'est-ce pas ? Mais je n'irai pas contre votre volonté, Andrew. Si vous jugez que tout ceci ne vous convient pas, alors, je n'insisterai pas, dit-elle en lâchant ses mains lentement avec un regard triste.

Andrew regretta aussitôt l'absence de ces petites mains aux doigts gelés. Il les reprit et attira Catherine contre lui.

— Je ne suis pas un homme facile. Et vous pourriez quasiment être ma fille.

— Il ne faut pas exagérer ! Vous n'êtes pas si vieux ! dit Catherine en souriant. Quel sera l'argument à charge suivant ? Tim ? Vous savez que je l'adore. Et il semble beaucoup m'apprécier aussi, il me semble. Mulche ? Je saurai acheter le cœur de Mulche...

— Vous... Tu es un trésor, Catherine. Un trésor que j'ai peur de profaner.

— Je ne suis pas si précieuse, Andrew, mais j'aime t'entendre dire ce genre de choses. Moi, je me contenterai de dire que je t'aime, parce que c'est exactement ce que je ressens.

— Moi aussi, je t'aime Catherine, murmura Andrew avant d'embrasser de nouveau la jeune femme.

Un petit toussotement de l'autre côté du rayonnage leur rappela soudain qu'ils étaient dans la bibliothèque où Catherine donnait un coup de main bénévolement le week-end, et qu'ils n'étaient pas seuls. Ils se détachèrent l'un de l'autre avec, dans les yeux, la promesse d'autres étreintes, d'autres moments de bonheur volés au temps, d'autres jours heureux.


Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant