Chapitre 59 Lydia à New-York

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New-York. Juillet. Lydia.

Lydia avait mal au pied. Lydia avait le dos en compote. Lydia était épuisée par le rythme qu'on lui demandait de tenir depuis deux semaines. Comme elle était encore mineure, son patron avait accepté de la prendre, mais seulement en cuisine. Pas de fêtes somptueuses pour elle. Juste de la vaisselle sale et des heures tardives dans les relents de nourriture froide. Un boulot à New-York n'était pas un boulot à Wilmington. Autant pour elle. Mais elle ne regrettait rien, car il y avait des compensations.

La jeune fille couchée sur le dos en travers de son lit se redressa avec énergie. Ce soir, elle ne travaillait pas. Ce soir, elle sortait. Ce soir, elle ne ferait pas partie du personnel. Ce soir, elle serait l'une des invitées qui picorerait les petits fours et boirait des cocktails.

Elle ajustait sa robe devant le miroir de la chambre quand la petite tête de brunette d'Amy passa par l'embrasure de la porte. C'était le moment de partir. Lydia jeta un dernier regard à sa silhouette juvénile moulée dans une robe courte lamée argent, sandale à talon, maquillage flashy et cheveux blonds lâchés en cascade de vagues réalisées au fer. Elle se trouva parfaite.

Amy, près d'elle était sa copie en brune. Même maquillage, même coiffure, même corps chaussé de talons, mais robe lamée dorée. Comme si elles étaient le négatif l'une de l'autre. Le soleil et la lune. La lumière et l'ombre. Elles se sourirent avant de rejoindre le cousin d'Amy qui les hébergeait et leur servait de chauffeur à l'occasion.

Il n'émit aucun avis en les voyant monter dans sa voiture, mais il songea qu'il allait devoir surveiller sa cousine s'il ne voulait pas qu'elle soit en cloque à noël, ce qui lui serait forcément reproché. L'autre, sa copine, il s'en foutait. Pas son genre, et trop pénible pour qu'il ait envie d'être son chaperon. Il était bien sympa déjà de l'héberger gratos.

***

La fête battait son plein sur le toit de l'immeuble et à l'étage en dessous. Lydia dansait entourée d'une cour de type bien trop âgés pour elle. Elle adorait. Tous ces hommes à ses pieds, qui lui apportaient des verres ou des petits fours. Ici, personne ne connaissait son âge. Ici, personne ne la connaissait à part Amy que son cousin surveillait de trop près pour qu'elle s'amuse vraiment. Résultat, elle filmait sa copine en riant de son audace.

Puis un des types se lança. Il se fit plus collant, plus gluant même. Lydia le repoussa sans ménagement ce qui le fit trébucher, car il était déjà bien alcoolisé. Le cercle aurait pu se reformer autour de Lydia, mais elle sentait désormais qu'elle était la proie, et ces hommes des prédateurs. Elle profita de la brèche créée pour rejoindre Amy et son cousin près du bar.

— Tu as compris, maintenant ? lui lança ce dernier en sirotant son verre tout en la regardant avec un air légèrement méprisant.

— J'ai compris quoi ?

— Que t'étais plus dans ta cambrousse ! Ici, c'est du sérieux. Si tu allumes tout ce qui bouge, c'est toi qui va te brûler. Pas eux. Des filles comme toi, ils n'en font qu'une bouchée. Surtout si elles sont aussi effrontées que toi.

— Je ne suis pas effrontée. Je m'amuse.

— Eux aussi.

— C'est bon, la leçon de morale, mon gars ! C'est une Bennet ! Les Bennet ne se laissent pas marcher sur les pieds de toute façon ! dit alors une voix derrière Lydia.

— Phil ?! s'exclama la jeune fille en se retournant vers son ex-futur beau-frère. Alors, ça ! Si je m'attendais !

— Je sors pour oublier ma peine, Lydia...

La jeune fille éclata de rire. Elle montrait ainsi qu'elle n'en croyait pas un mot, mais s'assit près de Newell sans aucune gêne.

— Amy ! J'ai envie d'aller prendre l'air, dit-elle. Tu viens ? On sera mieux pour danser là-haut !

— Lydia, nous devons rentrer, commença Amy dont le cousin commençait à en avoir sa claque de cette soirée où il ne faisait que chaperonner.

— Déjà ? Mais... il est à peine 1 heure ? Je suis venue m'amuser jusqu'au bout la nuit, Amy ! Je l'ai mérité ! Je bosse comme une esclave toute la semaine !

— Si tu veux, je te raccompagnerai. J'ai ma voiture, proposa Newell mine de rien.

Lydia ne se le fit pas dire deux fois. Elle se pendit au cou de Phil en riant et dit à Amy que tout irait bien puisqu'elle était avec l'ex de sa sœur. Son amie n'insista pas. De toute façon, son cousin traçait déjà vers la sortie.

— Envoie-moi un message quand tu es sur le départ ? D'accord, murmura-t-elle à Lydia avant de partir.

— T'inquiète...

La soirée était particulièrement douce. Une petite brise fraîche annonçait une pluie prochaine que tout le monde espérait. Dès qu'elle posa un pieds sur le toit, Lydia se mêla aux danseurs sans plus se préoccuper de Phil, mais il ne la lâcha pas. Il se mit lui aussi à danser près d'elle, puis avec elle. Pas de cercle d'admirateurs cette fois. La présence de Phil marquait la jeune fille comme chasse gardée.

Pendant les cinq années passées avec Jane, Phil ne s'était jamais vraiment intéressé à Lydia. Quand il était dans la famille Bennet, il se focalisait sur celle qui partageait sa vie. Il jouait son rôle de fiancé à la perfection. Enfin, c'est ce qu'il avait cru. Sa dernière visite à Wilmington prouvait que certains membres de cette famille avaient été moins dupes que prévu.

Si l'aînée des Bennet était douce, malléable, facile à vivre, la dernière était incroyablement délurée. Consciente de sa séduction, et en usant maladroitement pour le moment, elle aguichait tout ce qui portait un pantalon en s'amusant de sa frivolité. Pour elle seule la destination comptait. Or, Lydia n'avait qu'un but : briller, être vue et aimée de tous.

Il lui offrit un premier verre avec un rien d'alcool. Pour voir. Et il avait vu. La jeune fille s'était encore plus désinhibée. Le second verre était plus corsé. Elle l'avala avec une facilité déconcertante. Il sut alors qu'il tenait sa vengeance. Il trouva même trop facile de duper la gamine, mais ne se fit pas prier lorsqu'elle s'offrit à lui dans la voiture.

***

Quand le soleil vint lui réchauffer agréablement le visage, Lydia s'étira en souriant. Elle avait passé une nuit incroyable ! Même si elle ne se souvenait pas de tout avec précision, une chose était sûre, elle avait adoré ! Elle n'aurait jamais imaginé que son premier amant serait l'ex de sa sœur, mais qu'importe ! Il avait été formidable, et elle avait eu du plaisir. Beaucoup. Beaucoup plus qu'elle ne s'y attendait en réalité.

Contrairement à ce que Jane avait raconté après sa rupture, Phil savait être attentionné. Et il l'avait particulièrement été avec elle. Elle attrapa son téléphone et envoya un message à son amant d'une nuit. Elle espérait qu'il ne regrettait pas. Parce que ça n'était pas son cas ! Sans compter qu'elle était à New-York pendant encore un petit moment... elle savoura l'instant en imaginant ce qui pourrait advenir.

À aucun moment, elle ne songea à ce que ses sœurs pourraient penser de ce qu'elle avait fait. Ou si. Un bref instant, elle avait ri de la tête qu'elles feraient quand elles l'apprendraient. Et ce moment réjouissant s'était ajouté aux autres.


Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant