Chapitre 25 L'échec du cœur en terrain connu

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New-York. Mai. Jane.

Jane ne voulait pas repartir de New York en perdante. Elle voulait rentrer à Wilmington tête haute et annoncer qu'elle repartait bientôt pour une nouvelle aventure. Pour ça, il fallait qu'elle trouve un autre job. Hélas, les opportunités n'étaient pas légion. Alors, en attendant, elle se préparait à laisser son appart. Trop cher. Trop de souvenirs aussi. Surtout.

Quand Elizabeth ne pouvait pas se libérer, c'était Charlotte qui venait pour l'aider à faire ses cartons. Si sa sœur la poussait à se redresser grâce à la force de sa colère, son amie était plus douce, plus tempérée. Elle lui montrait que même si cette histoire était finie, elle n'avait pas été qu'une perte de temps et de sentiments. Avec Philip, ils étaient proches de construire quelque chose. Rien n'était perdu dans l'avenir. Elle avait appris de ses erreurs et de celles de son compagnon. Elle était maintenant forte d'une expérience non négligeable en termes de relation.

Tout cela était vrai. Cependant, parce que Charlotte avait vécu maintes ruptures, Jane se demandait si l'expérience en question était réellement valable. N'avait-on pas tendance à toujours faire les mêmes erreurs ? Notre cœur aveugle ne tendait-il pas à répéter les schémas rassurants, trop timoré face à l'aventure.

— Si tu vas par là. Ça veut dire que je suis la cause de tous mes échecs, soupira Charlotte convaincue que finalement Jane était bien plus efficace qu'elle en analyse sentimentale.

— Pas exactement. Je dis juste que nous nous orientons vers le même type de mec inlassablement parce qu'un autre type nous contraindrait à tenter l'aventure. Nous restons inconsciemment en terrain connu.

— C'est mal barré pour moi, alors.

— Pour moi aussi.

— Ce Bingley dont m'a parlé Lizzie, est-il comme Philip ?

— Qui sait ? Il parait différent. Mais je me trompe peut-être. Parce que mon cœur m'aveugle.

— Bon. Il faut qu'on se mette un coup de pied au cul, alors !

Jane haussa les épaules et se mit à emballer un pied de lampe dans du papier journal.

— Tu vas vraiment garder ce truc ?

— Ben quoi ?

— C'est moche. Sincèrement. Et puis, je me demande pourquoi tu ne lui laisses pas toutes tes vieilleries. Que tu mettes certains meubles au garde-meuble, je comprends, mais ces objets sans intérêt...

— On est toujours content d'avoir une lampe.

— Jane ! L'aventure ?! Tu te souviens... On écarte ce qui rassure.

— Je parlais de nos relations amoureuses ! Pas de notre mobilier !

— Mais tout est lié ! Cet appart est rempli d'objets qui ressemblent à ta relation avec Philip !

— Purée ! Tu as raison ! Mais j'ai déjà emballé certains de ces trucs.

— Ben, on va les sortir et faire un tri... ce week-end, on pourrait faire un vide grenier. Je suis sûre que tu pourras tirer un peu d'argent de la faillite de ton ancienne vie.

— Charlotte ! Dis-moi que tu n'as pas oublié que nous rentrions à Wilmington ce week-end ?

— Humpf... Non, je n'ai pas oublié ! J'espérais que toi, tu aies oublié ! Rappelle-moi pourquoi je fais ça ?

— Parce que tu m'aimeuhhh, et que nos parents respectifs veulent nous voir, mais c'est accessoire. La première raison est, évidemment, la seule qui te fait accepter une telle éventualité pour l'un de tes uniques week-ends de libre... D'ailleurs ! Tu es un amour ! finit Jane en enlaçant de force Charlotte qui gloussa comme une écolière.

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant