Chapitre 91 Un bébé bien entouré

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New-York. Printemps. Charlotte.

— Je vous le dis tout de suite, bande de vauriens ! Ce bébé est à moi ! lança alors Charlotte qui venait d'apparaître et découvrait les deux couples en pleine contemplation de sa fille.

— Charlotte ! Qu'est-ce que tu fais debout ! Tu étais censée te reposer ! s'exclama Jane en venant au-devant de son amie.

— Je voulais la voir. Elle me manquait déjà.

La jeune maman s'approcha de la vitre et sourit.

— Elle est magnifique, n'est-ce-pas ?

— Oui. Elle est magnifique. J'envisage de faire la même en plusieurs exemplaires.

— La même ? répéta Charlotte avec incrédulité.

Le métissage de sa fille ne faisait aucun doute. Jane ne comptait quand même pas tromper Charles... et lui qui ne disait rien.

— Enfin, la même... le même genre de petit être humain, ajouta Jane en voyant le regard perturbé de son amie.

Charlotte se retourna vers sa fille et soupira.

— Je ne sais pas ce qui a bien pu se passer. Je ne vois pas qui peut être le père. À part Finn, je n'ai eu personne dans mon lit, ce mois-là.

— Et si tu n'avais pas accouché avec un mois d'avance... dit alors Elizabeth en souriant, parce que quelque chose venait de lui venir à l'esprit.

— Pardon ?

— Tom.

— Tom ?

— Mon collègue un peu lourd. La fête bien arrosée...

— Nom de nom de nom de nom ! Tom ! s'écria Charlotte en fixant de nouveau ses yeux sur sa fille. Bien sûr ! Tom ! Mais ça voudrait dire que j'étais enceinte quand...

— Quand tu as couché avec Finn.

— Il ne va jamais me le pardonner.

— Et alors ? On s'en fout ? Il ne voulait assumer sa paternité que pour une mauvaise raison. Il ne voulait pas que sa progéniture grandisse dans un bar. C'est bien ce qu'il t'a répété quand vous avez été ensemble à noël, non ?

— Si... Mais quand même... Et Tom ? Que va dire Tom ?

— Rien probablement. Lui, tu peux être sûre qu'il ne cherchera pas à t'épouser pour assumer ses responsabilités, ajouta Elizabeth.

***

Totalement dépassée par les évènements et trop occupée par son travail qu'elle avait tenu à assurer presque jusqu'au terme - créant des situations parfois assez perturbantes pour certains clients. Une jeune femme enceinte au bar, ça créait des confusions -, Charlotte n'avait rien anticipé, laissant les choses se faire à leur rythme sans précipitation. Elle croyait avoir le temps. Sauf qu'elle avait accouché plus tôt que prévu. Sauf qu'elle ne savait pas exactement par quel bout elle allait prendre le quotidien qui l'attendait.

Lorsqu'elle était sortie de la maternité, accompagnée de ses amies, elle serrait son bébé contre elle, cherchant la force qu'elle allait devoir déployer pour s'occuper correctement de lui, pour l'élever et l'accompagner sur le chemin de la vie, pour en faire quelqu'un de bien. Elle qui avait déjà du mal à cheminer seule, elle appréhendait.

Et puis, elle avait passé le pas de la porte de son petit appartement. Et elle avait su que tout irait bien. Parce qu'elle n'était pas seule. Sa mère et sa sœur l'attendait avec de grands sourires dans un endroit qui n'avait plus grand-chose à voir avec l'appartement qu'elle avait laissé en catastrophe quelques jours plus tôt. Elle se souvenait parfaitement du linge sale empilé dans un coin, des miettes sur le comptoir de la cuisine, de la vaisselle dans l'évier et du carton de pizza sur la table basse du salon.

Or, non seulement l'appartement avait été rangé et nettoyé, mais il avait aussi été aménagé. Elle avait souri en s'émerveillant du travail accompli. Charles avait voulu faire un cadeau à l'amie de Jane, que cette dernière considérait comme une sœur - Comme si elle n'avait pas eu assez de véritables sœurs...-. Il avait donc fait appel à un entrepreneur pour les travaux de déco, notamment pour aménager un espace dédié au bébé sans empiéter sur l'espace nécessaire à la jeune mère. Presque chaque meuble ou objet pour le bébé avait un parrain différent.

Jane avait choisi le lit berceau ; Mr. Et Mme Lucas, la table à langer ; M. et Mme Bennet, une lampe magique ; Mary et Mathilda avaient trouvé un trousseau de petits vêtements adorables ; Kitty avait opté pour des petits livres ; et Maria, la sœur de Charlotte, s'était associée à Lydia pour fournir un bain moussant pour bébé et des jouets de bain pour future princesse : licornes, chevaux ailés, sirènes et cygnes couronnés navigueraient dans de l'eau parfumée à la rose. Fitzwilliam avait préféré apporter un petit robot dernier cri pour réaliser les futurs repas de la future princesse. Elizabeth, pour sa part, avait choisi, sans aucune hésitation, un porte-bébé qui permettrait à Charlotte et Cecily de venir faire un tour en moto avec elle. Il fallait commencer la bonne éducation de cette petite le plus tôt possible.

Finn Collins n'offrit rien. Il s'était muré dans son silence après avoir appris que finalement il n'était pas le père de l'enfant. Les Bennet, y compris les deux aînées, étaient d'accord sur le fait que la nouvelle avait dû être rude, et comprenaient son silence. M. Collins, le père de Finn, avait rapporté à demi-mot que son fils était très affecté par ce revers, car contrairement à ce que tout le monde croyait, il s'était très investi émotionnellement dans son nouveau rôle.

En d'autres termes, maintenant qu'il était sûr de n'avoir jamais eu aucune responsabilité à assumer vis-à-vis de Charlotte et de son enfant, il le regrettait. S'il n'avait pas spécialement apprécié la semaine passée avec la mère, il s'était fait à l'idée d'être père. Et cette idée le hantait.

Aussi quand il apprit que le véritable géniteur n'avait aucunement l'intention de reconnaître ou d'avoir quoi que ce soit à faire avec sa progéniture – Tom était un être égocentrique d'un égoïsme sans limite -, il avait repris contact avec Charlotte, dont la vie chamboulée ne demandait qu'aide et soutien.

Elle avait accepté qu'il voit Cecily, et ce qui devait arriver arriva : il était tombé immédiatement sous son charme. Qui n'aurait pas eu envie d'être le père de ce petit cœur palpitant ? Jane et Elizabeth durent se faire une raison. Elles allaient immanquablement être amenées à rencontrer Finn régulièrement. Elles promirent de prendre sur elles. Après tout, Finn avait été pénible, inquiétant, et têtu, mais il n'avait jamais fait de mal à personne.

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant