Wilmington. Avril.
— Il n'abandonnera jamais, cet abruti !
Elizabeth avait lancé sa réplique dès le récit de la journée de Jane fini, alors que le repas familial était à peine entamé. L'aînée des sœurs Bennet avait parlé de l'intrusion de Finn, mais, bien sûr, avait évité de mentionner Charles Bingley. Connaissant les membres féminins de sa famille, mère comprise, chacune tenterait d'en savoir plus, voire l'encouragerait à suivre son cœur. Or, elle voulait être libre de ses choix.
Pas que ça lui ait réussi jusqu'à présent, puisque se mettre en couple avec Philip Newell ne lui avait jamais été suggéré par personne. Elle avait bien merdé toute seule sur ce coup-là.
— Je croyais qu'il s'intéressait à Mary ces derniers temps ? dit alors Lydia en reprenant une part de poulet sans rien demander à personne.
— Mary ? répétèrent en chœur les aînés en se tournant vers l'intéressée qui faisait mine de rien jusqu'à présent.
— Nous discutons religion, c'est tout ! lança la jeune femme en haussant les épaules.
— Religion ? Depuis quand ça t'intéresse ? questionna Elizabeth avec un air suspicieux.
— Depuis que... De quoi je me mêle ?! Est-ce que je te pose des questions sur ta passion pour les motos, alors qu'aucun membre de cette famille n'approuve ce choix ?
— Ok... Mais franchement, Mary. Je t'aurais pensée plus maligne concernant Finn. Méfie-toi.
— Je n'ai aucune raison de me méfier. Il est tout à fait correct et ne se mêle pas de me donner des leçons comme toi. Il est plus accessible que le pasteur Murdock et moins raisonneur.
— Ça dépend avec qui, manifestement, dit alors Jane.
— A-t-il complètement tort concernant ton couple ? dit alors Mary avec un petit air de défi.
— Nom d'un démarreur ! Mais est-ce que tu es folle ?! Je vais t'atomiser, Mary ! cria brusquement Elizabeth en se dressant comme un beau diable, faisant tanguer du même coup l'ensemble de la table.
— Elizabeth ! hurla sa mère.
— Elizabeth ! renchérit son père. Tu sais très bien comment est ta sœur ?! Pourquoi entres-tu dans son jeu !
— Et comment je suis, papa ? Je suis curieuse... dit alors Mary qui n'avait même pas frémi devant l'emportement de son aînée.
— Tu ne cesses de provoquer tout le monde avec des propos extrêmes ou intolérants, ma chère fille. C'est d'ailleurs assez épuisant, finit-il en pressant tendrement la main de sa femme.
Les querelles entre Mary et sa mère étaient épiques, la plus jeune jugeant la plus âgée avec une froideur et une intransigeance teintée de mépris.
— Bien. Je vois, conclut-elle sans pour autant arrêter de manger.
— Et voilà ! J'ai encore gagné ! s'écria alors Lydia avec un air enjoué totalement inapproprié.
— Gagné ? répéta Elizabeth bouche bée.
— J'avais parié avec Kitty que Mary n'allait pas tarder à se fâcher avec au moins l'une de vous deux. Quand vous êtes là, elle ne peut pas mener tout le monde à la baguette comme elle le fait en votre absence, finit Lydia en tirant la langue à Mary.
Kitty assise à côté de cette dernière ne parvenait pas à relever le menton de son assiette.
— Bravo Lydia ! En termes de stupidité, tu bats tous les records ! lança Mary rageuse.
— Ça suffit !
Jane ne haussait pas souvent la voix. Elle laissait cela à Elizabeth d'ordinaire, mais là, elle en avait assez. Elle avait été humiliée par son petit-ami. Rabaissée par cet idiot de Collins. Il n'était pas question de se laisser faire par l'une de ses sœurs cadettes.
— Mary, je ne te permets pas de parler de mon « couple » comme si tu savais ce que c'est, comme si tu avais la moindre expérience... Souviens-toi des discussions que nous avions sur les hommes qui prétendent toujours savoir ce qu'il y a de mieux pour les femmes, pour le corps des femmes notamment !
— Je n'ai fait que poser une question, répliqua la jeune femme avec un regard en coin.
— Tu peux bien te moquer des autres, et notamment de Lydia, tu es bien aussi sotte qu'elle ! Tu crois que Finn s'intéresse à toi ? Tu crois qu'il va vouloir de toi ? C'est un obsessionnel. Il n'a pas seulement proposé de boire un verre dans l'écurie ! Il a carrément envisagé que nous couchions ensemble pour que je me « remette en selle » ! Alors, lâche l'affaire et ne t'avise pas de donner ton avis sur des sujets que tu ne maîtrises pas ! lança alors Jane en se relevant avec une rage contenue, sous l'œil stupéfait de sa mère et d'Elizabeth.
— Tu mens ! hurla soudain Mary en se dressant. Tout à l'heure tu n'as rien dit à ce propos ! Tu viens de tout inventer !
— Je ne mens jamais, Mary ! Tu le sais très bien. Et si je n'ai rien dit, c'était pour ne pas énerver Elizabeth encore plus.
Cette dernière s'était d'ailleurs dressée en fixant Jane, éberluée.
— Je vais le tuer, articula-t-elle alors.
— Non, Elizabeth. Tu ne vas tuer personne. Tu te rassois. Et toi aussi, Mary, dit Mme Bennet d'un ton péremptoire en servant de la purée à tout le monde. J'irai voir M. Collins demain et je réglerai le problème une bonne fois pour toute. Son fils est un sinistre individu et je...
— Évidemment ! Finn n'a rien fait, mais il va encore payer... hurla Mary en s'enfuyant de la cuisine.
— Allons bon ! Voilà que Mary est amoureuse ! Et de Finn Collins... il ne manquait plus que ça... dit alors Mme Bennet en suspendant sa cuillère de purée à quelques centimètres de l'assiette de Lydia qui appuya sur la main de sa mère pour faire tomber la nourriture.
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Les sœurs Bennet
Chick-LitCette histoire s'inspire très librement des personnages d'"Orgueil et préjugés" de la grande Jane Austen. Pas de comparaison possible, mais un roman autour des sœurs Bennet de nos jours. Cinq sœurs, cinq cœurs en quête d'amour, cinq destins romanti...