Wilmington. Avril. Jane.
— Alors, prête à remonter en selle ? demanda ingénument Elizabeth en buvant une gorgée brûlante de son thé favori sous les yeux du reste de la famille attablée dans l'immense cuisine salle à manger de la maison.
Évidemment. Comment être discrète avec une sœur pareille ? Vêtue de sa tenue habituelle de cavalière, Jane fit semblant de se passionner pour l'intérieur du frigo qu'elle venait d'ouvrir pour faire diversion.
La veille, Charles Bingley avait réussi à la convaincre de venir se promener à cheval. Elle avait accepté juste avant que Darcy et Elizabeth, passablement énervés tous les deux, ne viennent écourter la soirée.
— Tu sors, Jane ? Mais tu n'étais pas de repos aujourd'hui ?! Ils t'exploitent beaucoup trop ! Tu devrais... commença sa mère.
— Je n'y vais pas pour travailler, maman. Je vais juste faire une promenade jusqu'à la corniche.
— Avec un beau mâle des plus charmants, ajouta Elizabeth en souriant.
— Jane ? Tu as rencontré quelqu'un ? s'exclama aussitôt Kitty qui n'était jamais aussi ravie que quand elle voyait des histoires d'amour fleurir autour d'elle.
La quatrième fille Bennet était une indécrottable romantique. Elle rêvait du prince charmant, mais désespérait de le trouver à Wilmington.
— On ne s'emballe pas. C'est juste le propriétaire du cheval dont je m'occupe en semaine.
— Et il est très intéressé par Jane.
— C'est bon, Elizabeth ! Ça suffit ! Est-ce que je parle de M. Fitzwilliam Darcy ?
— Mais il n'y a rien à dire sur M. Darcy.
— Vraiment ?
— Mais oui. C'est un gentleman tout à fait déplaisant dont le métier est principalement de défendre des enfo... des imbéciles, se reprit juste à temps Elizabeth en surprenant le regard courroucé de sa mère.
— Bon, on s'en fout de toute façon, vous allez finir toutes seules toutes les deux avec votre orgueil mal placé et vos préjugés de snobinardes ! lança alors Lydia en se levant de table. Maman, je vais au centre commercial cet aprem', et après, c'est soirée ciné avec les potes... finit-elle en sortant sans un regard pour ses aînées qui sont stupéfaites de sa répartie.
— C'est moi ou Lydia est de pire en pire ? lâcha alors Elizabeth.
— Pire par rapport à quoi ? demanda alors abruptement Mary qui n'en finissait pas de bouder depuis leur dernière dispute.
— Oh ! Pitié, Mary ! Tu ne vas pas commencer ! dit alors Jane avec un certain désespoir dans la voix.
— Ne t'inquiète pas, chère Jane. Je me retire. Et je me fiche de ce que tu fais de tes journées. Pour ma part, cet après-midi, je vais à l'église pour aider à la préparation de la salle. Demain, il y a un baptême de prévu pendant la cérémonie...
Un grognement de la part de M. Bennet fut le seul commentaire des parents concernant Mary avant qu'elle n'eût aussi quitté la cuisine.
— Nous pouvons compter sur toi, ce soir, Jane ?
— Oui, maman. Je serai rentrée avant la fin de l'après-midi. Il fait froid aujourd'hui.
***
Jane descendit de cheval près des derniers arbres avant la corniche. Elle attacha les rênes de l'animal à une branche basse et attendit que Charles fasse de même pour s'avancer vers le bord du surplomb. Un vent glacial soufflait sans violence cependant.
VOUS LISEZ
Les sœurs Bennet
ChickLitCette histoire s'inspire très librement des personnages d'"Orgueil et préjugés" de la grande Jane Austen. Pas de comparaison possible, mais un roman autour des sœurs Bennet de nos jours. Cinq sœurs, cinq cœurs en quête d'amour, cinq destins romanti...