Chapitre 32 Des liens invisibles et de ce qu'ils font faire

329 71 2
                                    

Wilmington. Mai. Jane.

La veille, Charles Bingley avait accepté, une fois de plus, de laisser partir Jane sans rien obtenir que quelques baisers, certes passionnés, mais solitaires. La jeune femme savait pertinemment qu'elle allait devoir faire un choix. Ça n'était pas humain de laisser un homme dans l'expectative comme elle le faisait. Elle ne pouvait pas demeurer dans cet entre-deux illusoire que sa peur lui imposait. Il fallait qu'elle fasse un choix.

« Bien dormi ? »

« Agité » répondit-elle au premier message de Charles.

« Pas trop de cernes et un teint de rose, j'espère... »

« Ça pourra aller pour un dimanche en famille »

« Pour moi aussi, ce sera en famille. »

« ??? »

« Mes sœurs sont arrivées tôt ce matin pour une visite surprise. »

« Vous vous entendez bien ? »

« Ça dépend, c'est bon comme réponse ? »

« ;-) »

Jane abandonna son téléphone sur le lit avec la sensation d'avoir 16 ans et de discuter avec son crush du moment. Elle sourit et descendit pour prendre un petit déjeuner rapide. Si Charles était avec sa famille aujourd'hui, il n'irait pas au centre équestre. Elle allait donc y rendre une petite visite à Olympus et aux autres chevaux dont elle s'était occupée les semaines précédentes.

Durant son séjour à New-York, elle avait souffert pour deux raisons majeures : l'absence de nouvelles de la part de Charles Bingley, car oui, il lui avait manqué, même si elle ne le reconnaissait pas, et l'absence des chevaux qui avait embelli son quotidien pendant plusieurs semaines.

Elle avait revu Charles et leur relation semblait progresser dans un sens qui lui convenait. Restait à revoir les chevaux. Et ce, même s'il pleuvait à verse. Elle s'équipa en conséquence et sortit sans se préoccuper de rien. Sans remarquer, notamment, le canapé vide de toute présence humaine, et où Charlotte était pourtant censée dormir.

***

— Salut Jack.

— En voilà une qui est bien matinale pour un dimanche matin ! Que fais-tu ici ? Ne me dis pas que tu es revenue te faire exploiter à cause de ton cœur brisé ?

— Mon cœur n'est plus si brisé, Jack.

En disant cela, Jane se rendit compte que c'était vrai. Lorsqu'elle avait découvert la trahison de Philip, elle avait bien senti un effondrement quelque part au niveau du cœur. Mais cet effondrement avait été de courte durée, finalement. Elle n'avait pas passé des semaines à se demander ce qu'elle avait fait ou non pour mériter ça. Ce qu'elle avait ou n'avait pas, en l'occurrence, pour provoquer la fin d'une histoire longue de cinq ans.

Si elle voulait être franche, sa vie avec Philip avait la saveur de l'habitude et de l'ennui. Ils étaient passés directement à la case vieux couple en colocation, sans avoir jamais réellement expérimenté celle du couple passionné.

Ils s'étaient mis ensemble dès la première année de fac parce qu'ils étaient compatibles, parce que rien ne les en empêchait, parce que ça semblait la chose à faire. Ils étaient restés ensemble, parce que c'était confortable, parce que les autres enviaient leur couple si en harmonie. Tu parles d'harmonie ! C'était juste qu'elle, Jane, ne contredisait jamais Philip qui peu à peu avait pris les choses en mains, sans jamais rien lui demander.

Mais c'était sa faute, elle en était consciente. Jane s'était laissée porter, pensant que la vie à deux n'avait rien d'autre à offrir. Sauf que, manifestement, si, la vie avait beaucoup d'autres choses à offrir. Délicieuses et tentatrices.

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant