Chapitre 80 Une vengeance

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Wilmington. Avant le nouvel an.

Fitzwilliam n'était pas sorti réconforter Elizabeth. Lui aussi était furieux. Newell avait été son client. Il ne comprenait pas comment cet homme, soi-disant brisé par sa rupture avec Jane, avait pu en arriver là ? Comment il avait pu croire qu'il pourrait se venger de la famille Bennet de cette façon sans rien encourir ? Lydia était mineure. Elle n'aurait 18 ans que dans quelques mois. Il ne pouvait pas espérer de clémence.

À moins qu'il ne compte disparaître ? Mais dans ce cas, il devait déjà être en partance, car il n'était pas assez stupide pour croire qu'une fois la vidéo envoyée, la famille Bennet ne réagirait pas.

L'avocat prit son téléphone et composa le numéro de son ancien client.

***

Le policier discutait calmement avec Amy. Il notait parfois quelque chose sur son carnet. Son coéquipier expliquait aux parents ce qui allait se passer. Lydia avait fugué. Elle n'avait manifestement subi aucune contrainte et semblait même contente de son sort. Elle serait donc plus difficile à retrouver. Mais la police de New-York avait été mise au courant. Elle ferait son possible pour suivre sa piste depuis les gares routières d'Albany et de New-York. Il regrettait d'avoir eu tardivement les informations capitales. Il aurait été plus simple de cueillir la fugueuse au terminus du car.

Si le nom de Newell avait bien été évoqué, personne ne parla de la vidéo porno. Pour le moment, rien ne permettait d'affirmer que Lydia était avec Newell. Comme rien ne permettait d'affirmer non plus, qu'il tiendrait parole si on lui foutait la paix. Pour le moment, pour la police, Lydia était partie seule à New-York pour trouver la gloire.

***

Charles Bingley était sorti pour appeler Global Security, afin de les engager officiellement sur cette affaire, parce qu'il voulait que sa Jane retrouve la paix et cesse de s'en vouloir. La jeune femme s'était reprise, mais son calme apparent masquait mal la tempête qui rugissait en elle. Charles ne cessait de lui dire que personne n'aurait pu deviner le degré de nocivité de son ex, jusqu'où il serait prêt à aller pour nuire aux Bennet.

Elle, elle ne pensait qu'aux deux boites dissimulées dans son ancien appartement. À celle qu'elle avait rendue, pleine de drogues et de polaroids de jeunes femmes sous emprise. À celle qu'elle avait gardée pour donner son contenu à une association pour femmes maltraitées. Si elle en avait parlé à sa famille au lieu de tout garder pour elle, Lydia n'aurait pas fait l'erreur de faire confiance à Newell. Si Jane n'avait pas écouté son orgueil la guider vers le silence, elle aurait pu éviter que sa petite sœur ne se fourvoie.

***

Jane posa trop brutalement la tasse qu'elle tenait à la main jusqu'à présent. La porcelaine se brisa nette, répandant son contenu sur le comptoir.

— Jane ! s'écria Elizabeth en venant à son secours.

Elle enlaça sa sœur en vérifiant qu'elle ne s'était pas blessée.

— C'est de ma faute, Lizzie, murmura l'aînée en se retenant de pleurer.

— Non, Jane. C'est la mienne. Je n'aurais pas dû être aussi vindicative envers lui. J'aurais dû sentir son côté malfaisant. J'aurais dû aussi me douter que Lydia, qui n'a jamais rien eu dans la tête, ferait une connerie monumentale à New-York !

— Lizzie ! Ne l'accable pas trop... Elle est jeune...

— Jane. Lydia va ruiner sa vie et la nôtre aussi. Maman et papa ne s'en remettront pas ou difficilement. Comment veux-tu qu'ils acceptent que leur dernière fille soit assez stupide pour tomber aussi bas avec le sourire ! Tu as vu les vidéos ! Elle est heureuse de sa connerie ! Je ne sais pas ce qu'elle croit dans sa caboche d'idiote, mais elle va tomber de haut, et nous avec.

— Elle ne sait rien, sans doute. Elle doit ignorer que la vidéo existe.

— Vraiment ? Tu as vu les angles ? Si elle n'a pas vu la caméra, c'est qu'elle était aveugle ! Non ! Je suis sûre que ça l'a amusée ! Elle est d'un égoïsme sans borne, Jane.

— Elle était droguée, dit alors Mme Bennet en regardant durement ses deux aînées.

— Maman ! Tu ne vas pas t'y mettre ! Elle l'était très certainement, mais pas assez pour ne pas être active ! Elle n'a pas été violée, bordel !

— Ça suffit, Elizabeth ! Ta sœur a besoin de notre aide, pas de tes remontrances.

— Tu as raison. Je les garde pour quand elle sera là ! Tu ouvriras alors peut-être les yeux sur la vanité et la stupidité de ta dernière fille, éclata Elizabeth avant de sortir pour prendre l'air.

Elizabeth ignorait où se trouvait Fitz. Il avait disparu après avoir appris la nouvelle. Elle ne lui en voulait pas. Cette histoire était sordide, et lui qui avait déjà une piètre opinion de la famille Bennet devait regretter d'avoir envisager une relation avec l'une de ses filles. Sans compter qu'il avait été l'avocat de Newell. De quoi aurait-il l'air ?

***

Fitz conduisait vite, ce qui n'était pas dans ses habitudes. Mais il n'avait pas le choix. Il pensait savoir où se trouvait Lydia. Newell avait répondu à son appel. Il y avait beaucoup de bruit autour de lui. Une fête. Il avait rigolé face aux questions de son ancien avocat, dont il ignorait la nature des relations avec Elizabeth. Enfin, jusqu'à ce que Lydia le lui dise en gloussant près de lui. Elle était donc bien avec lui.

Newell avait paru surpris, mais ne s'était pas formalisé de l'information. Il avait même plaint l'avocat, avant de lui annoncer que Lydia et lui étaient fiancés et qu'ils convoleraient officiellement dès qu'elle aurait 18 ans. C'est à dire deux mois plus tard.

Convoler ? Darcy avait de plus en plus de mal à comprendre Newell. Pourquoi s'encombrer de Lydia ? L'aimait-il vraiment ? Ou faisait-il ça pour voir la tête de ses futurs beaux-parents quand ils leur rendraient visite ? La vengeance ferait long feu. Et Lydia ? Il savait qu'elle rêvait de gloire. Pensait-elle l'atteindre en se mariant avec Newell ? Que lui avait-il promis pour qu'elle accepte ?

Fitz avait cherché à convaincre Newell de le rencontrer. L'autre lui avait dit qu'il n'avait qu'à le trouver... avant de raccrocher dans les rires de Lydia.

Darcy avait ensuite appelé Amalia Baptista-Peña dont il avait enregistré le numéro après qu'elle lui ait donné sa carte lors de leur première rencontre. Même si sur le moment il avait trouvé cette femme bizarre, il ne perdait jamais un contact, quel qu'il soit. Il s'en félicitait, car l'organisatrice de soirée connaissait tous les évènements en cours à New-York, et où ils se tenaient.

Maintenant, il fallait espérer qu'il arriverait avant que le couple ne disparaisse.

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant