Chapitre 35 Conseils d'ami et recommandations familiales

328 64 22
                                    

Wilmington. Mai. Elizabeth.

— Tu as fait quoi ?! Mais t'es une grande malade, sœurette ! éclata Elizabeth en riant. La tête qu'il a dû faire ! Oh ! J'aurais trop voulu voir ça !

La jeune femme se tordait de rire sur le lit de Jane. Elle portait un jogging peu seyant et un tee-shirt à l'effigie d'un obscur groupe de rock de son adolescence. Si Jane avait beaucoup pris au physique juvénile de sa mère, petite taille et cheveux blonds compris, Elizabeth tendait plutôt à ressembler à son père : mince, élancée, cheveux bruns bouclés.

Ces derniers avaient été son pire cauchemar pendant toute son adolescence où elle les avait lissés et attachés pour échapper aux frisottis intolérables qui brouillaient, selon elle, l'ovale parfait de son visage, et focalisaient l'attention sur eux plutôt que sur ses ravissants yeux noisette.

Jusqu'à ce qu'elle finisse par admettre qu'elle n'aurait jamais le dernier mot avec eux. Elle avait alors commencé par les couper très court, puis finalement, les avait acceptés tels qu'ils étaient. Ce qui donnait en ce jour, une masse bouclée faisant penser qu'elle sortait d'un ouragan... pas très sexy, mais incroyablement mignon. Sans compter que là, en cet instant, dans ces fringues moches, riant aux éclats, Elizabeth paraissait avoir quinze ans.

Jane aurait préféré se couper un bras plutôt que d'oser le lui dire, parce que sa sœur ne cherchait pas à être « mignonne ». Elle était une maîtresse-femme, la détermination chevillée au corps, et son inlassable envie de combats rapprochés, en bandoulière. Elizabeth, en bien des points, était l'exact opposé de Jane. Elle, elle n'aurait pas perdu cinq ans de sa vie avec un Phil dont les « sentiments » ne cherchaient qu'à l'enfermer dans une case de l'échiquier social. Elle n'aurait pas non plus eu peur des sœurs de son nouveau crush. Elle les aurait envoyées se faire cuire un œuf chez les papous.

— Tu ne m'aides pas beaucoup, là ?! Comment je fais face aux « vilaines sœurs » !

— Tu ne fais rien ! Ses sœurs vont repartir, et s'il est aussi amoureux qu'il le prétend, ce que je crois, il reviendra vers toi et ne s'occupera pas de ses affreuses péronnelles. Quant à Darcy, je ne l'ai pas pris par le bon bout. Mais j'en fais mon affaire !

— Ton affaire ? Que vas-tu faire, Lizzie ?

— Rien de tragique, ni de sanglant. Je vais m'arranger pour qu'il dégage, ou au moins qu'il la ferme, le temps nécessaire.

— Je ne te suis pas. Le temps nécessaire à quoi ?

— À la concrétisation de votre folle passion à toi et à Charles. S'il le faut, je suis prête à l'enfermer dans mon appart et à donner de ma personne. Après tout, si on passe outre son arrogance et son mépris de classe quasi pathologiques couplé à son sale caractère, il est plutôt pas mal. J'en ai mis des pires dans mon lit.

— Elizabeth !

— Ben quoi ! Tu sais que je ferai n'importe quoi pour toi !

— Pour moi, hein ?! Dis plutôt qu'il te plaît ! Ce que je ne comprends pas, d'ailleurs ! Il est tellement désagréable !

— Il ne me plaît pas du tout, mais j'adore les challenges ! lança Elizabeth en souriant.

— Tu parles d'un challenge ! Ce type, c'est l'Everest de l'amour ! Il est froid comme la banquise, et puis, ce mépris ! C'est insupportable !

— Bon, je reconnais qu'il m'énerve aussi un peu ! C'est vrai ! Mais si c'est juste pour s'amuser.

— Tu es vraiment étonnante Elizabeth, mais si l'idée d'attacher cet idiot dans ton appart pour qu'il te serve de toyboy m'amuse, tu ne feras rien de tel, n'est-ce pas ?

Les sœurs BennetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant