Chapitre 10

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Après plusieurs heures, deux individus inexpérimentés, errait sans but dans l'immense forêt, leurs voix rauques à force de crier, et n'entendaient encore que leurs propres échos.

Le chemin vers la montagne devenait de plus en plus difficile ; les chevaux ne pouvaient plus monter, ils devaient donc avancer à pied.

Xiao Bao, un jeune maître choyé qui avait toujours été porté, même pour aller aux toilettes lorsqu'il était enfant, n'avait jamais connu une telle épreuve. Il n'avait pas mangé depuis la nuit précédente, il était épuisé, affamé et anxieux, et sa vue commençait à se brouiller. À bout de forces, il s'effondra sous un arbre.

Zhaocai Jinbao était effrayé. « Jeune Maître... Qu'est-ce qui ne va pas ? ... »

Xiao Bao, la voix rauque, murmura : « J'ai tellement faim...  J'ai tellement faim... » Son estomac grogna comme pour acquiescer ses propos .

Zhaocai Jinbao soupira. « Jeune maître, reposez-vous ici un moment. Je vais aller chercher de quoi vous rassasier. »

Xiao Bao resta étendu sur le sol, la tête appuyée contre le tronc d'un arbre, tel un cadavre. D'une voix faible, il murmura : « D'accord... Fais attention sur la route... »

Zhaocai Jinbao, un véritable artiste martial, malgré sa gorge rauque, ne montrait aucun signe de fatigue. Il marchait avec confiance, faisant crisser les brindilles et les feuilles brisées sous ses pieds.

« Nous devons manger de la viande ! » Xiao Bao cria de toutes ses forces en direction d'où Zhaocai Jinbao avait disparu, puis commença à somnoler. 

Alors qu'il était sur le point de s'endormir, il entendit à nouveau le bruit de brindilles et de feuilles que l'on piétinait. Xiao Bao, inconscient de la notion du temps qui s'écoulait, ne souleva même pas les paupières et demanda : « Tu reviens si vite ? ».

Il n'obtint aucune réponse. Xiao Bao renifla, mais ne détecta aucun arôme de viande ; à la place, il y avait une forte odeur de sang.

Les yeux écarquillés par l'horreur, Xiao Bao s'efforça de concentrer son regard. Devant lui se tenait une silhouette floue couverte de sang, les cheveux ébouriffés, tenant une épée brisée, qui se balançait en s'approchant. Dans la vision de Xiao Bao, elle apparaissait encore de travers, ressemblant aux créatures mortes-vivantes des histoires de fantômes.

Xiao Bao cria et bondit du sol, sauta le plus loin possible  en criant : « Non non non non non, n'approchez pas plus près... »

À chaque fois que le « mort-vivant » avançait, Xiao Bao reculait de trois pas, tremblant. Finalement, il se souvint qu'il avait une épée et la sortit rapidement.

Cette épée était remarquable. Mais, à l'instar de son superbe cheval, elle avait été gâchée par un maître qui n'en avait jamais tiré tout le potentiel. Un véritable gaspillage de ressources précieuses.

Mais s'il ne brandissait pas la plus prestigieuse et coûteuse des épées, dont le prix avait été gonflé à cent mille taels d'argent à l'époque, et que Xiao Bao considérait comme insignifiante, comment prouverait-il sa richesse ? Xiao Bao maîtrisait l'art de l'ostentation ; il savait que, pour un parvenu, l'essentiel était de se faire remarquer !

À présent, cette épée exceptionnelle frémissait dans les mains d'un novice, pointée de manière vacillante vers le « mort-vivant », tremblotant de toutes parts, tandis que son porteur, secoué par la peur, ne cessait de répéter ses avertissements de ne pas s'approcher.

Le « mort-vivant » trébucha soudain, tombant lourdement sur un genou, se rattrapant de justesse à son épée brisée pour éviter de s'effondrer davantage. 

Voyant qu'il se débattait vraiment, Xiao Bao se retourna pour s'enfuir. 

« Vous... attendez...»

Il était encore en vie.

Xiao Bao réfléchit un instant. Cette personne était gravement blessée, elle ne pouvait donc pas représenter une menace pour lui, et il y avait de fortes chances qu'il s'agisse d'un ennemi de sa femme. Il devrait profiter de l'occasion pour l'interroger sur l'endroit où se elle se trouvait.

« Vous êtes... Jin Xiao Bao. » 

Ce dernier se retourna avec une pointe de surprise, « Comment le savez-vous ? » Il réalisa alors que sa réputation de jeune maître renommé et élégant de la ville de Suzhou était largement connue, et qu'il n'était donc pas nécessaire de le demander à nouveau.

« - Dépêchez-vous... dépêchez-vous de sauver ma maîtresse... 

- Votre maîtresse ? Est-ce que c'est... Huai En ? 

- Oui... dépêchez-vous... » Puis l'homme indiqua une direction en tremblant.

Xiao Bao s'approcha prudemment et dit : « Êtes-vous sur le point de mourir ? »

Le visage taché de sang de l'homme se tordit en un affreux sourire : « À peu près... Arrêtez de parler... Dépêchez-vous... »

Xiao Bao sortit alors une bouteille en porcelaine de son vêtement intérieur et dit : « Il s'agit d'un médicament de très bonne qualité pour les blessures provenant des régions occidentales. Je n'ai pas le temps de vous l'appliquer pendant que je vais sauver votre maîtresse. Mes serviteurs seront bientôt là pour vous aider. Dites-leur d'amener plus de monde. Puisque vous pouvez encore parler autant, il y a encore de l'espoir pour vous. » Puis après avoir fini, il s'élança dans la direction indiquée par l'homme.

En le regardant disparaître peu à peu, le corps de l'homme finit par sombrer lentement dans un sommeil profond. 

Xiao Bao était déjà à bout de forces, mais l'idée de retrouver Huai En lui redonna immédiatement de l'énergie. Rassemblant tout ce qu'il lui restait de vigueur, il se lança en courant à travers les bois, s'enfonçant toujours plus profondément.

Après plus de quinze minutes de course, il remarqua que les traces au sol devenaient de plus en plus nettes. Plus loin, les arbres environnants étaient considérablement endommagés. Il savait qu'il était sur la bonne voie.

Bien qu'il ait voulu se précipiter sur-le-champ, ses forces l'abandonnaient. La brève poussée d'énergie l'avait vidé, rendant son corps récalcitrant. Serrant les dents pour endurer la douleur lancinante de ses jambes, il avançait malgré tout, attiré par les bruits de combat qui se faisaient de plus en plus intenses.

Le cœur de Xiao Bao battait la chamade.

Il ne savait pas... si elle allait bien... ou si elle était gravement blessée...

Il  s'approcha alors prudemment en suivant les bruits.

Blooming flowers - Traduction Française - DanmeiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant