Daímôn n'en crut évidemment pas ses oreilles.
— Vous êtes..., balbutia-t-il, ébaubi.
La déesse se para de son plus beau sourire chaleureux. Ses yeux pers uniques pétillaient tant de ravissement !
— N'aie crainte,mon ami, je ne suis ici que pour te protéger.
Daímôn voulait bien la croire : Athéna inspirait immédiatement la confiance. La vierge guerrière semblait si puissante. C'était la plus belle femme que Daímôn eût vue de toute sa vie. Finement ciselé, son visage était gracieux. Son casque, d'où une mèche brune finit par dépasser, lui conférait une allure de farouche combattante. Mais c'était sans nul doute la couleur de ses iris, où l'on ne percevait entre autres que sagesse et profonde intelligence.
Une chouette sur son épaule – les ailes brunes parsemées de taches blanches et le plumage ventral ivoire – se tenait fermement accrochée avec ses serres à l'épaule gauche nue de sa maîtresse, sans pour autant la blesser. En y regardant de plus près, on pouvait observer que les taches sur les plumes formaient des symboles : un olivier, une lance, un bouclier, un casque... ainsi qu'une étrange tête féminine monstrueuse aux cheveux en serpents.
Oui, Athéna, ainsi accompagnée de sa chouette chevêche, était tout simplement magnifique !
— Allons, mon ami, cesse donc ! dit Athéna d'un ton amusé. Aphrodite(Ξ) brûlerait de jalousie et de colère d'ouïr pareil éloge sur ma personne. Elle qui désirait tant te rencontrer !
Sa voix était suave et pleine d'assurance. La chouette hulula, comme en signe d'approbation.
Alors les dieux sont réels... et pis que tout me guettent ? en vint à se demander Daímôn. Après tout, Athéna venait d'affirmer qu'elle n'était là que pour le protéger.
— Évidemment, fit Athéna.
— Vous avez lu dans mes pensées ? constata Daímôn, brisant enfin le silence qui entravait sa gorge. (Sans se permettre de faire un commentaire désobligeant, il trouva fort détestable que la déesse pût ainsi avoir libre accès ainsi à ses pensées les plus personnelles.) Et Aphrodite, la déesse de l'Amour... Que voulez-vous dire par « rencontrer » ?
— Bien sûr que j'ai lu dans tes pensées. C'est là l'un de mes nombreux pouvoirs, commun à tous les autres dieux, aussi mineurs soient-ils dans la hiérarchie de l'Olympe. Quant à ta seconde interrogation, Aphrodite souhaite effectivement te rencontrer. Ma belle-sœur ne jure que par les hommes et les femmes à la beauté radieuse, et je dois bien admettre que tu es pourvu du charme des héros qu'elle affectionne tant. Un jeune éphèbe, n'est-ce pas ? Étonnant ! Peut-être que sous cette forme, tu pourrais même acquérir le droit de pénétrer dans son harem privé sur le mont Olympe. Oh, bien sûr, elle aurait aussi bien pu t'enlever elle-même, comme elle le fit de nombreuses fois jadis, mais je le lui ai interdit.
» Trêve de bavardages, là n'est pas la cause pour laquelle nous nous rencontrons. De nombreuses questions doivent sûrement te brûler les lèvres, n'est-ce pas ? Notamment pourquoi tu te retrouves en ce lieu ?
— Encore faudrait-il que je sache ce qu'est ce lieu..., souffla Daímôn. Suis-je encore dans le monde des mortels ?
— Asseyons-nous avant, veux-tu ?
La déesse continua d'arborer son plus beau sourire denté. Elle leva une longue et fine main devant elle, et un banc au marbre blanc soyeux apparut entre eux. Face au phénomène surnaturel, Daímôn fut pris d'un mouvement de recul. L'Olympienne s'installa sur le banc et incita le jeune homme à s'asseoir à côté d'elle. Daímôn n'hésita guère longtemps, ne voulant surtout pas offenser Athéna. Il se posa donc bien droit, sans cesser de fixer la déesse dans les yeux, comme s'il ne pouvait s'empêcher de se perdre dans ce bleu-vert étrange et unique qui lui rappelait les iris d'Adrastéia...
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Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
Fantasi« La vie d'un mortel est difficile ? Celle d'un dieu l'est infiniment plus ! » Lorsque les Bienheureux emportent la jeune sœur de Daímôn, son existence s'en retrouve chamboulée à jamais. Mais telle est la voie que le destin a choisie afin de l...