— Que fait le Parjure de l'Olympe ici ? s'enquit Apollon d'une voix ferme et dure.
— Le « Parjure de l'Olympe » ? répéta Daímôn surpris.
Les deux immortels se toisèrent. S'ils en avaient été capables, un simple clignement d'yeux les aurait détruits l'un l'autre. La tension fut d'autant plus tangible !
— Pensais-tu que l'on te nommerait autrement, fils de Kháos ?! fulmina Apollon. Ta présence parmi nous est un affront, traître ! Tu ne respectes pas ton serment. Alors que tu te dois de protéger les dieux par le rôle que ton père t'octroya, voilà que tu t'obstines à les détruire ! Croyais-tu sincèrement que les conséquences de tes actes resteraient impunies ? que nous autres, Olympiens, resterions de marbre ? Tu as bien failli détruire Arès avec ton maléfice ! Bien que guéri physiquement, son esprit demeure anéanti ! Tu es un danger pour nous tous !
» Sache que nombre de dieux se sont retournés contre toi, et très bientôt, tu seras frappé d'exil, enchaîné et surveillé à jamais en plein cœur des terres les plus arides du Tartare ignominieux !
Non, nous t'effacerons totalement de ce monde ! s'avisa Apollon.
Daímôn fit volte-face et observa Athéna. Celle-ci ne pipa mot et se contenta de décocher un regard sévère à son frère. La situation était donc plus désespérée qu'elle ne l'avait estimée au départ...
— Plus que quelques voix exhortant ta condamnation, et c'en sera fini de toi, Parjure de l'Olympe ! cracha le fils de Létô. Tu succomberas et disparaîtras de nouveau, tu rejoindras le destin de feux tous tes disciples ! Le néant sera ta seule villégiature ! La paix régnait avant que tu ne viennes ici, avant qu'Athéna ne s'évertue à te retrouver !
Cette dernière s'avança afin de faire taire son demi-frère, mais Daímôn bloqua son élan en tendant le bras. Qu'importent les mots d'Apollon, les dieux n'étaient bons qu'à geindre comme des enfants !
— As-tu fini ta chanson ? répliqua-t-il sèchement. Je ne suis pas venu échanger avec toi de futiles paroles. Je me fous de l'avis des dieux me concernant, Souverain de la Lumière. Je ne me présente à toi que par nécessité. Narre-moi les événements qui mettent en œuvre le dernier des grands dragons et toi-même !
— Python ?
— Exactement ! répondit Daímôn en serrant les dents.
Apollon rit théâtralement à gorge déployée.
— Python, modeste adversaire ! Cette bête était féroce, certes, mais elle était trop stupide pour vaincre un dieu. Elle terrorisait les contrées, dévorait les troupeaux et les hommes. Elle est morte dans une très lente agonie. J'ai dû me débarrasser de son sang pour pouvoir rencontrer mon oracle, à Delphes. Mes flèches de lumière l'ont d'abord pétrifiée, puis l'ont vidée de son sang nauséabond. Elle a hurlé, si fort ! Ses cris étaient si doux, si jouissifs à mes oreilles !
La fureur de Daímôn continua son ascension.
— Tu l'as donc tuée car elle s'en prenait aux mortels ?
— Oh, telle est la raison première que l'on pourrait prêter à mon « exploit ». Ha ! mais ce n'est que mensonge et maquillage de la vérité ! C'était avant tout par pure vengeance !
» Python, envoyée par Héra, empêcha ma merveilleuse mère, Létô, d'accoucher. Artémis et moi restâmes bloqués dans son ventre, lui prodiguant des souffrances insupportables. Ce ne fut qu'en atteignant l'île d'Ortygie, que je baptisai alors Délos pour la remercier, que ma mère, avec l'aide d'Ilithye, par la grâce de Zeus et de Poséidon, put enfin enfanter. Une fois suffisamment puissant, je retrouvai la trace de la scélérate, laquelle semait la terreur à Delphes. Je l'éliminai alors pour me venger, et en récompense, les oracles de Delphes devinrent miens. Je fus dès ce jour considéré comme le dieu de la Mantique et des Prophétesses.
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Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
Fantasía« La vie d'un mortel est difficile ? Celle d'un dieu l'est infiniment plus ! » Lorsque les Bienheureux emportent la jeune sœur de Daímôn, son existence s'en retrouve chamboulée à jamais. Mais telle est la voie que le destin a choisie afin de l...