ΔΓΙ - Ἀπιστία (partie 4)

35 6 0
                                    

Pandore et Héphaïstos s'assuraient bien que personne ne vînt les déranger durant leur laborieux travail. Cela faisait maintenant cinq jours qu'elles étaient entreposées dans un grand vase en argile plongé dans la lave. Le vase à figures noires, semblable à la jarre de Pandore, était ignifugé, même contre la lave, grâce à Héphaïstos. Pandore ignorait ce que signifiaient les étranges glyphes qui recouvraient cou, épaules, panse et pied de la céramique, tout comme le dieu de la Forge.

Depuis trois jours, celui-ci s'échinait à jeter tout son pouvoir divin dans le vase. La tâche pour les faire évoluer était fort ardue. Elles restaient inertes mais aspiraient, comme un trou noir, l'énergie d'Héphaïstos. Il suait à grosses gouttes, et ce n'était nullement à cause de la chaleur étouffante qui régnait dans l'atelier. Elles l'épuisaient totalement, le poussaient dans ses derniers retranchements. Pis, il avait déjà employé une grande partie de ses pouvoirs afin de nettoyer le plus rapidement possible la zone où le volcan – sa première réserve – était entré en éruption, et surtout pour supprimer tout souvenir et élément suspect de l'esprit des mortels limitrophes. Il ne désirait pas qu'ils vinssent fouiner ici. Non pas qu'Héphaïstos détestât les humains – ils trouvaient cette dernière génération incroyable ! – mais il aimait la tranquillité et se savoir totalement invisible à leur perception, autant physiologique que technologique.

— Papa, tu devrais y aller doucement, dit Pandore, inquiète quant à son état.

— Je ne peux pas, ma chérie, souffla Héphaïstos durement. Il faut à tout prix que demain, elles aient commencé à fusionner entre elles, sinon je ne pourrai pas les travailler convenablement.

— Mais nous n'avons même pas encore tout récupéré !

— Nous y retournerons demain, quand ils seront tous partis.

Pandore souffla. Elle était épuisée de ces allers-retours sans fin.

— Tu es sûr que nous ne devrions pas en parler à Daímôn ? ou même à Athéna ? demanda-t-elle.

— Sûr et certain, ma puce. Ça ne servirait à rien de leur donner un faux espoir. Je doute d'y arriver, tu sais ?

— Tu es le seul à pouvoir le faire. Tu es un génie, et puissant. Je suis sûre que tu peux y arriver !

Héphaïstos remercia sa fille. C'était bien la seule à lui procurer autant de bonheur et à lui conférer autant d'amour. Pas comme Aphrodite ! Lui qui pensait que les choses s'arrangeaient entre eux, voilà que tout avait dégringolé. Il repensa à leur sévère dispute à propos du passé lorsqu'elle était revenue prendre des nouvelles de son bâtard de fils, Cupidon. Héphaïstos ne pouvait lui pardonner sa tromperie. Avec son frère, en plus ! Jamais ! Depuis le coup du filet, la guerre était déclarée ! Et Cupidon... Il n'avait jamais été aimable avec lui, mais c'était bien elle qui avait commencé... commencé à insulter sa merveilleuse Pandore :

« Ce n'est pas ta fille ! Elle n'est même pas humaine ! avait hurlé Aphrodite. Ce n'est qu'un poison destiné à Épiméthée. Ne fais pas de cette chose une mortelle, au même titre que tous ceux que nous avons créés. Cette... créature est une abomination, le fléau de l'humanité ! Tu n'as jamais été capable de mettre au monde de vrais enfants. Ne te convaincs pas que cette masse d'argile et d'eau, animée par la seule volonté des dieux, est semblable aux hommes ! »

Pandore n'avait jamais entendu son père rugir si fort, bien qu'en vérité c'était elle qui avait débuté les hostilités verbales avec l'Olympienne... Toujours est-il que rompu à la dispute, Héphaïstos avait ordonné à Aphrodite de partir. La pauvre immortelle avait même cru qu'il allait la frapper de son marteau. L'odieuse fille d'Ouranos n'y avait échappé que de peu...

Les plaies étaient toujours ouvertes et ne se refermeraient sans doute jamais !

— Et tu crois que Daímôn parviendra à la porter ? à la contrôler ? s'enquit Pandore.

— Il le faudra car si j'y arrive, mais qu'il ne parvient pas à canaliser le pouvoir qu'elle renferme, alors ce sera de mauvais augure pour nous tous.

C'était le risque, mais il en valait le coup.

— Allez, courage ! s'enthousiasma Pandore. Tu vas y arriver, et Daímôn aussi. Je vous fais pleinement confiance pour cela !

Héphaïstos décupla ses efforts, enhardi par les mots bienveillants de sa fille, et se focalisa entièrement sur son travail, oblitérant le monde autour de lui, ne percevant plus que Pandore et la pression énergétique ambiante.


(suite du chapitre 16 en suivant...)

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant