Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]

Mémoires XII

« 1 Il y eut de nombreux héros qui accomplirent de grands travaux et qui ne sont fils du supérieur Zeus. Parmi eux comptent les jumeaux nés de Borée et d'Orithye, Calaïs et Zétès, nommés "Boréades". À l'instar de leur père, démons ailés à la grande force, et pourvus de la beauté royale de leur mère, ces demi-dieux mortels rejoignirent l'expédition des Argonautes aux côtés de Jason et d'Héraclès afin de ramener la célébrissime Toison d'or qui vous passionne encore, mes chers mortels. 2 Cléopâtre, fille de Borée et sœur cadette des Boréades, fut en premier lieu mariée à Phinée, roi de Thrace, et en eut deux enfants, Plexippos et Pandion. Un jour, les Argonautes, désireux de jouir des dons de divination de Phinée, firent halte en Thrace. Attendris par le sort conféré par le Soleil à leur beau-frère, Calaïs et Zétès tuèrent les harpyes qui le tourmentaient. 3 Mais le Destin jamais ne se lasse de briser ainsi une confiance partagée, et l'homme est si faible face à l'appel primaire de l'Éros unificateur. 4 Un jour, Phinée rencontra la belle Idæa, princesse de la sauvage Scythie, et répudia Cléopâtre pour l'épouser. Jalouse de ses deux beaux-fils, Idæa prétendit que ceux-ci avaient voulu la séduire. Sur cette perverse et malicieuse accusation, Plexippos et Pandion eurent les yeux crevés et furent jetés en prison. Le Destin voulut que les Argonautes revinssent auprès de Phinée quémander ses conseils sur la route la plus sûre afin de toucher la Toison d'or. Ayant découvert l'horrible trahison dont écopait leur sœur et le terrible châtiment qui foudroyait leurs neveux, ils se vengèrent : Phinée eut à son tour les yeux crevés et la vaniteuse Idæa fut renvoyée sans sommation dans sa patrie d'origine. 4 Ainsi, je vous le dis, mes chers mortels : ne cherchez jamais à violenter famille d'autrui, car alors la vengeance des membres qui ne furent directement touchés cherchera toujours à vous frapper telles les flèches des jumeaux de Létô ! »

Mémoires d'Athéna, I, 190