ΔΙ - Βορέας (partie 5)

57 12 26
                                    

Hécate avait l'impression d'avoir quitté le mont Olympe depuis une éternité, bien que quelques jours seulement se fussent écoulés. Elle réapparut au cœur du second étage sous le regard médusé de plusieurs déités qui ne manquèrent dès lors pas de jaser.

Je dois me hâter !

Elle se dirigea sans plus attendre vers son temple, s'attendant fort à souffrir quelques dégâts du fait de son absence. Elle devait par ailleurs rejoindre Psyché et Volupté avant de repartir pour la frontière italienne. Fort heureusement, sa demeure n'avait rien subi ; même les torches brûlaient toujours de leurs flammes vert ténébreux.

Avant qu'elle n'eût le temps de s'élancer à travers le portail, les deux statues de part et d'autre prirent vie. Elles vinrent à la rencontre de leur mère et se serrèrent contre elles en sanglots.

— Tu es revenue ! fit l'une.

— Enfin ! dit l'autre.

— Ne vous inquiétez plus, mes chéries, les consola-t-elle. Je ne m'absenterai plus aussi longtemps loin de vous, car je vous emmène avec moi.

Les deux jeunes filles à l'aspect chimérique sourirent à l'annonce de cette nouvelle. Elles ne voulaient plus rester ici, au sommet du mont Olympe où la tension entre les dieux était devenue terriblement tangible.

— Où partons-nous ? demandèrent-elles.

— Oui, Hécate ? interpella la voix bourrue derrière la Magicienne. Où pars-tu ?

Hécate se raidit, sut à qui elle avait affaire avant même de se retourner. Les empuses grimacèrent de crainte.

— Zeus ! fit la Magicienne en se retournant. Bien le bonjour. Tu es debout bien tôt, dis-moi. (Le Char du Soleil venait tout juste de quitter son lit.) Ne dors-tu donc plus ? Je peux peut-être t'aider.

Le Père du Ciel croisait durement les bras. Cette désinvolture, dont toutes les déités semblaient entichées, le révulsait. Il était leur roi, leur dieu, à qui l'obéissance et le respect seuls devaient incomber !

— Pourrais-je savoir où tu étais passée ? s'enquit-il fermement.

Ce fut au tour des empuses de se tendre. Elles avaient déjà reçu la visite du souverain, et celui-ci n'avait eu de cesse de leur poser cette même question. Elles avaient évidemment répondu qu'elles l'ignoraient, ce qui était la pure vérité ! Mais le grand Zeus n'en avait eu cure et les avait torturées jusqu'à ce qu'elles avouassent. Nulle autre réponse n'était venue, et même s'il en avait été contraire, jamais elles n'auraient trahi leur créatrice, au péril de leur propre vie !

— Ce sont des affaires dont le roi des dieux n'a guère à se préoccuper ! répondit Hécate avec audace.

La tension électrique se fit palpable. Les deux empuses se recroquevillèrent sur elles-mêmes et se saisirent mutuellement la main.

Un éclair parcourut le corps de Zeus. Le roi était à nouveau dévoré par l'ire, mais Hécate n'en avait que faire.

— Ne suis-je pas ton roi ? Comment oses-tu me parler ainsi, déesse mineure ? grogna le coléreux Cronide.

— Dois-je te rappeler, mon roi, que de nous deux je suis l'aînée ? Que par mon sang et ma lignée, je demeure nettement supérieure ? Tu es, parmi nous, le véritable dieu mineur ! Tu es le fils de Cronos le retors, le parricide, le déclin de l'Âge d'Or !

La foudre éclata et frappa le sol à une paume d'Hécate qui ne broncha pas d'un pouce.

— Je t'interdis de me comparer à Cronos, Hécate ! Tu vas me dire où se cache Daímôn, ainsi que tous ses alliés ! En outre, je t'interdis de quitter l'Olympe ! Me suis-je bien fait comprendre ?!

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant