ΙΙΙ - ΚΡÁΤΟΣ (partie 3)

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Lorsque tout s'immobilisa enfin, Daímôn tomba et ressentit une nausée aiguë lui tenailler l'estomac. Il mit par réflexe une main devant sa bouche et respira bruyamment.

— Eh bien ! fit Athéna en ricanant légèrement. Tu es plus coriace que je ne l'imaginais. D'habitude, les jeunes dieux qui subissent un tel déplacement rapide pour la première fois vomissent tripes et boyaux quand il prend fin. Mais tu t'y feras très vite.

Daímôn ne répondit pas, sachant fort bien que si la moindre parole s'échappait, elle serait accompagnée de bien des choses plus désagréables.

Alors se rendit-il compte que son estomac était bien plus vide qu'il ne le pensait. Il ignorait depuis combien de temps il n'avait pas mangé, mais outre la douleur que lui procurait ce déplacement pernicieux, il mourrait de faim. Son ventre commençait à gargouiller, de plus en plus manifestement. Pouvait-il se risquer à demander de la nourriture à Athéna ? Cela ne serait-il pas inapproprié ? Après tout, il se trouvait bel et bien devant une grande déesse qui le menait sur le mont Olympe, un prestige bien plus grand que tout.

Néanmoins, sans qu'il n'eût besoin de dire quoi que ce fût, Athéna sortit une sorte de petit biscuit sablé de la poche intégrée à son fourreau de cuir juste au-dessus du pommeau du xiphos de bronze, et le tendit à Daímôn. Celui-ci prit aussitôt le biscuit qu'il dévora de deux bouchées, sans souffrir le besoin de se demander comme la déesse savait qu'il avait faim, car il connaissait sa faculté à lire dans les pensées. Il était persuadé que la petitesse du gâteau, à peine plus gros qu'un carré de sucre, ne lui calmerait certainement pas le gouffre qu'il avait dans l'estomac ; et pourtant, lorsque la dernière miette fut avalée, il n'avait plus faim, comme s'il s'était seul régalé de la carcasse entière d'un gros cervidé.

— C'était de l'ambroisie, lui apprit Athéna. La nourriture la plus puissante que tu puisses trouver ici, accompagné du nectar, la boisson des dieux. Une modeste quantité suffit à redonner toutes ses forces à une déité. Les mortels ne peuvent en ingurgiter sans l'assistance des dieux, car la force que contiennent de tels vivres les tuerait aussi sûrement que le foudroiement de Zeus. Les immortels eux-mêmes doivent se méfier d'une telle dose d'énergie brute, car elle peut leur infliger bien des maux.

» Bien, trêve de bavardages. Daímôn, je te souhaite la bienvenue sur le mont Olympe !

Athéna poussa deux immenses portes en marbre sculptées de la figuration d'une multitude de dieux en or devant elle. La montagne sacrée les éblouit alors de toute sa magnificence, car le monde des dieux n'était en rien comparable à quoi que ce fût d'autre. Rien ne pouvait égaler sa beauté tant elle était sidérante. Daímôn eut d'ailleurs du mal à croire que le monde s'étalant sous ses yeux était bel et bien réel !

Tout ce sur quoi il put poser les yeux était fait d'un marbre lilial et soyeux. Les rayons du soleil réverbéraient une aura dorée magnifique. De par la multitude de demeures de toutes les formes et de toutes les tailles, la ville semblait s'étendre à l'infini, suivant le parcours d'un immense escalier comme au centre de la montagne. Rapidement, Daímôn vit une certaine architecture apparente sur l'Olympe, celle de plusieurs étages, précisément trois, qui faisaient comme des couronnes. Ces niveaux étaient composés selon la hiérarchie olympienne dictée par Zeus. Les dieux les plus inférieurs vivaient au plus bas, les enfants et petits-enfants de déités inconnues de Daímôn – celui-ci remarqua également qu'ils étaient les plus nombreux. Sur le second étage cohabitaient les progénitures directes des Olympiens, les fils et les filles de la lignée la plus proche de Cronos qui présidaient le Conseil, ces derniers vivant au plus haut de la montagne. Du bas, Daímôn ne pouvait percevoir le sommet, mais il se doutait que devait s'y trouver la salle où les Olympiens se rassemblaient pour plaidoyer les uns après les autres – là où Athéna escomptait le mener !

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant