ΔΙΙ - Ἀνάστασις (partie 1)

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Athéna se réveilla brusquement, sans vraiment comprendre ce qui avait bien pu se passer. Elle se souvint qu'elle faisait face à Borée et Chioné, que Daímôn, à côté d'elle, s'était emporté – une fois encore – et puis... plus rien. Elle jeta un regard alentour mais ne vit rien d'autre que les façades de pierre grise où des gouttes d'eau coulaient tout le long de la surface polie. La température était affreusement basse, plus encore qu'auparavant ; elle nota immédiatement le pouvoir de Borée. Quelques secondes furent encore nécessaires pour qu'elle pût se rendre pleinement compte que des barreaux de fer lui bloquaient la voie. Une prison ! s'écria-t-elle. Comment peut-on oser m'enfermer ?! Elle se leva. Ses jambes flageolèrent sous son poids. Elle se sentait aussi lourde qu'Atlas croulant sous la masse de la Voûte Céleste. Par tous les dieux ! Elle n'avait jamais eu l'impression d'être aussi faible depuis fort longtemps. Elle porta une main à sa ceinture pour saisir la fusée de son xíphos, mais ses doigts n'attrapèrent que le vide.

— Qui a osé voler mon arme ? cria-t-elle.

Sa voix fit écho. Évidemment, personne ne lui répondit.

Elle chercha dans les quelques poches secrètes de son armure, de son himation, ou même sous la couche de laine de ses cothurnes, des carrés d'ambroisie pour reprendre des forces et qu'elle prenait toujours en cas d'urgence, mais on l'avait décidément dépouillé de tout ce qu'elle possédait. Comment peut-on voler aussi impudemment une Olympienne ? vociféra-t-elle.

Il était hors de question qu'elle restât ainsi enfermée. Elle se dirigea donc vers les barreaux. Ses jambes étaient bien plus lourdes qu'elle ne l'avait cru, mais surtout douloureuses. Doucement, elle atteignit les barreaux. De l'eau coulait également sur le métal tubulaire, tandis que du plafond, d'autres gouttes chutaient, émettant un clapotis loquace, porté en résonnance, chaque fois qu'elles se fracassaient sur le sol légèrement verglacé.

Athéna posa ses mains sur les tubes de métal pour tester leur résistance mais les retira aussitôt en poussant un cri de douleur. Elle observa l'intérieur de ses paumes et découvrit une fine plaque de givre brûlante. La glace fondit aussitôt et laissa son derme rouge vif. Une nouvelle félonie du dieu de l'Hiver ! Que donc se passe-t-il ? M'a-t-on tendu un piège ? Et où est Daímôn ? Athéna était pourtant persuadée qu'un dieu mineur ne s'en prendrait jamais à une Olympienne, et elle ne pensait guère non plus que Zeus eût pu quémander à Borée d'ainsi l'assaillir, au point de la blesser. Mais si jamais... ? Non, son père n'était pas à ce point aliéné !

Le plus important était de s'échapper d'ici, de retrouver Daímôn et Éros, et de quitter aussi rapidement que possible l'Arctique. Athéna constata malheureusement que nulle brèche n'était exploitable. Seule une chiche lumière filtrait à l'extérieur de sa cellule, émise par une flamme blanche encastrée dans le mur. Athéna ne pouvait voir l'extérieur. Elle en conclut donc, à voix haute, qu'elle se trouvait dans les cachots souterrains du palais de Borée. La température était un indice supplémentaire : il ne pouvait faire un tel froid que dans les tréfonds obscurs de la forteresse de glace.

— Je dois bien admettre que je suis toujours impressionné par tes capacités de réflexion, fit une voix qui résonna dans le sous-sol.

Comme elle s'y attendait, Borée apparut face aux barreaux de fer, dans sa même tenue toujours aussi élégante et soignée qui épousait parfaitement sa bedaine. Seuls ses cheveux étaient décoiffés et privés du diadème.

— Ouvrez la voix ! ordonna-t-il fermement.

Un colosse aux cheveux laiteux comme la neige et à la musculature finement dessinée s'approcha, tenant dans sa main gauche une torche enflammée et dans l'autre une sorte d'amulette ronde où était gravée l'image du dieu de l'Hiver similaire à celle sur le blason du roi. Il plaça l'artefact contre la face du mur invisible à Athéna. Aussitôt, les barres de fer s'élevèrent tandis que Borée s'engouffrait à l'intérieur de la cellule. Les barreaux reprirent dûment leur place sans qu'Athéna n'eût le temps de tenter une escapade surprise.

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant