Δ - Μάκες (partie 3)

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Pour s'illustrer, le dieu de la Forge sortit une petite télécommande de sa sacoche à outils accrochée à sa ceinture et appuya sur le bouton central. Daímôn n'arrivait toujours pas à saisir le fonctionnement de cette technologie : elle s'apparentait plus pour lui aux phénomènes surnaturels instigués par les divinités et inaccessibles aux mortels qu'autre chose.

La boule cuivrée s'agita alors en tous sens et s'ouvrit. À l'intérieur, les certaines de minuscules ouvrages s'activèrent, tandis que les fils électriques se mêlaient et se branchaient les uns aux autres.

Le mécanisme s'élevant, le corps humanoïde entièrement recouvert de bronze se manifesta de ses vingt coudées de hauteur. Ses deux bras, gros comme des troncs, étaient aussi épais et métalliquement musculeux que ses deux jambes. Sa tête était aussi grosse que le corps intégral du Dragon, dotée de deux énormes ampoules en guise d'yeux projetant une lumière jaune artificielle à l'instar d'un phare côtier. Son tronc et son poitrail, aussi bombé que le torse d'un héros grec en armure sur la céramique, étaient agrémentés d'une couche de titane supplémentaire. Deux espadons en argent jaillirent enfin de ses poings fermés, longs de huit coudées chacun.

Daímôn recula instinctivement, Phúlax rugit sauvagement, sa queue se balançant de gauche à droite comme l'aiguille d'un métronome. Comment arriveraient-ils à détruire cette chose plus imposante encore que les automates d'Héphaïstos qui paraissaient bien petits à côté de ce mastodonte ?

— Serais-tu devenu fou, Héphaïstos ? rugit Daímôn. Comment veux-tu que je vainque cette...

— Je te l'ai dit : je teste ici ta réflexion au cœur de l'action. Réfléchis. Et il n'est pas si grand que cela. Tu affronteras des ennemis bien plus dangereux que mon mini-Talos !

— Ton « mini-Talos » ?

— Ouais. Allez, bon courage !

Le dieu appuya de nouveau sur sa télécommande : le géant s'activa aussitôt et se jeta sur Daímôn. L'un des deux espadons argentés tomba. Daímôn ne pouvait certainement pas le contrer avec Díkê. En désespoir de cause, il sauta sur le côté tandis que l'immense lame formait une tranchée dans la terre, pareille à une cicatrice.

Phúlax s'élança lui aussi et frappa le colosse avec sa queue. Les pics comme les écailles ne rayèrent pas même le métal. L'automate le cogna de son pied sans merci et l'envoya rouler plus loin.

— Phúlax ! cria Daímôn.

Il courut à toutes jambes vers lui, mais l'automate balança de nouveau sa lame et bloqua son avancée. Daímôn, plus vif que jamais ainsi porté par sa volonté, sauta souplement par-dessus l'arme et se réceptionna dans une culbute avant de poursuivre sa course. Il parvint rapidement aux côtés de Phúlax qui grognait de fureur en se redressant, dardant de ses yeux le géant. Celui s'approchait à grands pas d'eux, entrecroisant ses lames qui gerbaient ainsi d'étincelles.

— N'est-ce pas un peu... extrême, Héphaïstos ? s'enquit Athéna après avoir constaté les dégâts que provoquaient les pas et les épées du mini-Talos.

— Il s'en sortira très bien, répondit son demi-frère. Il trouvera le seul endroit vulnérable du mini-Talos. C'est un travail d'équipe qui prime pour le vaincre.

— Et comment comptes-tu masquer tout aux mortels ?

Héphaïstos pouffa.

— D'un, il ne nous voit pas, ni le robot. Quant aux traces, je les effacerai une fois tout ceci terminé.

Pandore observait la scène avec une certaine appréhension. Et si son père avait vu trop haut ? Et si Daímôn n'était pas capable de vaincre l'automate ? Mais après tout, même Jason(Ξ) était parvenu à abattre le géant Talos(Ξ) naguère – dont l'androïde-ci était l'héritier – et il n'avait certainement pas les pouvoirs d'un Primordial !

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant