ΓΙΙΙ - Δίκη (partie 4)

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Héphaïstos était entré dans la réserve avec Hécate, laquelle semblait plus tendue à mesure qu'elle s'approchait de la relique. Le dieu-Forgeron lui avait rabâché mille fois que cet artefact serait soit leur perte, soit leur salut. Le manque d'assurance vint à Hécate, ce qui devait bien être la première fois...

La réserve d'Héphaïstos était un véritable champ de bataille digne des deux Grandes Guerres. L'espace s'étendait sur une demi-lieue, où s'empilaient des montagnes de ferraille, des reliquats de matériau ou des objets de guerre : des épées brisées, des bouliers tordus... Un char de guerre contemporain était agencé sur la droite et servait de poutre pour soutenir une estrade de bois où s'empilaient d'autres monticules de fer et d'acier. Un bric-à-brac sans aucune organisation !

Des automates essayaient de ranger du mieux qu'ils pouvaient le capharnaüm, mais ils en étaient absolument incapables, bien qu'Héphaïstos les eût façonnés spécifiquement pour cette tâche. Ils tournaient en rond, laissaient leurs bras pendre de dépit. D'autres se grattaient la tête et rayaient la couche de bronze sur le métal de leur cortex. Ils semblaient presque... humains, à en faire froid dans le dos !

— Ne fais pas attention à tout ce foutoir, dit Héphaïstos à Hécate. Ça fait des années qu'on essaye de tout ranger correctement, mais c'est comme ordonner aux Vents de cesser de souffler.

— Pourquoi ne te débarrasses-tu pas de tout, alors ? Ce n'est pas comme si tu t'en servais, après tout.

— Aurais-tu perdu la tête ? La vieille ferraille peut toujours être utile. Il suffit juste que l'on parvienne à tout organiser méticuleusement. Je vais m'atteler à installer un nouveau programme plus performant dans les circuits de mes automates.

— Si tu le dis...

Ils continuèrent leur expédition à travers des glaives fendus en deux et autres armes brisées. Un obus encore valide était posé en équilibre sur un bouclier, lui-même plus ou moins stabilisé sur la pointe d'un missile – cela ne semblait inquiéter Héphaïstos plus que de raison.

— Bon alors, quel est cet attribut si particulier ? s'enquit une Hécate lasse de tout ce fatras.

— Attends, j'y arrive. Il faut juste que je la retrouve.

— « La » ?

— Tu verras. Tout ce que je peux te dire, c'est que tu n'as encore jamais vu une telle merveille. J'en ai encore des étoiles plein les yeux en y repensant. C'est un véritable travail d'orfèvre !

— Héphaïstos, où veux-tu en venir ?

Le dieu ne répondit pas et monta sur un énième amas de ferraille. Il scruta les environs en cherchant un élément particulier.

Hécate ne comprenait guère ce qu'il tenait ainsi à trouver, et sa patience commença sérieusement à atteindre ses limites. Elle décida donc de scruter également les alentours avec sa magie... et nota une force qui lui coupa brutalement le souffle. Quelle était donc cette puissance si atypique ?

— Héphaïstos, qu'est-ce que cette... énergie ? haleta-t-elle.

— Ce pourquoi toi et Daímôn êtes venus ici, répondit sérieusement le dieu-Forgeron.

Il désescalada la montagne d'objets et se dirigea vers le fond de l'immense salle.

Plus elle s'approchait et plus Hécate sentait cette force destructrice intensément. Jamais encore n'avait-elle détecté une telle énergie, pas depuis que le Dragonique de Daímôn s'était manifesté lors de son combat contre Mars un mois auparavant. Était-ce un attribut d'une même nature ?

Ils débouchèrent finalement dans un espace moins confiné par l'encombrement. Sur une table en fer forgé était posée une longue couverture blanche enroulée autour de l'artefact s'étendant sur deux coudées et demie.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Hécate en écarquillant les yeux de surprise et d'inquiétude.

— Hécate, voici l'objet de notre fin ou de notre prospérité à tous.

La déesse approcha sa main de la couverture qui projetait une douce aura scintillante. Au moment où elle allait l'effleurer, Héphaïstos saisit son bras.

— Ne la touche jamais ! gronda-t-il sévèrement. Elle pourrait te tuer.

Il prit la couverture et la garda précautionneusement contre lui.

— Me tuer ? répéta Hécate. Comment une couverture pourrait me tuer ? Et pourquoi toi, tu entres en contact avec elle ?

Primo, tu captes la Magie, pas moi. Elle t'enverrait une si grande dose que tu ne le supporterais. Cette force est trop ancienne pour que même toi, déesse de la Magie, fille de Titans, tu la touches.

— Mais toi, si ?

Secundo, je ne peux entrer en contact direct avec l'épée non plus. Aucun dieu ne le peut. Même les Titans n'y arriveraient sans doute pas sans se désintégrer aussitôt. Seules deux entités en sont capables, en réalité.

— L'épée ?

— Oui. Cette arme est la plus belle que j'aie jamais vue !

— Quelles sont ces deux entités qui peuvent la saisir sans mourir ?

— Son créateur et son propriétaire.

— Mais encore ?

— Kháos et Drákôn, bien sûr !


(suite du chapitre 8 en suivant...)

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant