Noirceur ; ténèbres ; obscurité ; souffrance ; puissance ; colère ; haine ; mort... Sbires de la Monstruosité, séides du Mal, je ne ressentais et ne voyais que ce mélange homogène de chaos infernal dont je ne pouvais m'échapper sans perdre la raison...
Je me sens étrange, comme un intrus dans ce monde ectoplasmique qui jamais ne trouvera sa place. Plus intense encore est la sensation lorsque j'observe... le néant. Un vide absolu... Je me sens entièrement à la merci de ce monde, différent du nexus que je m'étais forgé, incapable de m'extraire de cet enfer comme je le souhaite. Où suis-je ?
Que faisais-je alors que j'étais encore conscient ? Ah oui, j'étais allongé, paisiblement, à contempler les étoiles du firmament obscur, rasséréné à l'idée que les diamants du ciel et moi-même ne formions qu'un, ma main fermement accrochée au pommeau de mon épée, afin de sentir l'énergie de mes dragons nichés en son sein. Puis plus rien. Je m'étais sans doute endormi... Suis-je alors dans un rêve ? Pourtant, on ne ressent nulle souffrance dans les songes. Mais peut-être que ceci n'est vrai que pour les mortels... Car ici, je me sens mal, piégé, telle une mouche enlisée dans une toile que l'araignée vient lentement dévorer, afin d'accroître toute la terreur de sa proie. Un jeu pervers de prédateur, comme le sont les Destins ! Ici, la toile est ce monde ; l'arachnide, cette sensation de solitude constante. Moi, je suis le petit insecte terrifié qui sait que son heure bientôt viendra. Je suffoque, claustrophobe dans cet univers pourtant si immense. Mes poumons peinent à se remplir d'air. Mais l'air existe-t-il en ce lieu ? Et mon corps... ?
Je ne vois rien, envahi et harcelé par cette noirceur impénétrable. On dit qu'Hadès et Érèbe se complaisent dans l'éternelle obscurité. L'absence de quelque lumière me rend fou !
Suis-je encore dans le monde réel, ou les rêves appartiennent-ils à un tout autre univers ? Morphée me jouerait-il à nouveau l'un de ses tours fallacieux ? Ou peut-être suis-je à cheval entre deux mondes parallèles, sur la passerelle menant à celui que l'on ne peut visiter qu'en étant endormi ?
Je m'avance vers cet inconnu. Je ne ressens pas le poids de mon corps, mais je sais que je ne suis pas cette simple forme astrale figurée par l'orbe incandescent bleu dans les mémoires de Pûr. Non, mon enveloppe charnelle est bien là, que ce monde s'attelle à aspirer pour l'éternité.
Je ne le laisserai jamais faire !
Ne te fis jamais à ton regard seul mais à tes autres sens, fait une voix à la fois forte et douce. Elle transcende la puissance éternelle, la sagesse inégalable. Emploi ton ouïe, ton odorat. Le goût, la parole et le touché ne te seront d'aucun recours ici, pour le moment. Trouve ton sixième sens, celui propre aux Primordiaux, enfants suprêmes du Chaos Ancestral. Ce n'est là que l'éveil de ta mémoire. Tout ne fait que commencer : voici les prémices de la méfiance envers tous !
— Qui êtes-vous ? Dites-moi où je suis ! m'enquis-je à haute voix.
Je ne peux te le dire. Mais tu dois croire mes paroles, fils de la Faille. Écoute et sens, afin qu'éclose la vérité irréfragable. Elle transcende toujours les rêves, d'autant plus les cauchemars. Étudie. Ce n'est que là que le premier d'une longue série. Tu les vivras, un à un, et lorsque ce sera fait, tout changera et prendra enfin son sens. Reste désormais à savoir ce que tu décideras de faire : sauver le monde... ou le détruire ?
Je ne comprends pas. Quelle vérité irréfragable ? Toute chose dans ma tête est entachée soit de mensonges, soit de réponses alambiquées et lacunaires. Que et qui dois-je encore croire ? Athéna me cache de nombreuses choses, et je suis bien incapable de discerner les véritables pensées de mon propre frère !
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Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]
Fantasy« La vie d'un mortel est difficile ? Celle d'un dieu l'est infiniment plus ! » Lorsque les Bienheureux emportent la jeune sœur de Daímôn, son existence s'en retrouve chamboulée à jamais. Mais telle est la voie que le destin a choisie afin de l...