ΔΙΙΙΙ - Πῦρ (partie 3)

41 6 2
                                    

Le sable sur lequel reposaient Athéna et Éros chauffa subitement jusqu'à devenir brûlant, comme irradié sempiternellement par un soleil d'été plus chaud encore qu'en plein cœur du désert. Si bien, d'ailleurs, que les deux divinités sentirent la douleur aiguë mordre leurs pieds en dépit de leurs sandales.

Éros attrapa Athéna sous les bras et s'envola rapidement, s'éloignant de la côte. Il ne se posa qu'une fois qu'ils eurent atteint un parterre herbeux, jaunissant à vue d'œil. Athéna transpirait, les gouttes de sudation coulaient déjà du front d'Éros. Les dieux contemplèrent, impuissants, le chaos qui détruisait peu à peu la côte lusitanienne. Ils ne parvenaient à concevoir un tel cataclysme à l'échelle du monde – qui interviendrait indubitablement si Daímôn et Phúlax ne réussissaient à éliminer la menace.

— Quelle... pression ! commenta Éros, la voix saccadée par l'effort, la respiration haletante. Que pouvons-nous faire ?

— Malheureusement, je crains qu'il nous soit impossible d'intervenir, répliqua gravement l'Olympienne. C'est le combat de Daímôn et Phúlax. Eux seuls sont à même de cesser cette folie.

— On ne pourrait pas leur porter ne serait-ce qu'un modeste soutien ? Combattre le Dragon ensemble ?

Nous, attaquer Pûr ? Aurais-tu perdu l'esprit ? Notre pouvoir, même combiné, n'est rien comparé au sien !

— Quand bien même, nous sommes des dieux ! Tu es une Olympienne, fille de Zeus, et je suis un Primordial, qui plus est jouissant du sang d'Ouranos !

Athéna n'argua pas plus.

— On ne peut les laisser seuls face à ce danger ! s'enhardit Éros. Je ne peux laisser mon frère risquer sa vie pour nous ! Il est de notre devoir, Athéna, aussi bien Olympiens que Primordiaux, de s'entraider mutuellement ! Nous sommes tous du même sang ancestral : celui de Kháos ! Je refuse que ce Dragon détruise le monde que nous chérissons, régissons et protégeons. Même si Daímôn est le seul à pouvoir vaincre la bête, au moins pouvons-nous lui apporter un soutien tactique qui lui permettrait de prendre l'avantage. Tu es la déesse de la Stratégie guerrière ! Tu le peux, n'est-ce pas ?

Athéna le regarda droit dans les yeux, ébaubie par sa soudaine fougue. Jamais Éros ne s'était montré si prompt à l'art de la guerre, pas même lors de leur longue recherche de Daímôn enfermé dans son nexus. Mais après tout, il était un enfant de Kháos. De surcroît, l'ichor d'Arès, le dieu des Batailles, coulait – probablement – dans ses veines. L'instinct du combat et l'envie de guerre faisaient pleinement partie de chaque fibre de son être et de son âme.

— Déesse grecque de la Guerre, je t'en conjure !

— J'ai peut-être une idée, souffla cette dernière, mais elle pourrait avoir l'effet totalement inverse à celui que j'escompte.

— Mais encore ?

— Les flèches déflagrantes. (Un sourire apparut sur le visage d'Éros). Nous pourrions frapper Pûr avec celles-ci, afin que son attention soit détournée de Daímôn et de Phúlax un instant. Instant qui pourrait leur permettre de fondre sur le reptile et de lui porter un coup fatal. Mais il ne faut en aucun cas toucher Daímôn ou Phúlax. Je ne crains pas le mal du feu, car celui-ci ne leur fera rien, mais plutôt l'effet de surprise qui les saisirait et dont Pûr profiterait assurément.

Elle se tut et observa le Dragon rouge vociférant, puis fit apparaître deux carquois pleins de flèches à la grosse pointe ovoïde et métallique.

— Crois-tu être capable de toucher Pûr d'ici, malgré les colonnes de lave, la pression et les bourrasques de chaleur brute ?

Cupidon prit son arc et l'un des carquois qu'il passa en bandoulière, puis encocha une flèche avant de viser Pûr. D'ordinaire, le messager de l'Amour fauchait les mortels de ses traits afin de rapprocher les âmes sœurs. Il n'en était pas moins capable pour blesser son ennemi et sauver la vie de son frère, dût-il employer des projectiles explosifs. La distance était certes plutôt importante, et les handicaps ne manquaient guère de s'ajouter, mais il était un fin archer, aussi doué qu'Artémis ou son jumeau Apollon.

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant