Γ - ἙΚÁΤΗ (partie 2)

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Daímôn se jeta à terre et échappa aux griffures, puis se releva aussitôt. Les yeux injectés de sang le toisèrent sans vergogne.

— Mais c'est quoi ces bêtes ?! s'écria Daímôn à l'attention de son frère, un frisson parcourant lentement sa colonne vertébrale.

Nous sommes les descendantes d'Émpousa, protectrices de notre mère Hécate, fit l'une des créatures. Viens ici que nous nous abreuvions de ton sang !

Elles sautèrent de nouveau sur lui, toutes griffes et crocs en évidence. Daímôn se cambra et assena un violent coup de poing à l'émpousa la plus proche qui s'écrasa bruyamment au sol quelques mètres plus loin. La deuxième voulut la griffer, mais Daímôn roula sur le côté. À peine remis sur pieds, il empoigna l'une des ailes et fit tournoyer l'émpousa avant de la jeter sur sa sœur.

Il ignorait bien d'où lui venaient pareils réflexes, mais il sut que son instinct de survie avait encore pris le dessus. Il n'avait qu'à lui laisser libre cours. Il coula un regard vers Cupidon qui, hilare et tout sourire, attendait patiemment que le combat prît fin.

— Tu pourrais m'aider, au moins ! lui reprocha Daímôn.

— Je trouve que tu t'en sors admirablement bien, le gratifia Cupidon en levant les pouces en signe d'encouragement. Sois juste prudent quant à leurs griffes : elles sont empoisonnées. Un simple contact et elles libéreront en toi une solution paralysante. Ensuite, elles boiront tout leur soûl avec ton sang. C'est là tout l'art et la beauté de l'émpousa. Hécate est de plus en plus imaginative avec le temps !

Daímôn l'aurait bien vilipendé, mais les deux empuses s'étaient relevées. Elles s'envolèrent en un même instant et tournèrent autour de leur cible, guettant quelconque ouverture pour qu'une piètre griffe parvînt à l'atteindre. Mais Daímôn demeurait sur ses gardes, et tournait en synchronisation avec elles.

L'une des empuses chargea aussitôt. Daímôn tourna sur le côté et la frappa de toutes ses forces au visage. Le monstre ne recula pas pour autant : sa jambe de cuivre le percuta, lui coupant le souffle. Il recula de quelques pas, inspira profondément pour que l'air emplisse de nouveau ses poumons, tandis que l'émpousa chargeait. Il vit à cet instant précis sa défaite, sentait déjà les crocs s'enfoncer dans les artères de son cou et la bouche sucer son ichor. Mais une flèche fila et explosa en une myriade d'étoiles lorsqu'elle atteignit le monstre. Daímôn recula prestement, et remercia silencieusement son frère pour le coup de main. L'autre émpousa eut le droit au même traitement, ce qui permit à Daímôn de reprendre complètement son souffle.

Les deux hématophages dissipèrent les étincelles avec leurs mains et rugirent de colère.

— Allez, Daímôn, il est temps pour toi de montrer ce dont tu es capable, claironna Cupidon. Emploie tes pouvoirs.

Le fils de Chaos ne savait comment s'y prendre, mais sentit-il alors, au plus profond de son être, cette force, unique et grisante, qui l'avait accompagné lors de ses précédentes escarmouches. Il se focalisa dessus et lui laissa libre cours. Aussitôt, une intense chaleur parcourut ses bras, puis ses poings, jusqu'à ce que ces derniers se couvrent de flammes dorées. L'émpousa face à lui fonça à toute allure, sans prêter attention au feu léchant les phalanges de Daímôn. Lorsque son visage basané fut tout proche de lui, le Primordial la frappa plus violemment encore. L'émpousa tourbillonna et s'écrasa sur le portail.

Elle ne se releva pas.

— Cloé ! hurla l'autre émpousa.

Celle-ci se jeta à son tour sur Daímôn... et s'étala tout aussi lourdement lorsqu'une sphère ignescente la foudroya de plein fouet. Elle resta immobile.

Daímôn sentit une profonde fatigue le saisir et les flammes se consumèrent. Son cœur palpita d'effort et il se concentra pour reprendre son souffle.

Tonna alors la voix hystérique. La femme apparut dans une explosion d'étincelles vert émeraude. De longs cheveux raides retombaient sur ses épaules, aussi noirs que la tunique échancrée derrière les cuisses dont elle était vêtue. Dans sa main gauche, elle tenait précautionneusement un gros ouvrage à la couverture en cuir. En plissant les yeux, Daímôn avait l'impression que l'inconnue possédait trois visages, imprécis sinon flous.

Les deux empuses levèrent la tête vers elle et la toisèrent d'un regard suppliant ; mais elle ne leur prêta nulle attention, bouillonnant plutôt de rage, les yeux rivés sur le garçon.

Je suis Hécate, déesse de la Magie ! gronda-t-elle d'une voix amplifiée par sa magie. Qui es-tu, que veux-tu à mes filles et que viens-tu faire ici ? Par tous les maudits dieux du mont Olympe, je n'ai pas le temps pour ces sottises ! Réponds vite, avant que je ne te tue pour le dérangement !    


(suite du chapitre 5 en suivant...)

Kháos, tome I : Le Parjure de l'Olympe [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant