Prologue

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⚠ ADVERTISEMENT: Cette fanfic traite de choses sombres. Vous êtes prévenus... Et bien entendu, tout ceci est une fiction! ⚠

Comme tous les soirs, la jeune femme grimpe sur ce muret entourant un parking pour s'asseoir face au vide après sa promenade. La musique à fond dans les écouteurs, elle semble taper le rythme avec ses poings. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que contrairement à d'habitude, elle n'est pas seule. Un homme l'observe d'un oeil distrait derrière son volant, contact éteint, de grosses cernes sous les yeux et un gobelet de café vide à la main.

Elle aime la solitude, enfin, c'est ce qu'elle dit pour cacher sa haine du monde.

A vingt ans, elle n'a rien à quoi se raccrocher, a déjà fait trop d'expériences, plaisantes ou non, et n'a pas peur de mourir. Chute libre perpétuelle. Elle travaille parfois dix heures par jour, vit dans un petit appartement de la capitale anglaise avec sa meilleure amie et rêve. Elle rêve de tout, sauf d'amour.

L'homme, lui, a déjà dépassé la quarantaine et ses jointures semblent abîmées par un combat récent. Il manque de sommeil et est en panne de caféine, mais le tatouage sur la nuque de la jeune femme le retient bizarrement de démarrer la voiture pour boire un café insipide au Starbucks du coin. Quatre symboles. Il relève la manche de son sweat et contemple les mêmes symboles sur son avant-bras droit. Le désir d'une présence tiraille son coeur, se fait ressentir dans son exil. Il est plutôt timide, osera-t-il? Que lui dirait-il?

Il est pourtant pris d'une pulsion et ferme le plus doucement possible la portière de sa voiture louée et enjambe le muret pour s'asseoir à son tour. La jeune femme, surprise et effrayée, sursaute et s'écarte, les sourcils froncés et le regard méfiant, avec l'air de quelqu'un que l'on dérange. Elle semble reconnaitre l'homme et ôte ses écouteurs.

- Un café, ça te dit? Lance-t-il.

Elle roule des yeux et émet un ricanement avant d'arrêter sa musique, laissant apercevoir le Joker aux cheveux verts en guise de fond d'écran.

- C'est un peu direct comme entrée de jeu, tu crois pas?

- T'emballes pas, je veux juste que tu me guide jusqu'au meilleur café de cette ville.

- Et si j'ai pas envie de bouger?

- Et si c'est moi qui paye le café?

- Ca marche, ricane-t-elle. Mais le meilleur est fermé, il reste le Starbucks.

Si elle est gênée, elle n'en laisse rien paraitre, ce qui plu à l'homme. Il sait qu'elle n'est pas à l'aise, il sent la tension de son corps émaner jusqu'à lui, mais elle ne se laisse pas démonter. Elle le suit en gardant ses distances, regardant ses pieds plutôt qu'autour d'elle. Elle n'a pas le comportement puéril des autres et accepte de boire un café avec lui, à neuf heures trente du soir, comme deux personnes normales dans ce bas-monde. Il soupire et chasse le brouillard qui s'est logé dans son cerveau depuis peu, refusant encore de céder à l'oubli éternel. Il n'abandonnera pas. Jared ne l'aurait pas toléré.

- Tu t'appelles comment, au fait? Demande-t-il en lui tendant un gobelet chaud.

- Jai.

- Et que fais-tu dans la vie, Jai, à part la poule sur un mur?

- Pas grand-chose d'intéressant, Shannon. Je vivote. J'ai pas le choix. Et toi, n'es-tu pas censé faire autre chose que réquisitionner les gens pour du café?

Il rit un peu, elle décrète presque immédiatement qu'il est cool, mais elle se méfie quand même, trop enfermée qu'elle est dans sa bulle de solitude. Le café est amer, à peine sucré, comme elle l'aime, et cette boisson qu'elle consomme en surdose au quotidien a pourtant un goût nouveau, ce soir. Le temps d'une seconde, elle se dit qu'elle pourrait le faire, et vivre comme une fille de son âge, et ressent presque un pincement de joie dans son coeur.

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