Bonus 8 [Jai]:

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- Dis-moi encore une seule fois de respirer à fond et je te jure que je me lève pour te dégommer, dis-je en serrant les dents.

Shan lève les deux mains en signe de reddition, sans pour autant perdre le sourire narquois qu'il arbore malgré la panique.

Il se réveille à peine de sa sieste dans le fauteuil inconfortable de la salle de naissance, les cheveux froissés par un épi sur le côté droit. Je ne lui en veux pas, parce qu'il a failli faire un AVC quand je l'ai réveillé en pleine nuit.

J'ai donc pu mettre une image concrète sur le terme "sauter dans son pantalon".

Le monitoring l'agace, il tourne en rond et boit café sur café quand il n'est pas dehors en train de fumer une cigarette. Je persiste à croire que la vie me déteste, parce que le travail n'a pas avancé d'un seul centimètre en vingt-quatre heures, et les heures me sont comptées avant la césarienne parce qu'il existe un délai entre la perce de la poche des eaux et l'accouchement.

Je suis épuisée, mes siestes entre les contractions ne me reposent pas, et mon stress m'empêche de penser à autre chose qu'à cette trouille bleue que j'ai à l'idée de transformer mon vagin en bouillie.

- Pourquoi il faut autant de bazar? Râle Shan en fouillant dans la valise. Nan, mais sérieux, quoi! Sept putains de pyjamas, sept putains de bodies...

Il est interrompu par l'arrivée de la sage-femme qui lui lance des oeillades depuis le début.

- Ça n'a toujours pas avancé, madame, dit-elle avec les doigts entre mes cuisses.

Regard malsain de Shan sur mon sexe.

Je ferme les yeux, partagée entre dégoût et déception. Suis-je même capable de donner la vie correctement ou va-t-on me refuser ça?

- On a déjà essayé les tampons et autres stimulations... et votre bébé commence vraiment à fatiguer de toutes ces contractions. Je vais appeler le bloc.

Je sens la panique s'insinuer en moi, mêlé de soulagement. Je vais enfin être débarrassée de cette grossesse, et enfin avoir mon bébé dans mes bras, parce que j'ai peur pour lui en permanence.

- Je veux venir avec elle.

- Nous verrons, monsieur. Cela dépend de l'état de la maman et des chirurgiens.

Je retombe sur mon oreiller et sens un coup de Rayon sous un des trucs ronds attaché à mon ventre qui surveille ses constantes. Lui aussi a deviné que la délivrance était proche.

Si ça se trouve, il en a marre de cohabiter avec une dingue comme moi.

- Tomo a donné ça pour le kit naissance, dit Shan en me tendant un sac en papier.

Il s'assied sur le bord du lit et embrasse mon ventre avant de passer sa main sur ma cuisse, couverte d'un drap blanc. Je dégage les cheveux de devant mes yeux et découvre un pyjama noir avec la triade blanche et un doudou rouge, qui ressemble fortement à Boo-Boo, la peluche de Jared.

Je souris en passant le doigt sur le prénom brodé sur un bord.

- Voilà pourquoi il a dit qu'il se chargeait du doudou.

- Il sera le plus beau bébé.

- Bébé de Mars, le dieu Romain de la guerre.

- Je ne sais pas où j'avais l'esprit quand j'ai accepté que son deuxième prénom soit Mars.

- Si je me souviens bien, je t'avais très profondément dans ma gorge et tu n'étais plus en état de penser correctement.

Il sourit, ses yeux s'assombrissant. J'aurais préféré passer cette journée ailleurs que coincée ici, même si je suis sur le point de faire la plus jolie rencontre de ma vie.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant