Chapitre 22 [Shannon]:

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- Merde, Jai! Tu veux bien arrêter et m'écouter?

- Non, éclate-t-elle soudainement. Si tu veux bien, j'aimerais ne pas avoir à regretter à chaque fois que je fais quelque chose! J'aimerais faire des choses de mon âge plutôt que toujours partir en couilles! C'était une erreur!

Ses épaules s'affaissent et son regard bleu se détourne de moi pour se poser sur un groupe de jeunes qui viennent de sortir d'une discothèque en riant. Elle voudrait être comme eux, pouvoir être insouciante et heureuse, pas enfermée dans sa dépression et ses envies suicidaires. Elle voudrait peut-être pouvoir porter une robe courte sans devoir cacher ses cuisses aux mille balafres.

Elle n'a que vingt ans, et Jai est fatiguée de vivre.

Il y a trois jours, on s'est salement pris la tête. Pour pas grand-chose à vrai dire, mais les conséquences ont été plutôt désastreuses.

On avait pas mal bu dans ce pub, je veux dire, vraiment beaucoup. Et après les chamailleries, les débats philosophiques et les blagues vaseuses, on en est venu à parler du passé. Elle n'a pas apprécié que j'essaie de creuser un peu plus dans sa vie privée, m'a posé à son tour des questions, et c'est partit en couilles. On criait tellement fort qu'on a été viré de ce pub.

Ca s'est poursuivi dans la rue, et quand je suis parti, las, un groupe de mecs l'a abordé... et ils ont fumé. Alors qu'elle m'avait dit qu'elle était sobre de tout, en ce moment.

Je ne suis pas en colère contre le fait qu'elle décide de son plein gré de fumer un joint... Je suis juste en colère contre sa manie à se détruire de toutes les façons possibles plutôt que d'affronter son combat.

C'est donc la première fois qu'on se revoit depuis cette soirée, et l'ambiance est tendue, encore plus que pour notre première rencontre.

Je savais qu'elle viendrait par ici... Parce que c'est son chemin de promenade des chiens. Et j'étais prêt à parier qu'elle ne dormirait encore pas cette nuit. J'ai juste eu à me les geler pendant des heures.

Le silence m'étouffe peu à peu, je crois que je vais devenir dingue. Elle n'est plus en colère, elle a juste sa douleur qui irradie à des kilomètres à la ronde. Et elle ne veut pas que j'entre dans ce cercle, pas aujourd'hui.

- Bon... Te revoilà chez toi, dis-je. Bonne nuit.

Elle hésite quelques instants, puis se retourne et me regarde à nouveau avant de taper le code de son immeuble.

- Bonne nuit Shan.

C'est comme ça que je me retrouve à trainer vers les bars et les boites qui se vident quand la fermeture est annoncée. Peiné, seul, je suis prêt à tout pour qu'on m'accorde un peu d'affection.

Voila comment je me retrouve dans ma chambre avec une fille aux cheveux blonds et yeux marrons, dans la trentaine. Son rouge à lèvres me laisse un goût étrange et son visage maquillé me semble bizarre, mais son corps aux formes voluptueuses me suffira pour cette nuit.

Au réveil, je me tourne et grogne. J'ai un mal de tête pas possible, et une main aux longs ongles parcourt mon torse de haut en bas. Je jure, la fille prend peur avant de sourire de toutes ses dents. Merde, je ne me rappelle même pas son prénom!

- Bon, Emily, tu vas devoir partir, dis-je.

- Je m'appelle Amber...

- Amber, Emily... c'est pareil. J'ai des choses à faire, alors merci pour la nuit, c'était super. Bye.

Elle a l'air perturbée et déçue par mon comportement, mais j'en ai rien à foutre. J'enfile un jogging en vitesse en shootant dans une bouteille de vodka vide et consulte mon téléphone.

Aucun message. Suis-je déçu? Oui.

- Tes trucs à faire ont un rapport avec Jai? Demande-t-elle en enfilant son soutien-gorge.

Je me tourne vers elle, les sourcils haussés. Elle n'a aucune pudeur, j'aime bien. Mais sa poitrine est énorme, son ventre plat, ses cuisses sans aucune trace... Fût une époque où je n'aimais que ce genre de femmes.

Plus maintenant.

- Qui t'as parlé de ça?

- Tu l'as dit toi-même... tu m'as appelé Jai. C'est qui?

- Tu devrais vraiment partir maintenant, Emily.

- Je m'appelle Amber! Crie-t-elle. Aie un peu de coeur, quand même! Pourquoi tu ne veux pas de moi? Tu es gay?

Je roule des yeux. Je retire tout ce que j'ai dis, je hais les hystériques. C'est elle qui m'a abordé alors que je buvais, pas moi, et elle a accepté d'être seulement une aventure d'un soir. Ca s'arrête là. Je n'ai aucun compte à lui rendre, aucune promesse à lui faire.

En plus, je l'ai appelé Jai pendant qu'on baisait. Je crois qu'on peut dire que le respect n'existe pas entre nous. Sauf que je ne suis pas un homme violent, et que même si j'ai envie de lui arracher la tête, je préfère la pousser dehors.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant