Chapitre 40 [Shannon]:

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Nous nous débarrassons de nos couches de vêtements jusqu'à finir en sous-vêtements, enroulés dans un plaid sur le tapis de sa chambre, à contempler les constellations projetées partout grâce à son projecteur d'étoiles.

Autour de nous, quelque part dans le noir, une bouteille de champagne, des cookies, une assiette de pâtes non terminée et assez de bonbons pour nous donner un diabète foudroyant.

Contre le mien, son corps parait maigre. Elle a à nouveau perdu le peu de poids qu'elle avait pris. Et dans ce mini espace, je me sens bien.

J'aimerais ne plus sortir.

- Tu vois, des fois ça va...

Elle tourne la tête vers moi, attentive à ce que je vais dire. C'est ce qui me plait chez elle, toujours prête à écouter sans juger.

- ... mais, souvent, j'ai l'impression que ça empire. Chaque putain de jour... J'ai mal à en crever, mais je peux aussi rigoler... C'est peut-être ça le pire. Ça et me dire que je n'ai rien pu faire.

Je n'ai pas pu sauver mon petit frère. Je n'ai rien vu venir. Et parfois, tout bascule à nouveau, et ça fait aussi mal qu'au premier jour. Surtout aujourd'hui.

- Je suis désolée pour toi, et pour ta famille, et ton frère, et tous les fans... Mais culpabiliser ne sert plus à rien.

Parfois, le cynisme de Jai frôle les limites, mais elle a souvent raison. Ca ne sert plus à rien, je ne peux pas remonter le temps, lui tendre la main et signifier clairement que je suis là, quoi qu'il arrive.

- Toutes les fois où je rigole comme une cinglée ou que je pousse des cris bizarres, c'est pour éviter de péter des plombs, commence-t-elle à son tour.

Elle se tourne sur le côté et pose sa tête sur mon torse, ses cheveux la cachant à ma vue. Elle souffle un grand coup, jouant avec ses doigts sur mon corps, m'obligeant à faire appel à tout mon self-control.

- Si je raconte toutes ces anecdotes sans importance sur ma vie, c'est pour combler tous ces silences où ma douleur suppure de moi comme un poison. Pour la réduire au silence encore et encore.

Elle se tait.

Quelques secondes plus tard, je me retrouve sur elle, cherchant à savoir quand exactement nos sous-vêtements se sont volatilisés.

Et je comprends la suite. Quand ça fait trop mal, elle veut pouvoir oublier. Et je le peux. Je peux lui offrir ça, ne serai-ce que pour quelques minutes.

Jai combat la douleur par la douleur.

Au milieu de la nuit, je suis réveillé par Boo, qui me renifle l'oreille. Il ne m'aime plus vraiment depuis que j'ai pris sa place dans le lit de sa maitresse. J'ai mal au dos. Dormir par terre n'est pas conseillé.

Je porte donc Jai jusqu'au lit et la recouvre avant d'enfiler mon jeans et un manteau pour sortir avec les chiens, le temps de fumer une cigarette.

Aujourd'hui, mon petit frère aurait dût fêter ses quarante-six ans. Il me manque atrocement.

Tomo: joyeux Noeeeel Shanny! 🎉 Sors couvert petit pervers 😘

Shannon: Joyeux Noel Tommy, n'envoie pas de message quand t'es bourré.
Ton honneur me remerciera plus tard.
C'est toi qui dit ça? 😂 T'es vraiment qu'un branleur 😂😂

Tomo: pas bu, juré...
Bah présente-moi cette fille et mets-toi au travail! 🎉🍌

Je ricane tout seul en rentrant à l'appartement. Tomo regrettera sûrement d'avoir eu son téléphone sur lui en ayant bu, je plains ses contacts.

Jai n'a pas bougé d'un poil, et je contemple le désastre qu'on a encore mis partout avant de me recoucher, sans pouvoir trouver le sommeil.

Et à 4:43, je reçois un autre message de Tomo, qui doit être complètement déchiré.

Tomo: J'ai pissé dans un pot de fleur de l'hôtel. Rip les bégonias

Puis un autre, deux minutes après, alors que je pleure encore de rire du précédent. Je crois qu'il y a vraiment deux gros pots de bégonias à la réception de l'hôtel.

Tomo: Salut Shan, c'est Vicki. Désolée pour ce taré, le vin rouge lui pète le cerveau... Amènes ta copine, on fera un repas sympa avant qu'on s'en aille! Biz, joyeux Noel!

Bon... Je crois que je n'ai plus le choix.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant