Course Contre La Vie

Bonus Innatendu:

Ecrit par Cyan, pour Cyan, contre Shan et ses tétons. Enjoy 👏🎉

"Frustration. Si ma vie devait se résumer à un seul et unique mot, celui-ci serait certainement frustration; sexuelle j'entends, patiemment nourrie au compte goutte depuis mon adolescence et désormais transformée en une faim vorace qui me tiraille les entrailles. J'entends d'ici là, la voix railleuse de Jai "trouves toi un plan cul.", et malgré les maintes tentatives, ce genre de relation ne me correspond pas.

Je suis clouée dans un éternel manque de satisfaction, avec une idée précise de ce que je veux et de ce que j'attends de mes relations amoureuses. Personne ne semble tenir la torche capable d'alimenter le feu qui brûle en moi. Ou du moins, c'est ce que je croyais avant de le rencontrer lui. Il a réveillé cette flamme et la fait vivre avec une ferveur inouie."

- CYAN!

- TA GUEULE!

La porte de ma chambre s'ouvre à la volée et il se présente à moi, sans prendre conscience du désenchantement constant qu'il traine derrière lui et me renvoie en pleine figure dès que mon regard croise le sien.

Comme à son habitude, il ne vêtit qu'un bas de jogging sans prendre la peine de dissimuler son torse nu, qui tente tant bien que mal de dépasser le stade de la puberté, vu la petite touffe de poils ridicule qui habille son thorax. Je me demande comment il réagirait si je me mettais soudainement à me trimballer les seins à l'air dans l'appartement.

- Cyan? Répète-t-il, cette fois-ci plus doucement.

- Ta gueule, je bosse là. Tu peux pas frapper aux portes, comme tout le monde? Ta maman ne t'as pas appris la politesse quand tu étais petit?

Étrangement, cela suffit à le faire rebrousser chemin et quitter ma chambre. Puis, deux coups forts sont donnés sur la porte -assez violents pour réveiller mon pauvre Lupin qui somnolait sur mes cuisses, et mon exaspération se transforme en irritation. Il le fait exprès, ma parole.

Je n'ai déjà plus une minute à moi depuis que je travaille à la librairie, mais si je dois en plus me coltiner cet abruti lorsque je rentre chez moi, j'ai meilleur temps de me flinguer ou de le flinguer lui. Non, mauvaise idée, Jai est trop attachée à lui.

Je me lève et ouvre la porte. Surprise! Il s'agit de Shannon Leto!

- Qu'est-ce que tu veux?

Je ne peux pas dissimuler l'immense colère quand je regarde sa tête; et il ne me dégoûte pas, certes, mais il est loin de mes propres goûts. Et bon dieu, qu'est-ce qu'il peut être con. Si Jai l'a choisi lui plutôt qu'un autre, c'est qu'il doit avoir sur elle l'effet d'un calmant, d'un paracétamol ou d'un dildo. Ou peut-être qu'il satisfait ses besoins les plus sombres.

Vu son niveau de stupidité, j'espère qu'au moins, il la comble sexuellement parlant.

- Profiter que Jai soit au boulot pour te parler.

- Mais j'ai pas envie de te parler moi.

Je me rends parfaitement compte que mon comportement reflète celui d'un enfant, mais je n'y peux rien. Quand il s'agit de ma meilleure amie, je peux me montrer d'une possessivité et d'une puérilité sans limites.

- T'en as pas marre de réagir comme une gamine? Lâche-t-il brusquement, abandonnant son calme loin derrière lui.

- C'est pas plutôt ta queue qui réagit comme celle d'un ado?

Un point pour Cyan, Shannon battu par k.o. Au fond de moi, je sais très bien que cette remarque est blessante. Ce n'est pas seulement une histoire de cul, Jai me l'a bien fait comprendre. Je ne suis pas jalouse, je suis juste effrayée qu'il me l'a prenne et l'emmène loin de moi.

De trop nombreuses fois, cette peur m'a prise au ventre pour des raisons différentes, mais avec lui, je sens que cette possibilité peut se réaliser à tout moment. Je ne suis plus réellement seule, Dan est à mes côtés. Pourtant, ce sentiment d'abandon me traquera et m'achèvera, pour sûr.

Une chose est certaine, Jai ne m'a pas menti sur cet air de chien battu contre lequel elle ne peut rien faire.

- Tu m'énerves, je reprends. Tu débarques ici et tu établies tes propres règles. Tu la gardes pour toi, tu la monopolises et...

- Donc c'est juste de la jalousie? Conclut-il.

- Tu connais la possessivité?

- Dans les films d'horreur?

- La possessivité, pas la possession, espèce de con!

- Ah.

- J'ai toujours été possessive, surtout en amitié. J'ai tellement peu confiance en moi et que j'ai peur que quelqu'un de mieux, de plus drôle, de plus intelligent, me prennent les personnes qui me sont chères. C'est exactement ce que tu fais. Tu réussis où j'ai échoué, tu brilles de par ta présence à ses côtés, tu la maintiens en vie plus facilement que je n'ai jamais pu le faire. Ce n'est pas de la jalousie, abruti, je t'envie c'est tout.

Après cette étonnante révélation, nous restons silencieux. Lui, perturbé, mal à l'aise, regardant à droite et à gauche, et moi admirant le magnifique plancher sur lequel je marche jour et nuit depuis x temps. Ceci étant avoué, je vais repartir dans mon monde, écrire ou lire des yaois, emmitoufflée dans mes draps, loin de cette ambiance des plus gênantes.

Heureusement que Jai n'est pas là pour assister à ce désastre, elle serait certainement pliée en deux, hilare, et nous regarder lancer et recevoir des piques chacun notre tour, tels deux joueurs de tennis.

- Bon, sur ce.

- Attends...

Il n'a pas le temps de me retenir que Lupin s'interpose entre nous; le museau retroussé, tout crocs dehors, l'air menaçant du haut de ses six mois. Il lui jappe dessus, ce qui oblige Shannon à reculer, plutôt amusé de la situation.

- Quand Lupin t'appréciera, et seulement à ce moment là, peut-être que j'envisagerai de m'intéresser à ta piètre personne. D'ici là, apprends à t'habiller, t'es pas chez toi ici, et honnêtement voir tes tétons d'aussi près me mets mal à l'aise.