Bonus Shannon [2 ans avant Jai]:

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Jared pousse un hurlement de joie et passe une main dans ses cheveux longs en bondissant partout comme une gamine, vêtu d'un legging aux couleurs de notre bannière étoilée et d'un débardeur qui ne lui couvre même pas les tétons.

Tomo, amusé et exaspéré, laisse tomber sa tête sur le piano, qui émet un plonc disgracieux, me faisant grimacer. L'horloge indique quatre heures du matin, je vais pouvoir rejoindre mon lit.

- WOUP WOUP grand frère! Encore un morceau de fait! Crie-t-il en me sautant sur le dos.

Puis il pousse un cri de douleur quand je cogne accidentellement sa tête dans le linteau de porte.

- Outch, j'ai tellement mal au dos, gémit-il.

- Bah tiens, ricané-je. T'avais qu'à pas lire le kamasutra à l'envers, t'aurais eu les positions basiques et t'aurais pas le dos en vrac.

Néanmoins, je prends soin de le poser doucement sur son lit, parce que je sais qu'il a vraiment mal. Il souffre en quasi-permanence, ces derniers temps. Il travaille trop, et il ne peut même pas aller faire de la randonnée ou de l'escalade pour se défouler.

- Tu pourrais attendre que je sois parti avant de faire ça, grimacé-je en le voyant nu.

Je lui balance son pyjama et l'entend rire doucement alors que je me dirige vers ma chambre. Il redescendra très probablement dormir par terre, mais je suis trop fatigué pour faire autre chose que m'écrouler sans me déshabiller.

Trop de travail entre ce nouvel album, les tournées et Black Fuel. Surtout que je déteste être en studio pour enregistrer.

- Salut toi, chuchote-t-elle en me pinçant la joue avant de m'embrasser. Comment a été cette session au Lab?

- Longue, grogné-je en l'attirant contre moi.

- J'ai de quoi te détendre, sourit-elle.

Je retrouve la douceur de sa peau contre la mienne et ses courbes ennivrantes. Les mains crispées sur ses hanches, je crispe les paupières et lâche un juron en entendant mon téléphone. Toujours au mauvais moment, putain!

- Ne répond pas, gémit-elle.

Mon pelvis frappe contre le sien quand je m'enfonce fort en elle en grognant. Le téléphone insiste. Je sais que c'est Jared, parce qu'il fait exprès de remettre à chaque fois la sonnerie des barbapapa pour que je sache que c'est lui. Surtout pour m'humilier en public, je pense. Ca l'amuse.

- C'est mon frère, dis-je. Je dois répondre.

Je saisis mon portable et décroche sans cesser de marteler au fond de cette femme qui me rend dingue. Une main sur sa bouche pour l'empêcher de faire du bruit, elle redouble d'ardeur, envoyant tout le reste de mon sang dans ma queue.

- Tu baises, hein? Ricane Jared. Je t'appelais juste pour te faire chier! Allez bye grand frère!

- Va te faire foutre, grogné-je.

Je me concentre à nouveau mais je n'ai soudainement plus de motivation. Elle y met pourtant tout son coeur et son entrain, mais je la repousse sur le côté et m'enferme dans la salle de bain. Les mains crispées contre le rebord du lavabo, je jette un oeil à mon reflet, couvert de frissons à cause de la sueur.

- Tout va bien?

Je souffle et me pince l'arrête du nez. J'ai besoin d'être seul. J'étouffe. Je suis sur le point de rupture, cette ligne que je m'efforce de ne pas traverser.

On me demande trop de choses, on ne me laisse jamais un seul instant pour respirer, et je ne peux pas toujours être le Shannon qui porte son masque souriant. Je ne peux pas être toujours bienveillant alors que je voudrai juste crâmer l'humanité entière.

Je dois passer un long moment dans la salle de bain, parce que c'est ma mère qui se met à toquer à la porte.

- Shannon, est-ce que tu vas bien, chéri?

Sa voix est douce, comme d'habitude, mais voile à peine l'inquiétude. Merde. Je me relève, ceint une serviette autour de ma taille et balance la boite orange de pillules dans la pharmacie.

Ils ne doivent pas savoir. Jamais.

Mais ils s'en rendront compte, tôt ou tard. Ils essaieront de m'en sortir, comme toujours, et je vais les repousser un moment jusqu'à accepter et m'en tirer. Jusqu'à la fois suivante.

C'est le seul moyen de faire redescendre le stress, monté à un niveau dangereux. Je gère très mal mes émotions. Tout part toujours en vrille dans ma tête, et les gens pensent juste que je suis un peu renfermé. Mais je suis timide et sujet à l'anxiété.

Et je dois faire attention à mon comportement, parce que ma précédente arrestation date d'il y a seulement deux ans, et j'en ai marre de me taper des travaux d'intérêts généraux et quinze mille dollars d'amende pour des conneries.

- Ca va, maman, dis-je en sortant. On ne t'attendais pas. Il y a un problème?

- Ai-je besoin d'avoir un problème pour venir voir mon grand fils?

Elle ressort de mon dressing avec des sous-vêtements et un pyjama, qu'elle me tend. Ses yeux sont tristes, et je m'habille rapidement avant de me glisser au lit, et ma mère me borde soigneusement avant de serrer ma main dans la sienne.

- Ca ne va pas fort, hein? Risque-t-elle.

Je détourne les yeux. Elle a peur de moi, peur de celui que je suis quand je préfère fuir pendant des jours plutôt que d'assumer.

- Je suis juste fatigué.

- Tu sais que tu peux compter sur nous, n'est-ce pas mon chéri?

Oui, je sais. Ils sont toujours là pour moi. Mais pour le moment, je veux juste être seul, à ruminer des sales souvenirs qui ne me feront aucun bien. Je déteste ne pas avoir de contrôle sur mon passé.

- Tu reprends des anxiolytiques?

Je ne prends pas la peine de répondre. Elle le sait déjà. Je prends deux fois ma dose.

- Tu veux que j'appelle Tomo, Travis et Jared pour qu'on sorte un peu? Ou on pourrait prendre des vacances en Europe, pour te changer les idées?

- Bonne idée, dis-je sans entrain.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant