Chapitre 33 [Jai]:

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- C'était sûr, ahaha! S'exclame Cyan.

- Tu veux peut-être aussi un mégaphone pour le crier sur tous les toits? Grincé-je des dents. Concentre-toi sur ton saucisson!

Je jette un regard en coin à Shannon et Dan, qui discutent sur le canapé.

- La vie est trop courte pour enlever la peau du saucisson, clame-t-elle.

Deux secondes plus tard environ, elle se retrouve avec l'index sous l'eau, pestant à voix haute contre ces couteaux qui ne coupent que quand il ne faut pas. Je hurle de rire sans faire mine de l'aider, et les garçons ont l'air dépité.

- C'était comment? Chuchote-t-elle. Il a le même Letoconda que son frère?

Je manque m'étouffer et faire une crise cardiaque en avalant de travers mon café. Je suffoque, tapant du poing sur la table, crachotant comme une tuberculeuse, sans pouvoir trouver mon souffle.

- Merde, Jai! Ca va? Crie Shannon en tapant dans mon dos.

- Plus jamais... tu me... fais ça, petite... pute albinos! Dis-je en toussant.

Cyan ricane.

Le reste de la journée passe sans autre incident, et par peur de m'attirer les foudres de je ne sais qui là-haut, nous n'avons plus mentionner le Letoconda. Nos commérages se sont arrêtés au fait que nous n'avons vraiment pas à nous plaindre.

Une fois qu'elle est partie avec Dan et Lupin, je prends un instant pour contempler Shannon, qui lit le journal, l'air concentré.

Demain, il rejoint Tomo à l'aéroport, et je lui ai dit qu'on ne se verrait pas tant que son ami sera là. Je regrette déjà, mais je crois qu'un peu de séparation ne peut pas nous faire de mal. En plus, je bosse sans relâche.

- Je veux prendre un bain avec toi, déclare-t-il soudainement.

- T'as vraiment des spasmes, hein... On t'as jamais dit qu'il ne fallait pas faire peur aux gens?

- Oh, et qui est cette tarée qui pense amusant de se cacher derrière chaque porte pour me faire peur?

- Pas moi.

- Non, bien sûr que non.

J'aime bien cette habitude qu'on a de s'envoyer des vannes ou de se parler avec brusquerie... Avec lui, je me sens normale. Il ne me regarde pas comme si j'étais uniquement cette dépravée suicidaire, il me regarde comme la fille que je suis; bizarre, renfermée, exubérante.

Il m'attire à lui et m'embrasse avant de me conduire à la salle de bain, où un nouveau chibre orne le miroir. Il faudra vraiment qu'on arrête ça, les invités nous prennent pour des folles nymphomanes.

- Et qu'est-ce que tu vas lui répondre? S'amuse Shannon en remplissant la baignoire.

Je saisis le velleda à tableau blanc et écris Blow me. sur le reste du miroir. Une vraie poésie. Je ricane et me débarrasse de mes vêtements, en essayant vainement de ne pas regarder dans la direction des planques de mes lames.

Pas ce soir, Cat. Je vais bien. Fous moi la paix. Je ne veux pas jouer.

La baignoire déborde quand on s'installe dedans, et la seule chose que je pense, c'est heureusement que c'est du carrelage. Je ne suis pas pudique, mais je remonte quand même mes genoux sur ma poitrine pour y poser mon menton, face à Shannon.

Il est beau, trop beau. Nous ne sommes pas à équité, et je ne le mérite pas. Et je ne sais pas pourquoi il est là, avec moi, qui ne lui arrive pas à la cheville.

- T'es encore en train de le faire.

- Quoi?

- Quand tu réfléchis, c'est pire qu'observer le fonctionnement d'une montre. Qu'est-ce qu'il y a?

- Rien.

Il m'attire à lui, et me plaque contre son torse. Sa peau est tiède et humide, et il passe ses chevilles sous les miennes pour écarter mes jambes, laissant ses doigts vagabonder sur ma peau.

- Pourquoi je te sens distante, alors?

- Je suis là, Shan, dis-je en fermant les yeux. Tu poses trop de questions.

Je veux surtout qu'il arrête de lire en moi comme dans un livre ouvert, je veux garder une distance entre lui et moi, un mur, qu'il est pourtant déjà en train de défoncer.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant