Chapitre 84 [Jai]:

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- Contente? Demande Cyan avec un sourire en coin.

- Je vais me chier dessus, dis-je en retour. Meuf, je vais à Los Angeles, bordel!

- S'il te fait quoi que ce soit, je me ramène direct pour lui casser la gueule. Je rigole pas, Jai d'urine.

Je lui lance un doigt d'honneur et nous ricanons comme des débiles, ce qui a pour effet d'atténuer un peu mon stress. Je n'y crois toujours pas. Ils ont manigancés derrière mon dos! Et ça me fout les boules parce que Shan doit payer une somme horriblement chère rien que pour l'avion. Je me sens comme s'il m'achetait pour m'avoir auprès de lui, comme une possession.

Et une autre partie de moi fait la danse du ventre en criant des paroles incompréhensibles parce que je vais aller dans sa maison, avec lui, et qu'il m'a dit qu'il m'aimait!

De retour de notre balade, je sors ma valise noire, qui prenait la poussière sous mon lit. On en a fait du chemin, elle et moi. Qu'est-ce que je dois prendre? Pour combien de temps?

Est-ce que ça va me plaire? Et si je ne trouve pas ma place? Ou qu'on finit par ne plus s'entendre?

- Tu es très sexy, penchée comme ça.

Je ricane, penchée dans le dernier tiroir de ma commode pour trier mes sous-vêtements et ranger mes chaussettes par deux, parce que je m'en tape totalement de ne pas mettre les mêmes.

- Il fait chaud comment, là-bas?

- Pas encore assez pour se baigner dans l'océan, mais assez pour la piscine. Prévois un maillot, des manches courtes et tout.

L'océan. Je rêvasse un peu, impatiente de découvrir les vagues et l'étendue mouvante dont je suis dingue. Je n'ai vu qu'une seule fois la mer... Au cours d'un périple dingue avec Ethan.

Tard dans la soirée, il me serre dans ses bras alors que je joue à la DS, somnolant. Il sent la lessive, parce qu'il m'a servi de porte-linge pendant que j'étendais nos vêtements.

- Merci, Shan, chuchoté-je.

Je l'embrasse, ses lèvres sont douces. Mes sens sont en éveil contre son corps. Je ne peux pas dormir, angoissée à l'idée de ce long voyage qui nous attend.

Et sa mère? Est-ce qu'elle sait que j'existe? Je suis vraiment angoissée à l'idée de la rencontrer un jour. Va-t-elle me juger assez bonne pour son fils?

- Jai?

- Mmh?

- Je te laisse le choix, mais j'ai adopté un chiot. Il est arrivé aujourd'hui et je le récupérerai chez ma mère mercredi. Tu veux emmener Boo ou le laisser ici?

Je pose ma console, surprise. M'a-t-il évoqué un jour sa décision de prendre un chien? Oui, une fois... Et encore, il a dit "un compagnon à me présenter". Je ne sais pas comment tout ça va être, mais Boo va terriblement me manquer. Quelle maitresse serai-je en l'abandonnant? Il l'a déjà été, le pauvre.

- Je peux vraiment l'emmener? Ca ne va pas te déranger?

Il rit un peu contre mon cou en cherchant derrière lui pour trouver son téléphone. Sa lumière nous aveugle quelques secondes, puis il affiche la photo d'un chiot husky, de la même couleur que Boo.

Je lance un ooooooh attendri que seuls les animaux et les bébés m'arrachent. Cette petite boule de poils est déjà une partie de ma vie, et j'ai hâte de le voir.

- Ils se tiendront compagnie, et j'ai un terrain assez grand. Il s'appelle Arès et il a quatre mois.

Deuxième oooooh. J'arrive pas à croire que Shannon ait adopté un chiot, même si je sais qu'il a l'habitude des animaux, puisque sa mère a déjà cinq chiens.

- Pourquoi Arès? Demandé-je.

- C'est le nom d'un dieu, je ne me rappelle plus si c'est latin ou grec, mais c'est le dieu de la destruction... je crois.

Je ris un peu. Arès, ça me plait. De toute façon, c'est le choix de Shan, pas le mien. Tout comme il n'a pas critiqué le nom de Boo Radley, tiré de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.

Je repense à ce qu'il m'a dit, quelques heures plus tôt, et mon coeur s'emballe. J'aimerais lui dire aussi. Mais tout se bloque dans ma gorge quand j'essaie. Ca me parait faux, tiré par les cheveux.

Mais j'aime Shan.

Et le dimanche passe dans cette frénésie. Je continue à entasser des affaires dans ma valise et dans mon sac à dos (que je vais garder avec moi dans l'avion), et Shan passe son temps à récupérer les affaires qu'il a semé dans l'appartement.

Je crois que je suis plus angoissée pour mon chien que pour moi. Va-t-il supporter le vol, dans sa cage et dans la soute? Est-ce qu'il arrivera à bon port?

- Tu réfléchis trop, soupire-t-il. Tout va bien se passer. Maintenant, dors un peu. On doit être à l'aéroport dans trois heures.

Trois heures que je regarde défiler lentement, à un rythme de torture. Puis il faut se lever, fatiguée, déjeuner et prendre tous les affaires et convaincre Boo de sortir, alors qu'il veut juste continuer à dormir. Les Husky sont insolents.

- Tu m'appelles via messenger quand tu arrives, hein? Demande Cyan, en pyjama. Tu n'oublies pas!

- Promis.

- Et toi, Chat-non, fais bien gaffe. Je t'ai à l'oeil, et je n'hésiterai pas à broyer le Letoconda si tu fais le con!

Je ricane, la serre dans mes bras et salue Dan, tout ensommeillé, avant que nous sortions dans la nuit, direction Heathrow. Cyan me manquera.

- Les passagers du vol AF4135 à destination de Paris-CDG sont priés de se présenter aux portes d'embarquement.

- Ah, c'est nous, s'exclame Shan.

- On va à L.A, pas à Paris. T'as vraiment le cerveau crâmé par le manque de sommeil!

Mais il me tire jusqu'aux portes, excité, en m'annonçant qu'on fait un détour par la France, et je sens mon corps entier se transformer en glaçon. Le traitre.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant