Chapitre 23 [Jai]:

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Combien de fois ai-je pensé que Shannon me manquait au cours de cette semaine? Des milliers.

Je me déteste. Bordel, mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi?! Un jour, on se rapproche jusqu'à être sur le point de coucher ensemble, et deux jours plus tard, on s'engueule comme des chiffonniers. Je n'aurais pas dût boire autant, ni le repousser si sévèrement, ni répliquer par des trucs vaches.

On a vraiment l'alcool mauvais. Et par la suite, j'ai passé le reste de la nuit chez Josh et Eliott, à fumer des joints et à rire de tout. Ils sont supers... et gays. Alors, je ne vois pas pourquoi Shannon a été si jaloux l'autre nuit, quand il m'est tombé dessus alors que je promenais les chiens.

Jai: Café?

Je me ronge les sangs en attendant sa réponse, tout en glissant des paroles sympas aux gamins de l'hôpital. Ils m'aiment bien, maintenant qu'ils se sont habitués à ma présence. J'ai essayé de toutes mes forces de ne pas m'accrocher à eux, mais trop tard.

Ils me font des dessins que je garde précieusement, des bracelets que je porte religieusement. Ce ne sont que des enfants... ils me rendent triste et nostalgique, mais font battre mon coeur puissance mille quand ils rient.

Ils me rappellent atrocement ce que j'ai perdu.

Shannosaure: je viens te chercher.

Je dois avoir un sourire stupide aux lèvres en finissant ma journée, parce que les infirmières du service me font remarquer que je parais rayonnante. Mon cul... Enfin, peut-être que c'est juste mon subconscient qui hurle trop fort "OH MON DIEU ON VA VOIR SHANNON AAAAAAAAH".

- Hey.

Il me prend dans ses bras et me serre à m'en casser les côtes. Va vraiment falloir que je me reprenne, je ne veux pas tomber amoureuse ni quoi que ce soit du genre. Trop dangereux. Trop douloureux. Trop stupide.

Combien de fois ai-je été blessée et déçue?

- On va chez moi?

- Je te suis. Au fait, c'est bientôt Noel, va falloir te mettre à acheter des cadeaux!

Je ricane sous mon écharpe, manquant de glisser dans les escaliers. Je hais Noël, et puis, je n'ai pas beaucoup de cadeaux à acheter. Cyan, Shannon, Dan et Phil, et Ethan.

- Je suis sûre que t'es un sale gamin qui rêve de savoir ce qu'il va avoir!

- Ca veut dire que je vais avoir un cadeau? Sourit-il comme un enfant.

- Ca dépend si t'es sage ou non. Et j'ai pas envie d'y penser maintenant, c'est dans trois semaines.

Il s'installe dans le canapé et regarde le livre qui était sur la nouvelle table basse, et alors que je fais le café, je ressens le besoin de m'excuser... mais tout reste coincé dans ma gorge. Pourquoi est-ce si dur?

- C'est le frère, le tueur, dit-il.

- Quoi?

Il brandit le livre, fier comme un gamin.

- Heureusement que je l'avais déjà lu, putain, sinon je t'aurais étouffé avec!

- Tu finiras en prison...

- Le spoil est une circonstance atténuante.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire en lui tendant sa tasse, prenant place à côté de lui. Boo quitte son coussin et pose sa tête sur mes genoux, comme à chaque fois que j'ai de la nourriture dans les mains.

Cyan sort de la salle de bain deux minutes plus tard... avec Dan. J'éclate de rire sous leur gêne et me tourne vers Shannon, qui est concentré dans sa lecture, les sourcils froncés et les lèvres entrouvertes.

Avant de réaliser ce que je fais, je suis en train d'enfoncer mon index dans sa joue, à plusieurs reprises, avant qu'il ne me saisisse le poignet.

- Sale gamine...

- Blabla... Ricané-je. Tu piques, faut te raser.

- Blabla... M'imite-t-il d'une voix geignarde.

- Bon, les enfants, crie Cyan. On se calme. On se fait soirée pâtes?

- Pâtes au beurre? Crie Dan.

- Pâtes, pâtes, pâtes, pâtes au beurre, hurlé-je à mon tour.

- PÂTES AU BEURRE! Termine Cyan en hurlant de rire.

Comment expliquer que l'homme a côté de moi fait semblant de vomir avant de s'écrouler sur le tapis pour montrer à quel point notre comportement puéril l'exaspère?

Dans ma chambre, j'écoute Shan jouer un morceau sur ma guitare pendant que j'envoie un mail à Ethan, en France. Avant que je ne parte, il était mon pote de galère. Comme moi, il a réussi à se sevrer, et comme moi, il tente vainement de vivre.

Et en fin de soirée, je me retrouve dans les bras de Shan, protégée de la terreur par nos vêtements... Mais je ne ressens rien de négatif, ni de positif.

Juste que je suis à ma place, là où je dois être en ce moment même.

- Tu m'as manqué, sale gamine, dit-il.

- Tu m'as manqué aussi, sale vieux.

Et j'essaie tant bien que mal de cacher mon sourire stupide, alors que je le serre dans mes bras sous l'oeil jaloux de Boo, qui se retrouve encore sur le tapis.

Course Contre La VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant