Mon soldat [Terminée]

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La nuit est déjà tombée lorsque Noham se gare devant la résidence des Williams. Après s'être inspecté une dernière fois dans le rétroviseur, il ouvre la portière de sa voiture, attrape sa sacoche, et se lève pour sortir. Aussitôt, le vent s'engouffre dans sa chevelure brune, réduisant à néant les efforts qu'il avait faits devant la glace. Il s'arrête un instant devant la maison, pour mieux la contempler. C'est une villa moderne, aux murs blancs, qui évoque la neige. Le bâtiment est si grand que Noham doit se dévisser le cou afin qu'il entre entièrement dans son champ de vision. Il semblerait même qu'il y ait une piscine. Tout ce luxe et cette immensité ne font qu'augmenter son mal-être.

Il se poste devant le portail qui cerne la villa, réajuste sa cravate et se recoiffe à la va-vite, avant de poser son index sur le bouton d'une plaquette métallique. Il n'a pas à attendre longtemps avant d'entendre une voix surgir de l'interphone.

- Allo ?

- Bonjour, c'est Noham El Fassi. Je viens pour l'entretien d'embauche.

Aussitôt, un bip se fait entendre, et le portail s'écarte lentement, dans un chuintement assourdi. Il rentre à l'intérieur du jardin, non sans regarder partout autour de lui. En plus de la piscine, les Williams possèdent également un terrain de football et une aire de jeux, qui est aussi fourni qu'un parc pour enfants. Il n'a pas le temps de regarder davantage, car les grandes portes de la maison s'ouvrent à la volée sur un homme à la chevelure poivre et sel. Il lui fait signe de rentrer à l'intérieur, et Noham s'exécute donc, non sans sentir son pouls s'accélérer.

- Bonjour, Noham El Fassi, c'est bien ça ? le concerné fait oui de la tête, et les deux s'offrent ensuite une solide poignée de main. C'est un homme trapu, qui semble avoir dans la quarantaine. Des rides se sont formées avec l'âge, et il se tient d'une telle manière qu'il semble être fatigué. Mais ses yeux bleus pétillants semblent avoir gardé toute la vigueur de sa jeunesse.

Le propriétaire des lieux emmène Noham dans la vaste pièce à vivre, qui s'accorde à merveille avec l'élégance de la villa. Il fait asseoir le jeune homme sur un sofa, et l'homme prend place juste en face de lui, sur l'un des canapés.

- J'ai bien cru que vous ne viendrez jamais ! lance l'homme en riant joyeusement.

- Excusez-moi pour le retard. J'ai ...

Il s'apprête à développer en expliquant qu'il s'était trompé d'adresse, mais il se retient au dernier moment, de peur de donner une mauvaise impression sur lui.

- Il y avait beaucoup d'embouteillages, sur la route.

Monsieur Williams balaie son excuse du revers de sa main.

- Il n'y a pas de soucis, tant que vous restez ponctuel à l'avenir. Il pose ensuite un carnet sur la table basse qui le sépare de son interlocuteur, dévisse le bouchon d'un stylo et demande : bien, quel âge avez-vous ?

- Dix-neuf ans, monsieur.

S'ensuit une longue série de questions-réponses sur Noham : ses études, ses expériences, ses compétences, ses centres d'intérêt. Tout ce qu'il avait déjà marqué sur son CV mais qui, pour une raison qu'il ignore, a besoin d'être répété. Monsieur Williams note au fur et à mesure les informations qu'il reçoit, sans commenter sur quoi que ce soit.