Mon soldat [Terminée]

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À peine Noham et Alicia franchissent l'embrasure de la porte d'entrée que John Williams se rue vers eux pour venir serrer sa fille dans ses bras.

- Alicia ! s'exclame l'homme, soulagé. Nous nous sommes fait un sang d'encre, ta mère et moi ! Où étais-tu passée ?

- Papa tu m'écrases ...

Lorsqu'elle se desserre de l'étreinte de son père, elle croise les bras et vient regarder le bout de ses escarpins.

- Alors ? demande John sur un ton moins chaleureux. Tu as perdu ta langue ?

Elle évite le regard de son père pour à la place lancer un coup d'œil furtif vers Noham, qui se tient en retrait.

- Ne fais pas la sourde oreille Alicia ! Tu réalises la gravité de la situation ? Il aurait pu t'arriver quelque chose !

- Mais il m'est rien arrivé, marmonne la jeune fille en triturant nerveusement son bracelet.

- Ton lycée m'as appelé cet après-midi pour me dire que tu n'étais pas en cours, puis Noham m'a appelé pour m'annoncer que tu avais quitté l'établissement, et qu'il n'arrivait pas à te retrouver ! Tu n'as donné de nouvelles à personne ! Est-ce que tu réalises la gravité de tes actes ?

- Quelle importance ? Regarde, je suis revenue saine et sauve ! Est-ce qu'on peut passer à autre chose maintenant ? Vous commencez tous à m'exaspérer !

John Williams pose deux doigts sur ses paupières, avant de secouer négativement la tête.

- Tu ne comprends rien Alicia. Aujourd'hui, c'est une fugue. Et demain, qu'est-ce que ce sera ? Tu peux me le dire ?

- Rien du tout ! s'énerve Alicia. Je ... J'ai juste passé une mauvaise journée. Et bon d'accord, j'ai gaffé. Mais ça arrive, non ? Me dis pas que t'étais parfait quand t'étais ado' quand même ?

- Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Je suis très déçu de toi, Alicia. Tu as dix-sept ans, et pourtant, tu agis toujours avec immaturité.

L'adolescente aux cheveux châtains lâche un rire sans joie.

- Ah parce que maintenant, il faut que j'agisse avec maturité ? Je croyais que j'étais qu'une enfant à tes yeux ? Pour toi, je suis toujours une gosse qui n'a pas le droit d'aller à des soirées, et quand ça t'arrange, il faut que je sois une adulte ?!

- Baisse d'un ton Alicia, et ne change pas de sujet ! s'écrie John avant de soupirer. Bon ... On reprendra cette discussion plus tard. Pour l'instant, il faut que vous alliez vous sécher tous les deux. Il faut que je parle un peu avec Noham.

Ce dernier, qui n'avait pas pris la parole jusque-là, s'avance vers son patron, et vient se placer aux côtés d'Alicia.

- Excusez-moi John, mais je pense qu'il vaudrait mieux que je m'en aille. Il est bientôt vingt-et-une heure et j'habite à une heure d'ici.

L'homme aux tempes grisonnantes lâche un petit rire avant de hocher la tête d'un air compréhensif.

- Non, ne vous en faites pas. Il se fait tard, et ce n'est pas très prudent de conduire à une heure pareille. Vous dormirez dans une de nos chambres d'amis, cela va de soi.

Le visage d'Alicia, qui était jusque-là renfrognée, s'éclaire aussitôt.

- Merci, mais je ne peux pas accepter. Je ...

- Vous en avez tant fait Noham, insiste son patron. Aujourd'hui, vous avez cherché et retrouvé ma fille. Vous avez fait des heures supplémentaires, alors que rien ne vous y obligeait. Je vous en suis très reconnaissant. Laissez-moi au moins vous héberger dans notre villa pour cette nuit.

Noham se gratte l'arrière de la tête d'un air gêné. Il meurt d'envie de retourner chez lui, mais il ne sait pas comment refuser la proposition de John Williams sans le froisser. Il tourne la tête vers Alicia, qui la supplie presque du regard. Il finit par céder.

- Bon eh bien ... D'accord, répond enfin Noham. Merci beaucoup.