Mon soldat [Terminée]

125

Noham rentre à l'intérieur de sa chambre, et ferme la porte en claquant. Son sang bouillonne, et son pouls s'accélère sous l'effet de l'adrénaline.

Ça n'a servi à rien que je parte.

Il ne sait plus ce qu'il fait, ne contrôle plus ses gestes. La chambre, qui est toujours si bien rangé en temps normal, subit la colère de son propriétaire.

Il va quand même l'envoyer dans une autre ville.

Il jette ses oreillers par terre, déchire le tissu d'un geste sec, faisant voltiger le rembourrage dans toute la pièce.

Il va quand même la faire souffrir.

Sa lampe de chevet s'écrase lourdement par terre dans un bruit théâtral, ses vêtements volent dans tous les sens, ses meubles tombent bruyamment sur le parquet ...

Il va continuer de lui pourrir la vie !

Il est sur le point de s'attaquer aux objets posés sur son bureau lorsque la porte de sa chambre s'ouvre à la volée sur sa mère Charifa, qui a sûrement été alertée par les bruits. Celle-ci écarquille les yeux en voyant la chambre de son fils dans un état aussi lamentable.

- Ya'iilhi ! Qu'est-ce que t'as fait à ta chambre Noham ?

Le concerné fronce les sourcils.

- Ne me regarde pas de cette manière ! s'exclame le jeune homme, sur la défensive. Je fais ce que je veux, d'accord ?!

- Qu'est-ce qui te prend mon fils ? Qu'est-ce qui s'est passé ? C'est à cause de ces deux filles que tu réagis comme ça, pas vrai ?

- Non, et mêles toi de tes affaires !

Elle essaye de poser une main sur son bras, mais il esquive avec justesse.

- Noham, pourquoi tu es en colère ? Ce n'est pas dans tes habitudes d'être agressif ...

- Pourquoi tout le monde me dit ça ?! Je ne suis pas parfait, d'accord ? J'ai le droit d'être agressif, je fais ce que je veux ! Personne ne va m'empêcher de faire quoi que ce soit !

Et là, il sort en trombe de sa chambre. Dans le couloir, il croise Khalid qui essaye de l'intercepter, mais Noham l'ignore en lui bousculant l'épaule.

- À quoi tu joues frangin ? s'exclame son grand frère.

Sauf qu'il est déjà en train de descendre les escaliers. Il sort de la maison, et remarque que Natacha et Tiffany ont disparu. Il passe par le garage, et monte sur son vélo qu'il n'a plus ressorti depuis des mois maintenant.

Le soleil est en train de mourir lorsqu'il se met à pédaler dans les routes désertes. Le ciel au-dessus de sa tête se fend d'un dégradé orangé, parant Noham d'une lumière dorée. Son cœur souffre le martyre, mais il pédale. Encore et encore.

Lorsqu'il y est enfin, il descend du vélo et le jette par terre, près des broussailles. Il marche un peu, et une fois qu'il le voit, il s'arrête enfin.

Le lac.

Les flammes du soleil se reflètent sur l'eau qui s'écoule. Noham s'avance jusqu'à la rive, et aperçoit sa silhouette déformée par les flots. Cette vue le tranquillise. Il fait le vide dans sa tête, et part chercher quelques cailloux. Lorsque ses mains en débordent, il les jette par terre sans ménagement et s'assoit sur la côte, face au lac.

Là, il s'empare d'un caillou et vient le lancer au loin. Il voltige quelques instants dans l'air avant de ricocher trois fois sur l'eau. Noham fait la même chose avec les autres cailloux qui jonchent la litière de la forêt. Le simple fait d'attraper le caillou, de le lancer, et de le voir rebondir sur l'écoulement limpide apaise un peu le jeune homme.