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Après avoir passé le seuil de la porte, la jeune fille ferme à clef. Ensuite, ils montent les trois petites marches qui mènent à la partie en hauteur là où se situent le lit à baldaquin, les tables de chevet et le bureau d'Alicia -. Noham a l'impression que la dernière fois qu'il a mis les pieds dans sa chambre remonte à une éternité. Rien n'a vraiment changé : tout est aussi grand, luxueux et féminin. La pièce est immaculée, et tout est bien rangé à sa place. Les majordomes sont visiblement très compétents, pour parvenir à garder la chambre d'Alicia intact.

- Dis donc, t'as une obsession pour ma maison toi, glousse Alicia. Chaque fois que tu viens chez moi, tu te mets à regarder partout.

- Je ne pensais pas que tu l'avais remarqué, répond Noham. Quand j'étais petit, je rêvais de devenir architecte. Et décorateur intérieur en même temps.

- Wow, fascinant, dit-elle sur un ton ironique.

Il l'attire doucement contre lui, et vient lui prendre les mains.

- Alicia, je ne comprends toujours pas pourquoi tu m'as fais venir ici. Je ne suis pas censé te revoir avant lundi.

Ses yeux verts brillent dans la lumière déclinante du soleil.

- Tu te souviens ... La semaine dernière, quand je t'avais dit que papa t'avait trouvé un remplaçant ?

- Oui, l'encourage-t-il.

- Eh bien ... Il craint ! soupire-t-elle en se détachant de Noham. Il est sérieux, beaucoup trop sérieux. Encore plus que toi. Il me parle juste pour me dire de me dépêcher, de faire ci, de faire ça ... Je comprends qu'il soit pas bavard, tu l'es pas trop non plus. Mais de là à m'ignorer à ce point !

- Comment s'appelle-t-il ? demande l'ancien militaire en arquant un sourcil.

- Pierre. M'en souvient plus de son nom de famille. Je crois qu'à cause de lui, j'ai vécu la semaine la plus ennuyante de toute ma vie ...

Noham fait semblant d'être soulagé.

- Tant mieux. J'avais peur que tu le préfères à moi.

Alicia pique un fard lorsqu'elle chuchote :

- Tu sais bien que ça sera jamais le cas.

Et ces quelques mots suffisent pour que l'ex-soldat oublie tout. Il oublie son statut, sa promesse de rester loin d'elle, le risque qui plane au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. Il oublie tout. Car durant quelques secondes, il ne veut plus se rappeler de rien : seulement de la douce sensation de ses lèvres contre celles de la lycéenne.

Mon soldat [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant