Mon soldat [Terminée]

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Le jeune homme reste un peu à discuter avec Layla, avant de finir par rentrer chez lui et de monter dans sa chambre. Là seulement, il se glisse sous la couverture de son lit et pose sa nuque contre son oreiller. La lune nimbe la pièce d'une lueur argentée, donnant aux murs une allure étrange.

Noham repense aux paroles du grand-père de Layla toute la nuit.

Il ne faut jamais avoir peur de laisser quelqu'un pour trouver le bonheur. Car si cette personne nous aime vraiment, elle ne se préoccupera pas d'être abandonnée. Elle sera heureuse de savoir que nous sommes heureux. Et c'est tout ce qui compte.

Il réfléchit longuement à sa situation. Il a abandonné Alicia pour que son père ne l'envoie pas dans un lycée inconnu. Il l'a laissé tomber pour qu'elle reste avec ses amis, pour qu'elle reste dans la villa où elle a grandi. S'il est loin d'elle aujourd'hui, c'est uniquement pour veiller à ce qu'elle soit heureuse.

Pourtant, il sait au fond de lui qu'elle est malheureuse. Vu comment elle et Noham se sont quittés le mardi matin. Vu comment elle était furieuse contre lui. Et pour Noham, c'est la même chose. Maintenant qu'il est rentré à Barault, il se rend compte qu'il a oublié quelque chose à Avinnet.

Son cœur.

Elle s'en remettra, pense intérieurement Noham. Elle trouvera quelqu'un d'autre ...

Noham finit par s'endormir. Le lendemain, il sort voir ses amis qu'il n'avait plus revu depuis longtemps, rentre chez lui le cœur brisé, se relève, démarre une nouvelle journée ... Et continue de vivre ainsi durant deux mois.

Les jours passent, et il s'efforce au mieux d'oublier cette fameuse adolescente à Avinnet. Sans y parvenir. Il croit la voir partout où ses yeux se posent : au détour d'une rue, dans une publicité à la télévision, derrière la vitre d'une voiture ... Si bien qu'il se demande si un jour il réussira à la faire sortir de sa tête. Tellement ça le rend dingue.

Un jour, alors qu'il joue à la Playstation avec Khalid, la porte de la chambre de son grand frère s'ouvre à la volée sur Charifa. Elle porte sur elle un tablier, et tient dans sa main un rouleau à pâtisserie en bois. Son expression montre qu'elle est complètement perdue.

- Maman ? dit Khalid en haussant un sourcil. Pourquoi tu fais cette tête ? T'as vu un fantôme ou quoi ?

Elle ignore sa remarque pour se tourner vers le benjamin de la famille.

- Noham, viens avec moi.

Le concerné dépose sa console par terre et se lève aussitôt.

- Il y a un problème ? demande-t-il.

- Discute pas. Et ferme la porte en sortant.

Il s'exécute donc. Une fois dans le couloir, sa mère pointe le sol du doigt.

- Il y a des filles en bas qui veulent te voir. Et je ne les ai jamais vues de ma vie.

- Des filles ? répète Noham en ne comprenant pas où elle veut en venir.

- Oui. Tu m'expliques ?

Le jeune homme fronce les sourcils.

- Je ne sais pas comment t'expliquer maman, parce que je ne vois pas de quelles filles tu me parles.

- Eh bien descend alors. Ça fait cinq minutes qu'elles sonnent à la porte, et elles ne veulent pas partir tant qu'elles ne t'ont pas parlé.

Cela intrigue grandement Noham, qui hoche la tête et descend les escaliers, laissant sa mère en plan. Il traverse le salon en grandes enjambées et une fois dans le vestibule, il ouvre la porte d'entrée.

C'est comme si cerveau se mettait à dysfonctionner. Il clique plusieurs fois des paupières, pour être sûr que sa vue ne lui joue pas des tours.

Là, juste en face de lui sur le perron, se trouvent Natacha et Tiffany.