Le jeune homme réfléchit à sa proposition. Il ne voit pas pourquoi il refuserait, car ce n'est pas comme s'il avait quelque part où aller. Il accepte donc, et les deux franchissent la petite clôture du jardin de la maison de Layla. Sans même se consulter, ils se dirigent vers la balancelle située près d'un pommier, et viennent s'y installer.
- On s'asseyait souvent ici quand on était petit, tu t'en souviens ? demande Layla. C'était après la sortie d'école. On prenait notre goûter, et on montait dans ma chambre pour jouer à Monopoly.
- Je m'en souviens, se contente de répondre Noham.
- C'était toujours toi qui gagnais. Quand tu voyais que j'étais triste, on refaisait une deuxième partie. Et là, tu faisais exprès de perdre pour me remonter le moral.
- Wow. J'avais vraiment le cœur sur la main.
La lune ronde et majestueuse scintille dans la pénombre. Il n'y a aucun nuage pour le dissimuler. Cependant, une étoile filante traverse le ciel, et le cœur de Noham se serre.
Ça lui rappelle cette nuit où il a embrassé Alicia pour la première fois.
- Je ne sais pas si j'ai bien fait d'aller à Avinnet, murmure le jeune homme. Des gens se sont attachés à moi, mais je les ai laissé tomber. Si j'étais resté à Barault, ils ne m'auraient jamais connu.
- De quoi tu parles Noham ? Ta mère m'as dit que ton patron t'a renvoyé car il n'avait plus besoin de toi.
Il tourne la tête vers Layla. Quelques-unes de ses mèches rebelles virevoltent dans le vent.
- Oui, mais je n'aurai jamais dû emménager à Avinnet. Je n'aurais jamais dû accepter ce poste chez les Williams. Je ne serais pas rentré dans leur vie. J'aurais évité de faire souffrir ces personnes qui me faisaient confiance.
La jeune femme arque un sourcil.
- « Ces personnes » ? De qui tu parles ? D'Alicia, la fille que tu surveillais ?
Il ne répond pas, ce qui le trahit. Layla hoche la tête, indulgente. Elle doit sans doute comprendre qu'évoquer le nom d'Alicia ne sert qu'à accentuer la culpabilité de Noham.
- Tu sais Noham, mon grand-père était un éternel altruiste. Comme toi. Il pensait sans cesse au bonheur des autres, il les plaçait en priorité avant le sien. Et il en a beaucoup souffert.
La jeune femme suit des yeux un petit papillon de nuit qui bat des ailes, à la recherche du halo lunaire qui sertit le ciel.
- Aux portes de la mort, il était terrifié à l'idée de laisser ma grand-mère toute seule à la maison. Il ne voulait pas qu'elle souffre de son départ. Il ne voulait pas l'abandonner.
Elle tourne la tête vers son ami d'enfance, et esquisse un sourire triste.
- Mais un jour, il a décidé de s'écouter. De se pardonner de ne pas être parfait, car personne ne l'est. Et il m'a dit quelque chose que je n'oublierai jamais : « Il ne faut jamais avoir peur de laisser quelqu'un pour trouver le bonheur. Car si cette personne nous aime vraiment, elle ne se préoccupera pas d'être abandonnée. Elle sera heureuse de savoir que nous sommes heureux. Et c'est tout ce qui compte. »
Noham en a le souffle coupé. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui sorte quelque chose d'aussi puissant. Les yeux noisette de Layla se sont assombris, mais elle garde son calme. Depuis le temps qu'il la connaît, elle a toujours fait preuve d'un sang-froid admirable. Elle a toujours gardé son chagrin pour elle, sa peine dissimulée pour ne pas attirer l'attention.
- C'est très beau, dit doucement Noham. Je suis désolé pour ton grand-père. C'était un homme bon, je sais que tu l'appréciais beaucoup.
- Merci Noham, mais ne t'en fais pas pour moi. C'est la vie. Je crois qu'il est enfin en paix avec lui-même, au paradis.
Il croit apercevoir l'ombre d'une larme sur la joue de son amie, mais celle-ci tourne rapidement la tête.
![](https://img.wattpad.com/cover/211355930-288-k548315.jpg)
VOUS LISEZ
Mon soldat [Terminée]
Novela JuvenilAlicia (dix-sept ans) aime un peu trop faire la fête, boire et fréquenter des garçons. Voulant la surveiller de plus près, son père engage Noham (ancien militaire de dix-neuf ans) en tant que garde du corps d'Alicia. Sous la consigne du père d'Alici...